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![]() ![]() ![]() ![]() L'éléphant Donald Trump a tout cassé sur son passage : presse, instituts de sondages, pensée correcte, élite traditionnelle. Une nouvelle course est engagée. Y participent ceux qui pronostiquaient, hier encore, une victoire de Hillary Clinton à la présidentielle américaine, et redoublent de zèle pour expliquer aujourd'hui pourquoi et comment ils se sont trompés. Et, de manière tout aussi zélée, ils veulent nous fournir les clés nécessaires pour comprendre comment Donald Trump a été élu, alors que tout laissait augurer une issue différente à la présidentielle américaine. Du New York Times au Monde, en passant par les instituts de sondage et les experts qui confondent leurs souhaits avec les faits politiques, nombre de personnes et d'institutions ont doctement prédit la victoire de Clinton. Dans leur élan, ils ont emporté avec eux une partie de l'opinion, qui se trouve ainsi sonnée par le succès de celui qui apparaissait comme clown vulgaire et arriviste. Peut-on aller à l'encontre d'une analyse du New York Times, qui croyait à 84% à la victoire de Mme Clinton? Voyons, c'est tel institut de sondage qui l'a prédit ! Une fois la défaite de Hillary Clinton consommée, Trump peut doublement triompher. D'abord parce qu'il a gagné l'élection; ensuite, parce qu'il assurait que tout était faux, que la presse était pourrie, que les instituts de sondage étaient complices, que les institutions fonctionnaient de travers, etc. Mensonges Donald Trump peut tout dire aujourd'hui, il aura raison. Il peut accuser presse et instituts de sondage de manipuler les faits et les chiffres, personne ne pourra dire le contraire. Comment autant d'instituts de sondage peuvent se tromper ? Une analyse a montré que sur près de deux cents études d'opinion, seules celles commandées ou menées par le Los Angeles Times donnaient régulièrement Trump gagnant. Les autres sondeurs pouvaient-ils, malgré leur nombre et leurs différences, se tromper de manière aussi systématique, autant de fois, sur une aussi longue période, à propos d'une question qui semblait depuis longtemps maîtrisée? Ceux qui font traditionnellement ces sondages doivent aujourd'hui une sérieuse explication aux citoyens. Il ne s'agit pas d'un fait anodin, mais d'une élection présidentielle, qui a suscité un engouement exceptionnel, malgré la qualité des débats: 84 millions de personnes avaient suivi le premier débat Trump ? Clinton. Peut-on prendre à la légère un phénomène de cette ampleur? Bien sûr, les explications ont commencé à circuler. L'Amérique « a sous-estimé le ras-le-bol des laissés-pour-compte », ces millions d'Américains qui se sont « sentis trahis par les élites, inquiets de la mondialisation et d'accords commerciaux internationaux qu'ils voient comme une menace à leurs emplois », dit-on. Désarroi populaire De même, fait-on valoir, la difficulté d'étudier un comportement nouveau, totalement différent des modèles disponibles jusque-là. Comment la presse pourrait-elle cerner un homme qui la traîne dans la boue quotidiennement, alors qu'elle est habituée à des candidats dociles, voire obséquieux, cherchant systématiquement à plaire? On peut aussi bien faire valoir que la victoire de Trump exprime une vague de désarroi qui déferle sur le monde, face à une mondialisation non maîtrisée, poussant à réhabiliter les nationalismes comme réponse archaïque à une évolution qu'on ne contrôle plus. Après le Brexit, l'élection de Donald Trump ne serait qu'un épisode, en attendant d'autres, qui confirmeraient une tendance générale vers le repli sur soi, autour de valeurs dépassées. La résignation de la gauche, incapable d'apporter des réponses crédibles sur de nombreux sujets, a singulièrement renforcé cette tendance à aller vers les réponses populistes. Tournée vers des questions sociétales, au détriment de sa base traditionnelle, la gauche a ainsi inventé le mariage pour tous, mais pas le travail pour tous, ni la liberté pour tous. Dérive du modèle démocratique Mais au-delà de ces explications, qui seront abondamment disséquées dans les mois qui viennent, il y en a une autre, qui reviendra de manière obsessionnelle : la crise du système démocratique. Comment le modèle électoral américain, celui de la première puissance au monde, peut-il mener à une élection qui mettrait en compétition deux parmi les personnes les plus détestées du pays? Comment le vote libre, dans le parti, dans les primaires, puis lors du suffrage universel, est-il organisé pour mettre en compétition « la peste et le choléra », alors qu'il est supposé filtrer les candidats pour retenir les meilleurs? Comment les élites ont-elles confisqué la démocratie pour finir par ne plus savoir ce qui se passe dans le pays ? Le fonctionnement des appareils politiques est devenu dangereux pour la démocratie. Pas seulement aux Etats-Unis. Aux Philippines, un homme menaçant publiquement de faire tuer, en dehors de la loi, les auteurs de certains comportements qu'il considère « déviants », a été élu à la présidence. En France, l'actuel président, François Hollande, et son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, savent que la seule chance, pour chacun d'entre eux, de faire un deuxième mandat, est d'être opposé à l'autre : Hollande serait réélu grâce au « tout sauf Sarkozy », et inversement. Le tout de manière parfaitement démocratique. Tout ceci montre une dérive marquée du modèle démocratique. Les règles en vigueur posent problème. Aux Etats-Unis, ceci sera atténué par le système de pouvoir, très complexe, avec de nombreux contre-pouvoirs, qui empêcheront Donald Trump de commettre trop de fautes, mais dans un pays plus fragile, cela peut se révéler fatal. |
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