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La douloureuse

par Moncef Wafi

L'intersyndicale autonome de la fonction publique n'est pas pressée et le fait savoir. Réunis ce samedi pour évaluer sa première salve de grève cyclique de deux jours, les syndicats se donnent jusqu'à samedi prochain pour décider de la suite à donner à leur mouvement. Mais il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'on se dirige vers un durcissement de leur position d'autant plus que les options retenues convergent vers le prolongement de la grève dans la durée. Un débrayage cyclique de trois jours ou une grève illimitée, le choix syndicaliste ne laisse pas de place à la spéculation.

En face, le gouvernement continue de se murer dans un silence qui exaspère l'intersyndicale et pour seule réponse à leur première revendication du retour au régime de la retraite anticipée, la proposition du Premier ministre de dialoguer mais après l'adoption de la loi sur la retraite. Pour les syndicats, cette réponse est un non-sens dans la mesure où la loi adoptée, il n'y aura plus de marche arrière. Pour eux, il est clair que le gouvernement cherche à gagner du temps surtout sur les syndicats autonomes de l'éducation avec l'approche des vacances d'hiver. Stratégie favorite des ministres de la République, laisser les choses pourrir en l'état puis passer à l'offensive à force de loi et d'usure, et c'est pour cette raison que la logique veut que l'intersyndicale opte pour une grève cyclique à forte plus-value médiatique et qui les met, relativement, à l'abri des décisions de justice.

Ce bras de fer ne risque pas de connaître son épilogue tant que les positions des uns et des autres restent figées et la situation ne tend pas vers le dénouement en l'absence d'un dialogue constructif à même de rapprocher les points de vue. Le temps presse mais pas pour tout le monde et l'on se dirige directement vers une prise d'otage des citoyens dans cette bataille de positions où tout le monde est perdant. Que faire ? Qu'attendre ?

Les jours passent sans que personne ne sache ce que demain sera fait et les dés jetés sont loin, très loin de réaliser un double six au grand dam des Algériens qui seront les premiers à payer la note des frais de ce face-à-face. Une douloureuse qui risque de ne pas passer avec une loi de finances restrictive et des lendemains politiques incertains sur fond de guerre de succession qui hypothèque déjà l'avenir des Algériens, obligés de se référer aux sites étrangers d'information pour connaître la température ambiante du pays.