Que
s'est-il réellement dit lors de la visite des chefs d'état-major d'Arabie
saoudite, Abderrahmane Ben Salah al-Baniane, et du
Qatar, Ghanem Ben Chahin al-Ghanem,
lors de leur entrevue avec le général de Corps d'armée, Ahmed Gaïd-Salah, vice-ministre de la Défense et chef
d'état-major de l'ANP ? Selon le portail de nouvelles en ligne couvrant les
événements au Moyen-Orient, East Eye Moyen (MEE),
Ryad et Doha ont saisi leur homologue algérien pour une participation à une
force d'interposition au Yémen. La source d'information du média anglais serait
un diplomate algérien dont le nom n'a pas été cité, qui a précisé qu'Alger a
réservé sa réponse pour le moment, le temps d'étudier cette proposition mais tout
tend pour l'instant à ce qu'elle la refuse. «La tendance lourde est au refus»,
a déclaré la source. L'information parue sur le site de MEE ce mardi a été
formellement démentie par Ahmed Assiri, porte-parole
de la coalition arabe au Yémen et conseiller du ministre saoudien de la
Défense. Pourtant difficile de savoir exactement la teneur des discussions
entre les délégations militaires tant ces questions sont frappées du sceau du
secret-défense. Le communiqué du ministère de la Défense nationale consacrant
cette visite rapporte que les deux parties ont passé en revue «l'état de la
coopération militaire bilatérale et les voies de sa diversification» ainsi que
l'échange d'analyses et points de vue sur les questions d'actualité
«importantes» sans pour autant donner plus de détails. Il ne fait aucun doute
que le dossier yéménite fait partie de cette actualité brûlante mais on ne peut
que spéculer sur la nature des échanges. Ce qui est certain c'est que l'Algérie
a déjà signifié en mars 2015 son refus de rejoindre la coalition arabe au Yémen
qui se bat contre les Houthis. «L'Algérie
n'autorisera aucune participation de ses troupes armées à des opérations
militaires en dehors de ses frontières», avait déclaré à l'époque notre
ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a précisé toutefois qu'elle «pourrait apporter
un soutien en logistique au-delà de ses frontières sans pour autant impliquer
ses troupes armées». Une porte ouverte à une éventuelle participation de ses
troupes du génie militaire à une force d'interposition issue de plusieurs pays
«neutres» qui pourrait avoir la confiance des Houthis
et de ses alliés et de la coalition arabe.
Depuis
mars 2015 à la tête d'une coalition de neuf pays arabes qui bombarde les
positions rebelles des Houthis, l'Arabie saoudite
essuie depuis quelques mois les critiques de la communauté internationale.
Selon un rapport des Nations Unies publié en août, les frappes de la coalition
sont suspectées d'être à l'origine de la moitié des civils tués au Yémen. Le 9
octobre, plus de 140 personnes ont été tuées par un raid aérien mené par la
coalition qui a ciblé une cérémonie funéraire à Sanaa. La guerre actuelle au
Yémen oppose des forces pro-gouvernementales, appuyées par la coalition arabe,
aux rebelles houthis et leurs alliés, les forces
restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Le conflit a fait en 19
mois 6.900 morts, 35.000 blessés et trois millions de déplacés.