
Le sujet a tellement secoué la blogosphère que
l'ambassadrice américaine à Alger en personne a cru bon intervenir pour
contextualiser les faits. Le président américain campé par Kiefer Sutherland,
alias 24 h chrono, décide de lancer une attaque militaire contre l'Algérie. Le
scénario de «Designated Survivor»,
une série télévisée américaine créée par David Guggenheim et diffusée par la
chaîne ABC s'intéresse, dans le quatrième épisode de la première saison, à
notre peau en sursis. Qu'à cela ne tienne, les internautes algériens en bons
soldats ont riposté, crachant sur la toile et dénonçant un complot de
l'impérialisme américain. Même la presse s'est fait écho de cette levée de
bouclier subodorant un plan machiavélique des Ricains pour bombarder notre race
à l'heure de la prière de l'aube. Joan Polaschik
s'est cru obligée de préciser que la série n'est qu'une fiction et que le fils
de Donald est à la présidence ce qu'est Saadani à la
diplomatie. Sur Twitter, la bonne femme qui donne
généralement des ordres au gouvernement, genre «le climat d'affaires, tu
amélioreras», s'est dite désolée que «les gens soient mécontents» et que son
pays nous aime parce qu'on est un bon ami et partenaire. A vrai dire, les
Américains sont fous de vouloir nous bombarder, réalité ou fiction, parfois les
deux se rejoignent pour faire un bon film, alors que la stabilité de l'Algérie
est garante d'un équilibre précaire de toute la région et qu'elle est toujours
une vache consentante à traire. Dans le même sillage, la nouvelle saison de la
série américaine Madam Secretary
nous prédit un risque de déclenchement d'une guerre civile en Algérie. Là
aussi, on peut répondre à nos reflets paranoïaques qu'il ne s'agit que de
fiction. Mais la coïncidence est trop grande pour la mettre sur le seul compte
de scénaristes qui ne nous veulent pas forcément que du bien. Entre un tapis de
bombes made in America et une guerre civile, on peut
dire que l'image du pays vu de là-bas est plutôt compromise. Et quand on
connaît le QI moyen de l'Américain ordinaire, on ne peut que s'inquiéter de
l'avenir. «Mais on vous a pas bombardé vous, gueules de métèques !» ou
«Algériens terroristes !», quoique celle-là on l'a pas mal entendu de par le
monde. Des réflexions de ce genre ou qui s'y approchent vont enflammer le cerveau
de l'Américain de base qui pense que le monde est divisé en deux : les good guys et les bad guys et je vous laisse deviner qui sont les mauvais dans le
film de leur réalité. Il fut un temps où l'Algérie était citée dans les films
américains comme étant La Mecque de tous les révolutionnaires, on ne les
appelait pas encore terroristes à l'époque. Mais ça, c'était avant !