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Quels sont donc
les éléments d'évaluation d'un salon dédié au livre ? La quantité de titres
vendus, le chiffre d'affaires réalisé ou le nombre de visiteurs ? A qui aurait
en finalité profité l'organisation d'un tel salon ?
A tout le monde. A chacun selon ses penchants, ses finalités et ses frustrations. Réellement il avait plusieurs acteurs derrière cette grandiose manifestation. Le propriétaire des lieux, l'organisateur et les locataires provisoires. Entre la SAFEX, le commissariat du Sila et les éditeurs, seul l'intérêt financier semble animer les uns plus que les autres. Les autres, lecteurs méditent du regard et de l'émission du soupir. Sans vouloir toucher à la majesté fondamentale de l'événement, l'édition cette fois-ci du Salon international du Livre d'Alger a été un moment fortement apprécié par ceux qui ont voulu en faire un lieu de villégiature, de détente et de loisirs. Les espaces extérieurs étaient en fait plus achalandés que ceux de l'intérieur. Les torts de la SAFEX Quand l'on voit des gens, familles et enfants assis sur les bordures et bords de trottoirs ou accroupis sur les marches d'escaliers, cela ne reflète pas la bonne prédisposition du possesseur du plais des expositions à vouloir depuis le temps améliorer les choses. Interdisant l'installation des terrasses de cafés ou de fastfood sans pour autant songer à faire suppléer ce déficit par des bancs publics et autres aires de repos, relève du déni des droits civiques. Le statut d'Entreprise publique à caractère industriel et commercial ne vous fait pas absoudre de vos obligations d'offrir, dans ce lieu par excellence public toutes les commodités nécessaires d'hygiène, de salubrité et de sécurité. Si cette dernière était largement visible et grandement assurée, il n'en demeure pas moins que les autres aspects, ont été carrément abandonnés. C'est d'une ardue aventure que de venir tout nigaud et naïf, espérant être à l'heure à un rendez-vous ou à une vente dédicace. Outre l'embouteillage et les interminables files d'attente d'automobilistes qui ne sont pas imputables en toute évidence au salon, demeure le souci du parking. Là, malgré l'apparence d'une organisation agitée, tout semble se stationner dans le dysfonctionnement, la force du muscle et l'audace à la persistance peu orthodoxe. . Pour un néophyte, arrivant à franchir le seuil, s'orienter à la Safex devient une autre épreuve à accomplir dans un dédale infini. Les écriteaux souvent plus ou moins bien placardés n'indiquent pourtant rien de précis. Ni le lieu des grands rendez-vous, ni les endroits des importants points du jour. Des minimes et gentils kiosques d'information auraient largement suffi à lever toute l'inquiétude de la géolocalisation qui transperce les yeux hagards de certains visiteurs et leur incertitude à emprunter tel chemin ou tel autre. Le Commissariat du Salon Le salon international du livre d'Alger est une circonstance formidable dans la mesure où il participe à la médiatisation de la production littéraire nationale ou étrangère. Il tient à aider les maisons d'éditions dans un travail supplémentaire de marketing qu'elles n'arrivent pas encore à maîtriser sauf par quelques panneaux d'une publicité timide à insérer dans certains quotidiens nationaux. S'il y a un mérite qui existe dans ce salon, c'est qu'il a mis en relief quoique timidement de nouveaux noms. Ceux à qui le monde de l'édition demeure un obstacle plus ennuyeux et pénible que l'œuvre elle-même. Par contre, il persiste toujours à faire seulement montrer les eternels modérateurs et animateurs privilégiés. Mettre à la disposition d'une auteure un véhicule avec chauffeur tout en étant prédisposé à lui payer les frais de séjour et d'hôtellerie et ne pas «inviter» Yasmina Khadra par d'exemple est un régime favoritiste. Les statistiques fournies par les organisateurs ne montrent que des chiffres sur le nombre des maisons d'édition, exposants, leurs nationalités. Il n'existerait aucun renseignement sous forme de bilan exhaustif et comparatif dressé au titre du salon précédent à part le taux de visite qui n'a pu batte le record de l'édition 2015. En fait l'on aurait aimé être informé sur le profil du visiteur de ce salon. Curieux, flâneur, lecteur accroc, revendeur, libraire, étudiant, sans emploi, femme au foyer? ? Son niveau, son rang, ses goûts, ses préférences ? Sa langue de lecture ? Le palmarès des «ventes» ? Enfin son intérêt, son amour pour la chose culturelle ? Ne