Atmosphère
de fin de règne hier samedi à l'hôtel Aurassi d'Alger
où se tenaient les travaux de la 3e session du Comité central du FLN. Les
rumeurs qui bruissaient depuis quelques jours quant à un départ du SG du parti,
Amar Saadani, se sont confirmées dans la journée.
Vers 15 heures, après un dernier discours dans lequel il a réaffirmé le soutien
du FLN au président Bouteflika, il annonce son départ. Et pour montrer à
l'opposition au sein du FLN qu'il n'aura pas été destitué, il pose la question
: ?'Qui a retiré sa confiance au secrétaire général ?''. Une seule main se lève
et il ajoute : ?'Personne n'a retiré sa confiance au secrétaire général''. Il
évoque alors ses problèmes de santé pour poinçonner son départ, sans nul doute
définitivement de la tête du FLN qu'il a dirigé envers et contre tous ses
opposants depuis 2013. ?'Mon absence pendant trois à quatre mois était liée à
des raisons de santé'', a-t-il ajouté, avant de déclarer que ?'je veux
présenter ma démission devant vous''. Et, aux membres du Comité central, qui
insistent pour qu'il reste, il répond : ?'J'insiste. Je ne reculerai pas''. Ce
départ, pourtant, était déjà programmé ailleurs. La dernière sortie médiatique
de Saadani, après un long et énigmatique silence
durant l'été, aura été fatale pour un chef du FLN, de plus en plus fragilisé
par ses déclarations contre certains cadres du parti et d'anciens officiers
supérieurs de l'ANP. Ainsi, début octobre, il renoue de plus belle avec la
polémique en s'attaquant de nouveau, lors d'une conférence de presse animée au
siège du parti, au général major Mohamed Mediene,
l'ex-patron du DRS. Pour Saadani, cet ancien
responsable des services secrets algériens était ?'le chef des anciens
officiers de l'armée française» en Algérie. Plus grave, il l'accuse de pousser
Rachid Nekkaz à se présenter à l'élection
présidentielle pour ?'chahuter la candidature du président Bouteflika''. Ne se
retenant plus, il va jusqu'à accuser Mohamed Mediene
d'être derrière les événements de Ghardaïa et les manifestations anti-gaz de
schiste de In Salah, et c'est encore cet ancien officier supérieur de l'ANP,
qui aurait «manipulé» le groupe des 14, d'anciens moudjahidine, qui avaient
demandé son (Saadani) départ de la direction du FLN.
Abdelaziz Belkhadem, qu'il avait «destitué» en 2013,
est également accusé par Amar Saadani d'avoir été un
«collaborateur de la France coloniale», et l'accuse de recevoir des
«instructions» de la France. Ce seront très certainement les derniers
débordements du désormais ex-chef du FLN. Ses dernières accusations contre le
général major Mohamed Mediene et l'ex-patron du FLN
Abdelaziz Belkhadem, qui avaient outré la classe
politique nationale, tout autant que la ?'famille politique'' de ces deux
ex-hauts responsables algériens, auront scellé son avenir (politique) au sein
du FLN, et probablement pour toujours. Officiellement, son départ serait motivé
par des raisons de santé. Officieusement, il aurait franchi les «lignes rouges»
à ne pas dépasser et a été lâché par ses soutiens. La veille de l'annonce que Saadani allait partir du FLN sous la forme d'une démission,
le nom de Djamel Ould Abbès,
le plus âgé des membres du Bureau politique (BP), avait été avancé pour prendre
non pas l'intérim, mais les rênes du parti.
Dans
son dernier discours devant les membres du CC, Amar Saadani
a beaucoup insisté sur le soutien du FLN au président Bouteflika, soulignant
que le parti ?'a été et restera toujours aux côtés du président Bouteflika, à
l'APN, au Sénat et dans tous les domaines. Le programme du Président consacre
la stabilité et la sécurité dans le pays''. Ould Abbès, à qui on a posé la question de succéder à Saadani juste avant le début des travaux du CC, avait
répondu qu'«on a appris que rechercher des responsabilités est une trahison et
ne pas les accepter est une trahison aussi». C'est clair, il est partant pour
occuper autant l'intérim de Saadani que le reste du
mandat en cours. Il devra cependant être confirmé par une décision du BP du
parti. Une simple formalité. Député entre 1982-1992, Ould
Abbès a, depuis l'élection en 1999 du président Bouteflika,
été successivement nommé ministre de la Santé et de la Solidarité nationale
entre 1999 et 2012, alternativement. Sénateur du tiers présidentiel, il siège
au Conseil de la Nation. Sa mission est simple: réunir
sous la même bannière «les frères-ennemis», redonner sa crédibilité au FLN à
l'approche des prochaines élections législatives et les remporter si possible.
Et avant de partir, Saadani a appelé la classe
politique à une concurrence «loyale» et «positive» lors des prochaines
échéances électorales. «La concurrence politique doit être loyale et positive
dans le souci d'apporter une plus-value dans tous les domaines», a-t-il dit,
avant de fustiger les déclarations de certains politiques français comme des
manœuvres politiciennes de la course à la présidentielle en France.