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France : ces aspérités qui plombent une présidence normale

par Abdelhamid Boughaba (*)

A l'orée de l'année électorale qui pointe son nez et qui réveille bien des ambitions ridicules et inadaptées à la fonction présidentielle, les mots inutiles glissés sournoisement çà et là au détour d'une périphrase

ou d'une simple confidence rendent forcément désuets tous les discours positifs censés apporter les solutions adéquates à ces crises larvées à répétition qui traversent la société française et pourrissent la vie d'une communauté musulmane ghettoïsée, marginalisée et fragilisée à l'envi.

La parole liberticide à cet égard s'est musclée ces temps-ci en se libérant et pour cause: Marine Le Pen monte.... monte... et monte encore dans les sondages et les tocards de tous bords sans colonne vertébrale, représentants d'une classe politique dégradée et aux abois lui courent derrière avec des œillères et un discours ordurier tout en tirant la langue. C'est juste à qui mieux-mieux parmi ces amputés du cœur et de la raison, prétendants au pouvoir suprême, de pointer l'Islam du doigt pour en faire l'alpha et l'oméga de toutes les difficultés économiques et les tares civilisationelles et sociétales qui plombent l'hexagone. Les trois cinquième de cette minorité agissante qui se nourrie des mamelles d'un système verrouillé, prétentieux et inutilement arrogant empruntent à la « racaille » en exercice, embusquée au cœur même du pouvoir français, toute la panoplie du langage vindicatif et assassin des Zemmour, Finkielkraut, Menard et autre Bernard Henri Levy pour faire de la deuxième religion de France le problème cardinal des échecs répétés.

Angoisses d'une répudiation annoncée

Le locataire actuel de l'Elysée, poussé vers la sortie par les propriétaires des lieux, c'est-à-dire le vrai peuple de France, pour non respect du cahier des charges et des clauses du bail locatif qu'il a signé il y a cinq ans, est dans l'expectative, le déni, l'errance morale et les divagations prétendument intellectuelles. Un préavis de quelque mois pour vider les lieux lui a été signifié à travers la redondance des sondages les plus défavorables de la 5ème République qui titrent à moins de 4% de satisfaits. Il lui ait signifié clairement qu'il est devenu persona non gratta, inapte à diriger une nouvelle fois les affaires de la France. Quelle fin de règne misérable après avoir été porté par l'espérance « des sans dents », son expression méprisante favorite qu'il s'autorise pour qualifier en privé les pauvres, ceux là même qu'il a trahi sans remords au profit des puissances d'argent qu'il pointaiit dans son discours du Bourget du 22 janvier 2012 comme son « seul et véritable ennemi ». Quelle état de décomposition morale que celle de celui qui se définissait dans son anaphore du débat qui l'avait opposé à Sarkozy en 2012, « moi Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire ». C'est raté et bien raté Monsieur « Vous Président de la République ». Et vogue la galère avec le sieur François à la barre.

Vous deviez le savoir, Président, que si l'histoire peut porter quelqu'un au pinacle, elle peut également s'avérer terriblement implacable envers celui qui la trahie et trahi tous les siens en tournant le dos à ses promesses ou en dévoilant son véritable fond à travers des « confidences » nauséabondes commanditées et 61 rencontres avec deux journalistes attitrés, sensées le porter à la postérité. Raté encore mais cette fois-ci par mauvais calcul politicien soutenu par cette l'attitude du parvenu brut qui débarque de sa province lointaine et se trouve subitement en pleine lumière. Sinon comment expliquer la légèreté avec laquelle ce premier magistrat du pays considère l'appareil judiciaire qu'il préside comme étant « une institution peuplée de lâches » où « tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, se planquent et jouent les vertueux...». Prenant prétexte sur l'attitude de quelques footballeurs il généralise sa perception des banlieues en affirmant qu'ils « n'ont pas d'attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs» et les traite d'être « passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu'est le bien, le mal » allant jusqu'à affirmer en fin psychologue de la foire annuelle de Tulle et des vide greniers de Corrèze que « Moralement, ce n'est pas un exemple, Benzema ». Sont-ce là des paroles dignes d'un Président de la République Française qui se voulait rassembleur en 2012, reprochant à son rival Sarkozy d'être un être brutal et clivant? Au détour de cette phrase donc, l'histoire se fait un malin plaisir de souligner la fourberie de l'imposteur et les défaillances morales de son auteur.