citer parmi les visiteurs que quelques ministres en poste, semblant venir presque en mission commandée et omettre les autres n'est pas un oubli. C'est du zappage. Votre serviteur a eu l'honneur de rencontrer et de papauter avec beaucoup de ministres, de Walis ? qui ne sont plus en fonction et qui sont venus rafraichir leur bibliophilie. Entre autre Noureddine yazid Zerhouni , invétéré et fervent lecteur, Tahar Khaoua, Zoubir Bensebanne et bien d'autres personnalités nationales. Nonobstant l'institution d'un organe de communication, les deux poids, deux mesures continuent à faire ravage. Certains auteurs sont mis ostentatoirement en relief au moment où d'autres passent à la trappe, si c'est comme leur vente-dédicace n'est pas un centre événementiel enregistrable. Cependant, le Commissariat semble avoir fait un peu plus que l'année passée dans l'entretien du prestigieux héritage tendant à rendre hommage à des personnalités du monde culturel. Les vendeurs de pages noircies ou illustrées L'éditeur n'est forcement pas un promoteur. Entre lui et l'écrivain le fossé n'est fait que du nombre de feuillets, du bristol et de l'encre usitée. Ce folklore paginé ne profite qu'aux industriels de la barbotine alfatière. C'est un monde où se disputent l'art et l'intérêt, la gloire et le gain. Ainsi un amalgame vient chaque année pour s'instaurer dans l'idée génésiaque présidant à l'organisation d'une exposition commerciale. Le public est confondu. Enfants à la recherche de manuels scolaires, avec une croyance ferme qu'il pourrait s'agir là d'une kermesse à bas prix, se pressent en compagnie de mères dont le seul souci réside dans le seuil des prix. Derrière chaque livre se cache un éditeur une grosse imprimerie. Le plus gros de l'âme d'un livre ne se situe plus dans le fil romanesque qui l'anime mais bel et bien dans le vacarme des rotatives toussant de jour comme de nuit. Le réseau de distribution ressemble étrangement à celui qui se pratique dans l'agro-alimentaire. Les retards de livraison, les crédits à la vente, le défaut de paiement, le retour d'invendus font la même scène que s'il s'agissait de pomme de terre ou parpaings bitumeux. Ainsi, il est facile de croire qu'un livre quelconque n'est une affaire d'argent que pour son fabricant. Son auteur ne récolte qu'une infime réjouissance personnelle, parfois l'illusion d'une gloire éphémère. Si ce n'étaient le facebook et les quelques les rubriques culturelles de quelques rédactions, personne n'en saurait davantage sur tel ou tel auteur. Croyez-vous que pour être publié il vous faudrait du talent ? Le talent devra exister avant la germination du désir envers l'édition. Les éditeurs préfèrent, et c'est une légitimité, l'aspect commercial, loin de l'authenticité d'un travail intellectuel. Combien ceci va se faire encaisser s'exprime en dinars et non pas en audience. L'intercession en faveur d'un auteur à éditer ressemble tout aussi à celle à faire pour un logement social. En majeure partie ça reste une question de sous, parfois de service rendu. Il fut un temps où le temps était au monopole de l'unique société nationale d'édition et de diffusion (SNED) que de rares noms avaient pu émerger des presses politiquement grincheuses et parcimonieuses de cet organisme de l'Etat. Avec l'avènement de la démocratie, conditionnée dans son essence par la liberté d'expression, la chose exigeait l'ouverture du monde de l'édition. L'on ne peut jauger une liberté d'expression sans celle de l'édition. Alors des éditeurs capables et passionnés à coté d'autres cupides, fourbes et en vrac naissaient précipitamment. Dans le livre l'engagement est ailleurs. La bataille était un peu félonne entre un patriotisme économique qui n'avait que le nom et les gains générés par l'importation. Les taxes douanières devaient intervenir pour l'équilibrage du marché. Dans un autre cycle, l'ennui portait sur les éléments taxables ajoutés à la matière première devant servir comme produits bruts à la réalisation physique du livre. La ramette et la cartouche d'encre influaient le produit. Mais la ligne terminale du combat subsistait encore dans ce créneau jusqu'ici destiné à un service étatique : le livre scolaire. La dernière muraille d'un monopole difficile à se conserver devra s'écrouler par-devant l'appétence des imprimeries et la hargne de se faire le distributeur des manuels scolaires aux millions d'élèves et qui se calculent identiquement en millions d'exemplaires. Le morceau n'est que juteux. Le problème en somme