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L'arrivée du Gaz
Naturel Liquéfié (GNL) américain suivi du nouveau venu Australien va certainement
changer les donnes du marché mondial du gaz. En ambitionnant de devenir
exportateur, les Etats Unis, pays du tout privatisable, contribuera à
l'unification d'un marché déjà fortement perturbé par la baisse du prix du
baril sur lequel il est indexé. Les nouveaux acteurs et directeurs du marché
gazier œuvreront pour libéraliser les prix auquel cas se posera la question de
l'avenir des contrats longs termes et les investissements consentis dans les
infrastructures non encore amortis et celles en perspective. Pourquoi les pays
comme l'Algérie continuent à défendre les liens de longues échéances avec ses
clients ? Que risqueront ?ils dans le cas d'une libéralisation effective ? Doit
?on craindre une bulle de GNL ? Les prix du gaz en Europe vont ?ils baisser ?
1-Les Etats-Unis vont rentrer au marché avec de nouvelles intentions D'abord, parce que les volumes à venir sont colossaux : les cinq usines de liquéfaction actuellement en construction outre-Atlantique vont représenter une production de 65 millions de tonnes par an d'ici à fin 2018. C'est presque l'équivalent d'un des plus gros producteur du gaz des pays de l'OPEP. Par ailleurs, les exportations américaines sont basées sur un modèle totalement différent de ce qui se faisait jusqu'à présent. Alors que les opérateurs des usines de liquéfaction en Algérie et ailleurs ont pré-vendu la quasi-totalité de leur production sur le long terme (20 ans par exemple), à des utilisateurs finaux et à des prix indexés sur le cours du pétrole, les exploitants américains comme Chainière n'ont pré -cédé qu'une partie de leur production, sans que l'acheteur soit engagé sur la destination finale, et à des prix indexés, eux, sur le prix du gaz aux Etats-Unis. Plus « flexibles », les contrats permettent de diriger le GNL américain vers les marchés les plus rémunérateurs. Un changement majeur, alors que les marchés du gaz sont aujourd'hui très cloisonnés dans trois zones, les Etats-Unis, l'Europe, et l'Asie -avec des prix très différents. Compte tenu des nouvelles productions de GNL à venir, les différences de prix entre les trois grands marchés auront tendance à s'estomper à l'horizon 2019, notent certains analystes . Aujourd'hui, ces prix sont encore éloignés : le gaz vaut 2,4 dollars par million de BTU (british thermal unit, l'unité de référence) (01) aux Etats-Unis, 4,7 dollars en Europe, et 6,5 dollars en Asie. Or les marchés vont voir arriver non seulement le GNL américain, mais aussi la production de grands projets en Australie (Gorgon, Gladstone, Wheatstone, Ichtys, etc.), qui représenteront eux aussi 60 millions de tonnes supplémentaires d'ici 2020. Des volumes qui contribueront à fluidifier et unifier le marché mondial du gaz. Logiquement, les volumes exportés par les Etats-Unis fin 2018 qui permettront de produire 80 milliards de m3 pourraient couvrir 20 % de la consommation européenne, et permettront à l'Union Européenne d'atteindre son grand objectif, réduire sa dépendance au gaz russe. Mais et c'est une opportunité pour Sonatrach au prix actuel, le GNL américain n'est pas vraiment compétitif en Europe parce que certains acteurs devront supporter des pertes. Compte tenu de ces éléments, les parts de marché des fournisseurs actuels de gaz à l'Europe ne sont pas menacées. Notamment la Russie, d'autant moins que le pays dispose de capacités de production inutilisées. Une partie du gaz américain pourrait néanmoins compenser la baisse de production du gisement de Groningue, aux Pays-Bas avec -15 milliards de m3 ou la hausse de consommation liée à un retour du gaz dans la production d'électricité, s'il redevient plus compétitif que le charbon, comme c'est déjà le cas au Royaume-Uni. Le gaz naturel liquéfié (GNL) revient en Europe. Depuis deux ans, la forte hausse des prix du GNL en Asie avait détourné les livraisons initialement prévues sur le Vieux Continent : entre 20 % et 30 % des volumes étaient réexportés, principalement vers la Chine, la Corée ou le Japon. Or, depuis le mois de novembre, ces réexportations ont fortement baissé. Cette situation les ont fait tombées à 12 % en novembre, 17 % en décembre, 10 % en janvier, 4 % en février. Cette tendance devrait se poursuivre pour que les livraisons finales de GNL en Europe augmentent au total de plus de 20 % sur l'année 2017. Il faut peut être souligner que depuis environ deux ans, les prix du GNL en Asie ont littéralement dégringolé. D'abord, parce que de nombreux contrats à long terme sont indexés sur les prix du pétrole, qui ont perdu plus de 50 % en six mois. Or ces contrats représentent 72 % des volumes. Par ailleurs, les prix du GNL sur les marchés « spot » en Asie ont eux aussi plongé. De 20 dollars environ par million de BTU, ils sont tombés autour de 7 dollars, leur niveau le plus bas depuis plusieurs années, en raison du fléchissement de la demande. L'arrêt des centrales nucléaires japonaises après la catastrophe de Fukushima avait provoqué une forte hausse de la demande dans le pays, qui avait absorbé 7 % de la production mondiale de GNL. Or aujourd'hui cette croissance n'existe plus. Le ralentissement économique et la douceur de l'hiver ont aussi pesé sur la consommation de gaz en Asie. Les vendeurs, qui avaient alors délaissé le Vieux Continent, y reviennent donc aujourd'hui car les prix y ont beaucoup moins baissé. Les Pays-Bas ont réduit leur production sur leur champ de Groningue. 