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Tous
coupables, peut-être pas, mais complices, oui. Mille fois oui parce que qui ne
dit rien consent. Consomme. Rousseau disait que «le
pouvoir et l'impunité rendent les forts audacieux» et quand ces deux
ingrédients se retrouvent au sommet d'un Etat de droit, le droit fait ses
bagages, se paye une place parmi les harraga et prie
pour ne pas servir de casse-croûte aux sardines de la Méditerranée. En Algérie,
l'impunité est devenue plus dangereuse que le crime en lui-même, érigée en mode
d'attaque et servie en guise de cautionnement moral. Elle a épousé un Etat, le
corrompant jusqu'à la moelle parce qu'au bout du chemin, les comptables se sont
déjà servis les premiers.
L'impunité gangrène, pollue les consciences et tente les plus honnêtes, si d'aventure il s'en trouvait encore là-haut, dans les étages supérieurs de la République. L'impunité s'est installée partout dans les rouages officiels et aucun gestionnaire, appartenant à un des clans du pouvoir, ne rend compte de sa politique ni n'explique où va l'argent du peuple et comment il a été dépensé. Dilapidé. Aucun ministre ne répond de son mandat, changeant de chaise dans le gouvernement en laissant son secteur dans un état lamentable. Aucune explication à donner aux Algériens sur les échecs consommés dans tous les secteurs. Pourquoi on a l'autoroute la plus chère au monde et la plus rapiécée ? Pourquoi les bidonvilles renaissent plus vite que les champignons ? Pourquoi on place un parent à la tête des directions sans diplômes ni expérience ? Aucune excuse sur les catastrophes déclenchées par une mauvaise gestion, encore moins une quelconque considération politico-sociale liée à une impunité indécrottable qui donne à tous ces responsables un sentiment de puissance jamais inégalée. Chaque fois qu'un ministre débarque, il fait une révolution dans son département, planifiant des restructurations, menant des réformes à la hussarde sans prendre en compte le travail de ses prédécesseurs. C'est à celui qui fait le plus de dégâts, qui ramène les siens pour expurger les couloirs de son ministère. C'est à croire que tous les ministres algériens passent le plus clair de leur temps, une fois installés derrière le bureau, à dénigrer le travail fait auparavant. L'Algérie n'a pas besoin d'éternels changements qui ne mènent qu'à perdre du temps, un peu plus, alors que l'urgence est dans la rationalité, dans le rationnement. Le pays a plus besoin de comptables qui demandent forcément des comptes à ceux que l'Etat a jugé bon de mettre à la tête de sa survie. Qui exigent en amont un plan de travail et une facture au final. Que ceux qui ont mal agi payent pour une fois pour que cela serve de leçons aux autres. |
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