Histoire d'une infidélité chronique

Ensuite pointer ces enfants des cités qui ont trouvé dans le sport l'unique voie qui leur donne accès à l'ascenseur social en forçant les verrous d'une société fébrile et blindée, faisant usage d'un talent qui ne peut mentir, c'est faire preuve d'un rejet viscérale de l'autre, celui qui vient d'ailleurs, dès lors qu'il refuse de raser les murs et qu'il s'impose en imposant sa voix pour prendre part à la vie sociale et politique du pays. Quelle méprise Monsieur le Président car ici on est bien en présence de citoyens à part entière aux talents confirmés, à la parole réfléchie et si fiers, aussi bien de leurs origines que de leur appartenance depuis plusieurs générations à la Nation Française qu'ils portent sur tous les stades au firmament de la gloire et qui ne reçoivent rien en retour, ou si peu comme le trahissent vos propos. Ils ont beaucoup plus fait pour le rayonnement de la France à travers les stades du monde entier que tout l'appareil diplomatique aseptisé et blanc teint en place. Serait-ce là la récompense qu'ils méritent, déjà que l'égard dû à leurs ancêtres qui ont donné leurs vies pour participer à la libération du pays à deux reprises ne leur est concédé à regret par les officiels que du bout des lèvres et à travers une pension discriminatoire et insultante?

Et en terme de moralité on ne peut affirmer que l'homme soit une référence en la matière surtout si l'on se rappelle qu'il fut, en sa qualité de Premier Secrétaire du PS, le principal artisan de la défaite de Ségolène Royal (sa compagne et la mère de ses quatre enfants) candidate à la présidentielle en 2007 face à Nicolas Sarkozy. Il n'est pas dit aussi que le quinquennat Hollande soit un exemple, partant de l'islamophobie confirmée du Premier Ministre jusqu'à l'apparatchik socialo-sioniste du coin planqué dans le pouvoir, qui a un avis sur tout, ou des bourgeois bohèmes du Café de Flore et leur paternalisme néocolonial condescendant. Certaines escapades nocturnes en scooter pour rejoindre la maitresse du moment peuvent être classées par ailleurs comme « un cours pour les nuls en matière de tromperie et d'infidélité » et ne peuvent en aucun cas constituer un gage d'honnêteté, une référence morale. L'histoire par ailleurs ne fera pas l'impasse sur les scandales financiers portant les noms de Ministres occupant des maroquins régaliens, tel que Jérôme CAHUZAC, ministre du budget ou à un degré moindre, Yamina BENGUIGUI, ministre déléguée, chargée de la francophonie et des Français de l'étranger.

C'est juste une encyclopédie du mépris qu'il aurait fallu écrire s'il fallait rendre compte de la « considération » que ce quinquennat a réservé aux « sans dents », aux démunis et aux populations des cités tout en établissant le parallèle avec ce qui fut cédé aux puissances d'argent et au Grand Patronnât.

Les soubrettes de l'Elysée et Matignon à Pierre Gattaz, Président du MEDEF, restent un cas d'école en matière de trahison envers ses propres troupes, les travailleurs et les pauvres de France. Les gouvernements les plus à droite de la Cinquième République n'ont jamais eu l'audace d'aller aussi loin dans l'arrosage du Grand Patronat et les entreprises du CAC 40. La trahison en politique existe bel et bien donc. Le quinquennat actuel en est la preuve.

Echec au résultat des courses

Une telle posture ne peut constituer une marque de déférence envers ceux qu'on considère après plus de six générations toujours comme les indésirables de ce pays. Bien au contraire elle sert de référence et d'alibi à l'émigré, prétendument berbère, Eric Zemmour (dont tout indique qu'il émarge sans se cacher sur les registres comptables d'une officine étrangère du Proche Orient plus que douteuse), à l'émigré italien de fraîche date Daniel Riolo (ce supposé chroniqueur sportif qui milite en faveur de l'extrême droite et voit en chaque footballeur d'origine maghrébine ou africaine un terroriste en puissance et un anti-français), à l'émigré rital Eric Ciotti qui rappelle étrangement par son attitude cette mixture du Parrain de la Camorra Napolitaine et de la Ndranghéta Calabraise (proposant à chaque fait divers un texte de loi antimusulmane qui accompagne une double peine spécifique et souhaite lever dans sa ville une milice sécuritaire) sans évoquer Robert Menard, le Zorro biterrois qui veut anéantir les cantines scolaires servant des repas hallal aux petits arabes, etc... La liste ne peut être exhaustive tellement que par l'air du temps et l'ambiance du moment, ce lâcher de fachos-racistes est patent et qu'il faudrait toute une armée de scribes et une bibliothèque entière pour répertorier leurs postures et consigner leurs saillies. L'ambiance qu'ils génèrent rappelle à bien des égard la montée des heures sombres du siècle derniers dans la France occupée où les exactions de l'armée coloniale en Algérie sous l'impulsion du gouvernement Mendes France et d'un certain François Mitterrand dont l'actuel François, Hollande en l'occurrence, lui a tenu longtemps la chandelle lorsque celui-ci officiait à l'Elysée. Comme c'est cruel de venir souligner en toute simplicité que l'histoire se met toujours à balbutier quand il s'avère impossible pour les sans morale d'ajuster leurs discours pompeux à des gestes emprunt d'élégance et de générosité plus en adéquation avec l'histoire et l'ADN de ce pays.

