Les
éleveurs de vaches laitières de la wilaya d'Oran lancent un énième appel aux
services concernés et à leur tête la direction des Services agricoles, pour
régulariser leur situation. Selon ces derniers, les primes octroyées aux
éleveurs, relatives aux subventions du lait, n'ont pas été reçues, depuis le
mois de février dernier. « Ces lenteurs enregistrées dans le paiement des
primes de soutien aux producteurs du lait cru ne permettent pas de garantir un
fonctionnement équitable de la filière lait, vu les contraintes liées à l'accès
aux aliments de bétail » ajoutent-ils. Cette situation date du mois de février
soit trois mois avant les décisions ayant trait à la décentralisation du
dispositif de soutien aux éleveurs. Ainsi, les aides à la production de lait
cru ne sont plus accordées par l'Office national interprofessionnel du lait
(ONIL) mais par les directions des Services agricoles des wilayas. Mais, à une
condition, délivrer l'agrément sanitaire nécessaire, à contrario de ce qui se
faisait, auparavant, lorsque les subventions étaient distribuées sans
conditions au préalable. Selon la Chambre de l'Agriculture « pour faciliter
cette tâche et permettre aux éleveurs de recevoir leurs aides, les laiteries
doivent être plus coopératives et doivent remettre à la direction des Services
agricoles, les listes des éleveurs ». Selon la même source, « la situation sera
réglée prochainement. Les primes seront versées aux éleveurs par la DSA ». Pour
ce qui est des arriérés des mois de février, mars et avril (avant la
décentralisation) , le problème sera réglé au niveau
central.
En effet, depuis le mois de mai dernier, les
subventions sont octroyées par les directions des Services agricoles des
wilayas alors qu'elles relevaient de l'Officie
national interprofessionnel du lait. L'ONIL va, ainsi, se consacrer uniquement
au développement de la filière sur le plan technique, la vulgarisation et
l'incitation à l'investissement. La décentralisation du système de paiement des
subventions fait partie d'une batterie de mesures prises par le gouvernement,
en octobre dernier, pour remédier aux lenteurs administratives et relancer la
filière lait en misant sur la production nationale, avec l'objectif de réduire
les importations de la poudre de lait de 50%, à l'horizon 2019. Suite à de
nombreuses réunions de concertation avec les professionnels pour augmenter le
prix de référence du lait cru, principal facteur de la crise qui avait secoué
la filière, en 2015, le gouvernement avait accepté une augmentation de la
subvention, accordée aux éleveurs, de 2 DA supplémentaires. Cette prime est
passée de 12 à 14 DA/litre, depuis novembre dernier, auxquels s'ajoutent les 36
DA qui est le prix de cession du lait cru aux laiteries, au lieu de 34 DA,
auparavant. Ainsi, le prix du litre de lait cru vendu par l'éleveur est passé à
50 DA au lieu de 46 DA. C'est un soutien important pour booster la production
nationale en lait cru. Néanmoins, les pouvoirs publics ont assujetti l'octroi
des 2 DA supplémentaires, à l'éleveur, à un agrément sanitaire délivré par les
services vétérinaires. En conséquence, l'administration a fixé aux éleveurs un
délai d'une année, allant du 2 novembre 2015 au 2 novembre 2016, pour se mettre
à niveau, c'est-à-dire recenser leur cheptel et effectuer un suivi vétérinaire
en vue d'obtenir cet agrément. Celui qui n'a pas ce document sanitaire, ne
bénéficiera pas des 2 DA. C'est une incitation à la production d'un lait de
qualité et à la sécurisation des élevages contre d'éventuelles maladies. Une
manière de cibler les véritables producteurs. Les services concernés œuvrent à
collecter le maximum de la quantité produite et les exploiter dans les unités
de transformation pour leur pasteurisation. En réponse à la préoccupation des
éleveurs, relative à l'accès à l'aliment de bétail et à la régulation du marché
de ce produit, il a été décidé d'approvisionner, directement, les éleveurs en
son, issu de la trituration des blés soutenus par l'Etat. Dans ce cadre les
Services agricoles ont lancé un nouveau recensement des éleveurs, à travers la
wilaya d'Oran, souhaitant bénéficier de l'aide de l'Etat. Ce recensement
établi, chaque semestre, vise à améliorer la production de lait et de la
productivité de cette filière sur laquelle comptent les pouvoirs publics afin
de relever le défi de se défaire de l'importation de poudre de lait. Cette
opération vise à apporter une aide en aliment de bétail. Elle sera de l'ordre
de 4 kg par tête et par jour. C'est l'Office algérien interprofessionnel des
céréales (OAIC) et l'Office national de l'aliment de bétail (ONAB) qui
veilleront à ce que les minoteries exécutent cette décision. D'ailleurs les
éleveurs soulignent que « cette aide en aliment, les a beaucoup aidé, en cette
période, (depuis qu'ils n'ont pas reçu les subventions) ». Plus de 2.000
producteurs de lait sont recensés, à Oran et livrent 4 laiteries industrielles.
La filière d'élevage bovins et de production du lait, dispose de quelque 21.000
têtes de vaches dont 10.000 de vaches laitières produisant plus de 40 millions
de litres par an.