n'est donc pas un cas d'édition. Ni encore de production. Il s'agit d'une absence manifeste d'acheteurs hormis de p'tits abrégés didactiques ou ludiques. En dehors d'une caisse et rarement d'une table de dédicace, l'éditeur s'affiche en un net commerçant d'un ensemble de pages noircies ou illustrées que l'on a par habitude de nommer livres. De surcroit ceux qui semblent vous convaincre et vous indiquer la bonne voie pour atteindre le paradis ou déguster un bon mets à cuisiner chez vous. Le sursaut culturel de Azzedine Mihoubi L'Algérie n'est pas dans le besoin de faire un «sursaut culturel». Elle doit le consolider. Celui-ci est entrain de se faire d'une façon ou d'une autre. Avec ses mérites et ses retords. Pour la simple raison que la culture n'est pas une agitation ou une simple entreprise occasionnelle où l'on vient, l'on débite un discours décharné et puis c'est tout. Elle n'est pas du tout un slogan, un roman ou une communication à lancer ou à présider à chaque circonstance. Le caractère le plus méritant reste d'abord dans la valorisation de ce grand patrimoine tout secteur confondu qui existe et demeure parfois en somnolence. L'Algérie produit de la culture, la consomme et encourage à le faire. «La culture se construit par la société et non par l'administration» disait un jour Mihoubi. C'est à ce souci de réappropriation de l'acte culturel, en somme qu'échoit au Ministère la mission du transfert. Si les acteurs du champ culturel d'entre artistes, poètes, auteurs, dramaturges, scénaristes et professionnels périphériques prenaient à bras le corps, la chose , il en serait autrement de la valeur à obtenir en la matière. Kateb Yacine n'attendait pas une subvention pour dire à «Mohamed prend ta valise» Mouloud Feraoun ne montait pas «les chemins qui montent» à travers l'aide d'un quelconque fonds. Ainsi en termes de livres, il incombe en permanence au ministère l'impératif de bâtir, loin d'une assistance handicapante et de la dépense publique, une politique générale du livre qui ne devra pas se contenir dans le «soulagement financier» de ceux qui créent matériellement le livre. Le fonds affecté à la promotion du livre doit dans le même sillage viser la stimulation à la lecture. Ceci ne sera possible que grâce à décentralisation de la foire internationale, l'implication du ministère de l'éducation en vue de booster le goût et développer la passion lectorale chez les écoliers. La mise en place en les multipliant, de prix culturel liés à la lecture est une piste à creuser davantage dans le me objectif. Ainsi le Ministre n'a pas cessé d'apporter sa propre touche à tout ce qui bouge dans ce monde culturel appelé à maintenir son bond. Outre l'obligation professionnelle du travail technique qu'il doit assumer pour la réhabilitation des sites, la préservation des monuments, grottes et autres repères nationaux historiques et tout ce qui s'en suit, Mihoubi donne du sien pour «soulager» les âmes culturelles souffrantes. Là où il part , il visite un créateur de culture alité, retiré, marginalisé, vieilli ou mis en difficulté. Il pratique poétiquement en parallèle l'art de savoir rendre les honneurs et les hommages à celles et ceux que les aléas de la vie, de la conjoncture ou les humeurs des chefs successifs les ont mis hors actualité. Sans l'artisan l'œuvre n'est qu'anonymat. En valorisant l'auteur, l'on apporte plus vertus et énormément de plaisir. Ainsi le grand et unique «sursaut culturel» ne s'accomplit que dans la joie à créer chez ceux qui le créent et chez ceux qui le consomment. Ainsi un geste honorifique s'élève tel un devoir républicain envers Athmane Ariouet monument de la comédie algérienne qui semblerait n'avoir pas eu l'honneur d'une quelconque reconnaissance ou gratification symbolique... C'est certain, qu'ils sont nombreux celles et ceux qui croupissent dans l'oubli et la désuétude. Donc que ce soit le livre dans sa définition de facteur véhiculaire d'une somme de savoir et de créativité ou toute autre activité culturelle , la Culture reste un fait de société. Non pas le résultat d'un décret ou d'une ordonnance présidentielle. C'est dans un projet consensuel d'ensemble que tous ensemble, devrons mener la conception et l'engouement vers un avenir culturel plus ouvert, pluriel, plus humain, cohérent et moins hostile. L'effort à fournir est si simple que d'attester le mérite à ceux qui le méritent et de promouvoir l'honneur aux bonnes volontés. Bonne lecture. |
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