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Retraite anticipée: La liste des métiers pénibles se fait attendre

par Moncef Wafi



Le monde du travail n'a pas fini de parler des métiers pénibles et n'est pas près de le faire tant que la liste n'a pas été préparée ou rendue publique. Le dernier à l'évoquer est le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, qui rappellera de nouveau que c'est à l'UGTA qu'échoit ce rôle «en sa qualité de partenaire social» et validé par le gouvernement. La Centrale syndicale avait déjà annoncé, par le biais d'Amar Takdjout, membre de son secrétariat général et SG de la Fédération du textile et cuir, la mise en chantier de l'établissement des listes des personnels effectuant un travail pénible éligibles à la retraite anticipée.

Dans une déclaration à la radio nationale, il avait affirmé que l'UGTA a entamé l'élaboration d'une liste des métiers pénibles avec les secteurs économiques. «La liste des bénéficiaires sera établie sur la base de points, qui nécessitent une étude globale», a-t-il dit, précisant que «les secteurs concernés sont l'industrie lourde, le BTP et le secteur minier» ajoutant que «tous les partenaires sociaux sont concernés par l'élaboration et la définition de ces listes, et il doit y avoir une étude sérieuse des acteurs du secteur de l'emploi pour qu'il n'y ait pas de dérapages». La question qui taraude aujourd'hui le monde du travail est le contenu de cette liste qui ouvre droit à des dérogations.

En effet, et depuis que le Premier ministre a indiqué que le droit à la retraite anticipée ne sera accordé, à compter de 2017, qu'à ceux qui exercent les métiers pénibles, les salariés et fonctionnaires se sont tournés vers la Centrale syndicale. Qui sera alors éligible aux départs volontaires ? L'UGTA prend son temps pour y répondre et la nomenclature des métiers pénibles risque de faire des mécontents. Beaucoup trop même. Ce cadeau empoisonné du gouvernement à Sidi Saïd risque aussi de porter le coup fatal à l'Union déjà sérieusement mise à mal par son engagement sans équivoque aux côtés de Sellal et du patronat.

La première esquisse de cette liste serait visible, avait-on indiqué, dans les deux premières semaines de septembre, après que les fédérations que compte la centrale syndicale aient fait connaître leurs critères. Cette confection cruciale pour l'avenir des millions de travailleurs n'implique pourtant pas les syndicats autonomes, une omission qui a déjà été préjudiciable par le passé à l'action du gouvernement. Ces partenaires sociaux refusent même de débattre de ce concept puisque, pour eux, il s'agit d'une diversion pour affaiblir les travailleurs.

Quels critères adoptera donc l'UGTA ? Ceux dictés par les puissantes fédérations qui la composent au détriment de secteurs où la pénibilité n'est pas mesurée en termes de décibels et de lésions physiques. Ce qui est certain comme a tenu à le faire savoir El Ghazi c'est que la liste ne sera connue qu'après l'adoption de la nouvelle loi sur la retraite. Rappelons qu'en termes de métiers pénibles, le Bureau international du travail a défini dix facteurs : le travail en milieu hyperbare, le travail répétitif, le travail en équipes successives alternantes, le travail de nuit, les manutentions manuelles de charges, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, les agents chimiques dangereux, les températures extrêmes, le bruit.