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En visite de travail « en marge » de la réunion UGTA: Boudjema Talai fait dans le service minimum à Oran

par Houari Saaïdia



Programme à minima, petite prospection de projets en mode silencieux, nulle déclaration de presse. En mission à Oran, jeudi, Boudjema Talai a passé le plus clair de son temps avec Sidi Saïd.

Son (double) secteur, lui, a été réduit en deux points, deux chantiers. Au style simpliste et expéditif d'inspection, le ministre des Travaux publics et des Transports a joint l'option « non-communication ».

Dans l'exercice journalistique, c'est bien connu, quand un ministre n'est pas d'humeur, ce jour-là, à se prêter au jeu des questions-réponses, au détour d'une visite de chantiers, ou croit avoir de bonnes raisons de ne pas se livrer aux médias chemin faisant, il instruit, discrètement, son protocole ou son chargé de communication de dire aux journalistes qu'il n'y aura pas de point de presse, dans l'intervalle et qu'ils devront se contenter des déclarations faites au fil du circuit. Mais que faire, pour les professionnels de l'info, lorsque non seulement l'on n'a droit à aucune question, mais, pire, les points de situation sur les projets inscrits au menu tournent à la récitation à sens unique ? Que faire lorsque le ministre se limite à l'écoute du BCS et du maître d'ouvrage, sans réplique aucune ? Ni à leur exposé unilatéral, ni aux chiffres-clés portés sur les affiches. Jeudi, le simplisme et le réductionnisme avec lesquels a été organisée « la visite de travail et d'inspection » de deux secteurs en un -et non des moindres, sur le double plan économique et stratégique- n'avait, pour plus d'un, qu'un seul explicatif. A savoir que la petite virée -car c'en était une- à travers deux chantiers dans une wilaya-métropole où au moins sept projets de TP « structurants » sont en cours de réalisation, n'était qu'un point de passage, un petit tour « en marge de », pour un déplacement à Oran motivé, essentiellement par la mission protocolaire confiée par le Premier ministre à Boudjema Talai pour assister, au nom du gouvernement, à l'ouverture du conclave national de l'UGTA.

Quand « deux secteurs en un » sont réduits en deux points

C'est peu dire que le ministre de TP et des Transports s'est contenté d'un programme de visite réduit à sa plus simple expression, tant en termes de nombre de projets à passer en revue qu'en termes d'auscultation et de diagnostic de leur état d'avancement, se contentant de deux échantillons (la nouvelle aérogare et la pénétrante portuaire), faisant ainsi l'impasse sur tant de projets tout aussi importants : le 5ème boulevard périphérique (Rocade-sud), l'extension du port (nouveau terminal à conteneurs, confortement des quais et de la jetée?), la liaison autoroutière entre la RN2 et la Corniche supérieure, la trémie desservant Haï El-Yasmine à partir du 4ème périphérique, la Corniche-est, le projet en étude de l'échangeur du nouveau pôle urbain de Oued Tlélat, entre autres infrastructures routières, relevant du schéma directeur des TP de la wilaya. Des chantiers qui valaient d'autant le détour qu'un énorme retard y est enregistré pour diverses raisons, dont en premier lieu le problème de finance. De même, on s'attendait, logiquement, à ce que le ministre en charge de ces deux secteurs complémentaires, voire indissociables- s'enquière des préparatifs techniques et logistiques à la mise en service -de la ligne urbaine maritime Oran-Corniche - annoncée pour l'été dernier mais dû être reportée à la prochaine saison estivale 2017-, d'autant plus qu'il était à deux pas du port, qui abritera la mini-gare maritime qui lui est réservée. Ceci sans oublier le chantier de remise en état de la route du port, lancé suite à l'affaissement, début août, d'un tronçon de 150 m, situé sous le pont Zabana, qui valait, au moins qu'on y fasse un petit saut, en passant. De ce grand tableau de bord, le regard, plutôt furtif, du ministre n'a été porté, jeudi, que sur deux voyants: la nouvelle aérogare et la pénétrante du port.

Pénétrante du port : vers la fin 2017

La livraison de ce dernier projet, pour s'en tenir au programme officiel de la visite, est prévue au cours du 2ème semestre 2017, selon le maître d'ouvrage délégué, l'Agence nationales des Autoroutes (ANA). Ayant connu un démarrage en cote raté, le 6 novembre 2014, enregistrant un retard de 10 mois par rapport au planning, cette liaison entre le port commercial et de voyageurs d'Oran et l'autoroute Est-Ouest en est actuellement, à 43%, taux d'avancement global. Entre la visite de l'ex-ministre des TP Abdelkader Ouali, le 3 septembre 2015, et celle effectuée, avant-hier, par son successeur Boudjema Talai, c'est-à-dire près d'une année plus tard, qu'est-ce qui a été fait au juste par le groupement algéro-turc ?Engoa-Makyol' ? « Beaucoup ! » s'empresse à répondre un responsable du BCS algéro-espagnol Setop-Ltpo-Cps Ingenieros. Certes, beaucoup a été fait, en termes de quantités, mais toute la question est de savoir si on est dans le planning ou non, sachant que le délai contractuel est de 30 mois, rien que pour cette 1re tranche (la plus difficile et compliquée) de 8,4 km sur un linéaire total de 26 km, consistant en un million de m³ de terrassement, 10 ouvrages d'hydraulique, 1 ouvrage d'art (viaduc) long de 1,2 km, 2 échangeurs, 2 tunnels en tubes dont un sur 3,1 km et l'autre en tranchée couverte de 2,5 km, ainsi qu'un ouvrage maritime sous forme de digue sur 1,7 km. L'état d'évolution du lot maritime est à 53%, tandis que celui relatif au lot tunnel, il n'est qu'à 33%. Cette immense infrastructure au profil autoroutier « 2 fois 3 voies » prévoit aussi plusieurs connexions avec le réseau, notamment la 1re et la 2ème Rocades à hauteur de Canastel ainsi que la RN4 qui dessert l'aéroport.

L'autoroute démarre du vieux port d'Oran, longe la côte sur 1,2 km, moyennant la réalisation d'enrochement sur mer. Initialement, il était prévu la réalisation de ce premier tronçon sur la falaise avant d'opter pour une translation avec une légère courbure vers la mer pour éviter le risque d'éboulement de fragments rocheux. Toutefois, cette solution doit être conjuguée avec le confortement, en parallèle, du massif rocheux pour se prémunir contre les conséquences de l'effet corrosion de ce talus abrupt. La route se déploie, ensuite, à l'aide d'une tranchée couverte sur la frange maritime sur 6,2 mètres seulement, offrant ainsi la possibilité d'aménagement de cette zone. Pour traverser la zone accidentée qui suit cette partie du terrain, un premier tunnel de 3,45 km de longueur étant projeté. En effet, dans la «tranchée couverte», les Turcs (entreprise Makyol) ont suggéré un tunnel aux lieu et place d'un viaduc, avec comme avantages, selon eux, une diminution de la pente à 2% au lieu de 4%, assortie d'une réduction du délai. Un second tunnel de même longueur est également prévu. Il est, aussi, prévu la réalisation de 3 viaducs et 2 échangeurs, dont un très complexe, au rond-point de Canastel, à partir duquel démarre la 2ème tranche entre Canastel et le 5ème Bd périphérique. Selon une première évaluation, qui ne prend pas en compte les équipements de ventilation, l'éclairage, la vidéo-surveillance des tunnels et les systèmes de signalisation, le coût de ce projet est estimé à près de 20 milliards de dinars.