C'est enfin décidé, le réseau vétuste du périmètre irrigué, qui
représente quasiment la moitié de l'ouvrage total, sera réhabilité. C'est là
une décision attendue depuis une dizaine d'années qui ravira les centaines de
fellahs de la plaine de Maghnia et qui mettra terme
aux forages illicites dont le nombre se compte par centaines et qui, selon les
spécialistes du domaine, représente une menace sérieuse sur les 2 nappes
phréatiques, notamment la seconde dont l'eau puisée n'est pas régénérée, un
risque irréversible de désertification de la région. Le périmètre irrigué situé
sur la fameuse plaine de Maghnia, qui initialement
s'étendait sur 4.250 ha, a été créé en 1974 dans le cadre du défi du
développement de l'agriculture d'alors, que les pouvoirs publics ont lancé pour
la sécurité alimentaire. A ses débuts dans les années 70-80, le réseau
d'adduction, qui drainait l'eau à partir du barrage Béni Bahdel
et qui la distribuait aux exploitations agricoles du périmètre, a permis à la
plaine de connaître ses moments d'abondance au point où elle a hissé Maghnia aux premiers rangs des producteurs agricoles de la
région Ouest. La sécheresse qu'a connue le pays à la fin des années 80 a été à
l'origine de la détérioration d'une bonne partie du réseau d'adduction, des
conduites de distribution, des ouvrages de génie civil ainsi que des
équipements hydromécaniques. Malgré la bonne volonté de l'Office du périmètre
Irrigué (OPI) qui a réussi à opérer des modifications sur une partie du réseau
de distribution non endommagé, à rationner l'eau et à assurer un minimum pour
les exploitations, la parcimonie pluviométrique a eu raison de ce périmètre
fertile et de ses valeureux fellahs dont une bonne partie a vendu ses terres ou
s'est tournée vers la contrebande. Depuis, le réseau a été laissé à l'abandon
et les cris de détresse de l'OPI lancés pour la réhabilitation des
infrastructures hydrauliques du périmètre et la régularisation de la situation
administrative n'ont connu que l'indifférence auprès des instances concernées.
L'obstination et la persévérance des gestionnaires de l'OPI ont fini par avoir
raison sur l'indifférence et ont abouti, en 2010, au transfert du périmètre
vers l'Office national de l'irrigation et du drainage (ONID). Une fiche
d'inscription du projet a été élaborée par l'ONID afin que soit remis en état
le réseau d'irrigation de 3.450 ha dont une bonne partie, soulignons-le, a été
envahie par le béton. Le démarrage de ce projet, qui était financé par le
ministère des Ressources en eau et dont l'ONID en est le maître d'ouvrage,
était prévu pour l'année 2011. Avec plus de 5 ans de retard sur cette date, le
projet pour la réhabilitation du périmètre d'irrigation pour un délai de 2 ans
va bientôt démarrer. L'entreprise a été désignée, en l'occurrence l'EATAH de Akhrouf Group. Une réunion qui a regroupé tous les services
concernés a eu lieu et le choix de terrain pour l'installation du chantier et
de l'administration a été fait (2 ha en face du poste frontalier Akid Lotfi). Tout semble parti pour que cette région
frontalière retrouve sa vocation agricole et pour que soit amorti le choc que
les dernières mesures de lutte contre la contrebande ont engendré. Par
ailleurs, une extension du périmètre est envisagée dans un second temps.
Celle-ci, qui portera sur 3.000 ha environ, s'étendra jusqu'aux villages
frontaliers de Zriga et Ouled
Ziane. Grâce à la station de dessalement de Ouled Ben Ayed, aux forages de
Béni Boussaïd et au barrage de Hammam Boughrara qui ont comblé le déficit en eau que la wilaya
avait connu, actuellement les 2.300 ha du périmètre sur les 4.250 ha, où le
réseau est relativement en état, sont irrigués d'avril à décembre par les 10 à
20 millions de m3 drainés du barrage Béni Bahdel. 300
fellahs bénéficient ainsi de cette ressource pour l'irrigation de leurs
cultures qui représentent 400 ha d'agrumes, 600 ha d'oliviers et environ 1.200
ha de maraîchers. Selon les spécialistes, pour que soit assurée convenablement
l'irrigation totale du périmètre ainsi que celle de l'extension, un apport
supplémentaire d'environ 18 millions de m3 sera pompé du barrage de Hammam Boughrara, ce qui nécessite une connexion entre le barrage
de H. Boughrara et la conduite principale du
périmètre.