En avait-il tant besoin François Hollande de murmurer ainsi sans filtre à l'oreille de deux journalistes cinq années durant pour se donner une stature d'homme d'Etat ? La fonction en elle-même serait-elle devenue si insignifiante qu'elle nécessite le recours à des procédés peu recommandables afin de livrer son ressenti et le faire savoir dans le but d'agglomérer la sympathie du plus grand nombre et infléchir les tendances sondagières catastrophiques qui font de lui le président le plus impopulaire de l'histoire moderne de la France ? Nicolas Sarkozy ou Manuel Carlos Valls auraient-ils déteint sur lui au point de copier leurs usages du mépris, de la stigmatisation et des coups de menton afin de se faire passer pour un homme à poigne et gommer l'image de Président mollasson qui lui colle tant à la peau et lui va si bien. Tant de questions et bien d'autres encore en suspens, les unes plus dégradantes que les autres, ont fait écho à la publication par Gérard Davet et Fabrice Lhomme du livre intitulé « Un Président ne devrait pas dire ça » (Editions Stock 2016).

Cela à eu pour effet de faire réagir l'ensemble de la classe politique qui est encline à constater et affirmer que par ce biais, et après Nicolas Sarkozy, François Hollande à terriblement abîmer la fonction présidentielle en agressant violement l'ADN de la République. L'exemplarité prônait lors de sa campagne présidentielle de 2012 est plus proche aujourd'hui de celle du bonimenteur de souk que de la parole d'un chef d'Etat respecté et respectable. « Le capitaine de pédalo » comme s'amusait à le définir J.P. Mélanchon est en passe de couler le Paquebot France et d'emporter dans son désastre tous les espoirs et les avancées sociales et sociétales que les damnés de la terre de France et de Navarre ont usé deux siècles pour les mettre en place. Il n'y a pas pire désillusion pour les démunis que celle de réveiller en eux le sentiment de regret et de culpabilité d'avoir cru en l'homme, de l'avoir porté au firmament de la gloire pour qu'il les rabaissent aussi bas. En attendant, Marine Le Pen et Florien Filippo engrangent à tour de bras les déceptions et Eric Zemmour est conforté dans ses postures.

L'histoire retiendra que lui et sa mauvaise conscience, Manuel Carlos Valls, resteront comme les artisans incontestés de cette marche triomphale de la droite « décomplexée », sœur jumelle de l'extrême droite si chère à François Copé « fondateur de la secte des pains au chocolat », pour la conquête du Pouvoir, la réactivation du servage et de la soumission ainsi que ces tours de piste répétés en ferraillant tels des Don Quichotte de bandes dessinées, contre la deuxième religion de France et les populations d'outre périphérique..

Triste fin pour une présidence qui se voulait normale dès lors que ses propres troupes la lâchent en rase campagne et que les plus proches compagnons de routes, tels des Brutus, vous portent le coup de grâce. Manuel Carlos Valls, l'intrus de service, se dévoile porteur d'une ambition démesurée inadaptée à sa taille, à son discours et à sa vision du futur de ce pays dont il remet toujours en cause l'ADN de par la vision catalane indélébile qu'il porte au plus profond de lui même. Pire encore, Monsieur J. Y Le Drian et Michel Sapin, ministres actuel de la Défense et des finances, les plus fidèle des fidèles de François Hollande, sa première ligne de défense en somme, rejoignent déjà au pas de course les soutiens d'une candidature de Manuel Carlos Valls à la présidentielle de 2017 passant par perte et profits le locataire actuel de l'Elysée. C'est bien tragique pour un homme quel qu'il soit de finir ainsi en lambeau et quitter la scène sous les hués du public et surtout des plus proches.

L'ami Toufik, ce philosophe confirmé et désabusé des cités sensibles, celui là même qui, par ses pensées devenues axiomes en ces temps de disette intellectuelle et qui dame toujours avec élégance et panache le pion aux Finkielkraut, B. Henri Levy, Zemmour et consorts, ces penseurs de foires grassement rémunérés avec les deniers publics pour insulter 11 % de la population française, dit que ce sera la branche que tu méprises du haut de ton arrogance qui t'éborgnera tantôt.