Le FLN, ou
plutôt son nouveau chef, va s'attaquer à la corruption qui gangrène le parti,
l'argent sale comme l'a expliqué M. Ould Abbès. Cette affirmation, faite samedi devant les plus
hauts cadres du parti, dont les ministres-FLN, est en soi autant un aveu des
pratiques devenues une tradition chez ce parti, lors des échéances électorales,
et autant une sorte de «modus vivendi» bien installé dans certains territoires
du FLN. Djamel Ould Abbès,
qui veut devenir une sorte d'épurateur, qui veut laver plus blanc que blanc, a
ainsi clairement signifié lors du rassemblement de samedi à l'Aurassi que «L'ère des candidatures achetées et des listes
imposées par les membres du bureau politique est révolue». Mieux, il a confirmé
que le FLN et ses militants achetaient les voix des électeurs, et dira même que
«celui qui recourra à l'argent sale lors des prochaines échéances électorales
sera définitivement renvoyé du parti». Djamel Ould
Abbes possède en fait sa liste «des personnes ayant versé des sommes colossales
pour être en tête des listes électorales». Tout les
Algériens, et les militants du FLN, lui disent donc «chiche»!
Publie cette liste. Quelle recette miracle veut inventer Ould
Abbès pour purifier les rangs de son parti avant les
prochaines élections ? Et puis, il y a cette autre révélation que promet le
nouveau SG du FLN: donner «plus de détails» sur cette
liste. La nouvelle ère du FLN sous le règne de Djamel Ould
Abbès va-t-elle devenir un enfer pour ces militants
adeptes de l'argent sale, celle du nettoyage des «écuries d'Augias» et de
l'élimination des prédateurs au sein d'un parti souvent accusé de corruption et
de bourrage des urnes, ou bien un simple effet d'annonce à l'approche
d'échéances électorales importantes ? En connaisseur des pratiques utilisées
jusque-là par son parti, Ould Abbès
appelle ainsi ses ouailles à mettre fin à la mascarade, à la dérive du parti.
Il va plus loin dans ses «révélations» sur ces pratiques exécrables de trucage
des élections, en mettant en garde contre «le recours à l'argent sale pour les
candidatures». Question : que risque alors un trafiquant de voix au sein du FLN? Le renvoi de la classe, promet le SG du parti, qui, en
quelques phrases, en voulant donner une belle image du FLN, l'a enfoncé plus. Ainsi
donc, le FLN reconnaît qu'il a eu recours lors des élections locales ou
législatives à l'achat de voix, à des listes de candidats douteux, à la
corruption et au népotisme. Cela veut dire également que la vox populi, quand
elle descendait en flèche les pratiques parfois maffieuses du FLN pour éliminer
ses concurrents ou pour bourrer les urnes aux élections, avait en fin de compte
raison, puisque le nouveau SG reconnaît le phénomène et tente de l'éradiquer.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais le mal a été fait. Le nouveau
SG du parti du Front de libération nationale vient donc d'annoncer aux
Algériens que plus jamais il n'y aura de corruption, d'achats de voix
d'électeurs, de candidats ayant payé pour être portés sur les listes
électorales... Le mal est fait, parce que très souvent, les maires ou P.APC
sortis du chapeau des urnes n'étaient pas à la hauteur de leurs missions.
Exprimée autrement, cette situation a fait que des centaines de milliards de
dinars sont partis en fumée, dans les projets foireux ou le renouvellement
cyclique des trottoirs de la République, aux dépens d'un développement local
nommé «Désir». Les confidences-orientations de Djamel Ould
Abbès vont dorénavant éclairer les Algériens,
militants ou pas, sur la mutation (en cours) d'un parti qui veut changer de
look, qui reconnaît avoir fraudé, avec un autre lifting, mais sans changer ses
«habits». Peut-on faire du neuf avec du vieux ?