2-Les prix du spot se sont effondrés, une nouvelle chance de l'Algérie Le prix spot du gaz naturel liquéfié baisse de jour en jour. Cette baisse est en partie saisonnière, mais des experts craignent une bulle. Les compagnies pétrolières suivent avec attention l'évolution des prix du gaz naturel liquéfié (GNL). Car s'ils ne remontent pas sensiblement cet hiver, de nombreux grands projets pourraient devoir être abandonnés dans le monde. Le GNL a en effet vu son prix spot s'effondrer depuis prés d'une année : de 20 dollars environ par million de BTU en mars 2015, il est tombé à moins de 11 dollars ces derniers jours. Soit une chute de plus de 40 %.Une partie de cette baisse est liée à la saisonnalité habituelle du gaz naturel. La consommation étant plus faible, les prix sont naturellement détendus en été. Mais le creux est particulièrement prononcé cette année : le prix du GNL est inférieur de 26 % à son niveau de juillet 2014. Très volatils, les cours avaient flambé après la catastrophe de Fukushima en 2011, lorsque l'arrêt des centrales nucléaires au Japon avait dopé la demande. 3-L'OPEP gaz n'est pas la solution Ce Forum fabriqué de toutes pièces à l'initiative du Qatar est une organisation dissidente dans laquelle chacun des membres surveille l'autre. Les 14 membres permanents et les deux observateurs du forum ont tous privilégié leurs intérêts économiques et aucun compromis n'apparaît clairement sinon les fondamentaux de la commercialisation du gaz à savoir : le contrat à long terme et l'indexation du prix du gaz à celui des autres produits pétroliers concurrents. Or ces deux paramètres commerciaux sont plus en faveur des gros producteurs que le reste des membres. Le Qatar, la Russie et l'Iran représentent à eux seuls plus 78,42% des réserves de l'ensemble des pays du forum les restants y compris les observateurs ne pèsent à peine qu'un peu moins de 22%. Ce chiffre peut être porté à 53,2% comparé aux réserves prouvées dans le monde. Les réserves de tous ces pays réunis pèsent plus de 70% des réserves mondiales, ils assurent 40% de la production et prés de 60% des exportations. L'objectif donc de ces gros producteurs est la recherche des débouchés garantis pour placer leur gaz quitte à casser le prix comme l'a déjà fait la Russie. Les Russes ont des difficultés de s'imposer face au scepticisme de nombreux pays Européens et commencent donc à perdre du terrain et à travers ce forum, ils cherchent un moyen de pression. Ainsi, le gaz russe qui arrive en Europe a perdu près de 6% en 2016 pour se stabiliser autour de 701,5 milliards de m3, à cause du ralentissement des activités dans les principales zones de consommation européennes et dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui concentrent ensemble la plus grande partie des flux gaziers internationaux. L'Iran qui vient de normaliser ses relations avec l'occident se fixe comme objectif de récupérer ce qu'il a perdu durant la période des sanctions auxquelles il a fait face. Comment peut-il donc adopter une position conciliante dans de telles assises? Le Qatar quant à lui entretien des relations au contour trouble avec presque tous les pays qu'il fréquente. Sa crédibilité est remise en cause et les derniers événements dans son palais (abdication) ont confirmé l'influence des Etats-Unis dans la démarche politique qu'il mène. Or les Etats-Unis n'ont aucun intérêt pour le moment de voir les prix du gaz augmenter pour poursuivre leur offensive de compétitivité à l'exportation. En ce qui concerne l'Algérie dont le gaz représente en volume des parts importantes de ses exportations, la?situation semble s'empirer de plus en plus. En effet, la section parisienne de l'association Cedigaz n'a pas mis les gants pour présenter dans son rapport une analyse pessimiste du marché du gaz. Il est indolent à cause de croissance y compris dans les pays asiatiques et surtout d'un stock jugé très élevé. Or l'OPEP ne semble pas s'inquiéter outre mesure puisqu'elle tergiverse sur le gel de production en commençant par des disputes sur la production du dernier mois. La tricherie a déjà commencé en Irak et au Venezuela. Tout cela au détriment de ses recettes et de la perspective d'une croissance fictive. Donc, chacun des membres actifs traîne un caillou dans son soulier, comment peut-on concevoir qu'il contribue à réorienter la tendance actuelle du marché gazier ? 4-La vraie orientation de l'Algérie est ailleurs Le marché Européen qui intéresse plus particulièrement l'Algérie se trouve dans une situation duale. Avec d'un côté les prix spot sur le marché Britannique et de l'autre côté les prix influencés par les produits pétroliers dans le continent. Le gazoduc reliant la Belgique à l'Angleterre joue désormais d'arbitre entre les deux prix. La tendance est donc vers des nouveaux délais contractuels sur le marché du gaz ne dépassant pas les dix ans et la clause « take or pay » laissera la place au « take or release » avec la possibilité justement de vendre les excédents sur le marché spot dont le prix de référence dépend de l'équilibre de l'offre et de la demande. Le Forum des pays exportateurs de gaz élude de toute évidence les vraies questions : à quand un prix mondial du gaz naturel et sa transformation en prix directeur de l'énergie. N'a-t-on pas reconnu que le gaz est l'énergie du troisième millénaire ? Il aurait pu aussi accentuer sur la problématique de la prééminence du gaz naturel sur le pétrole comme énergie directrice. 5-Les atouts de l'Algérie L'Algérie investit depuis 1963 dans des infrastructures diverses : recherche, extraction, transport, liquéfaction et traitement divers. Son objectif est la valorisation de son gaz et ne trouve nullement son compte dans ces assises. Elle maîtrise les quatre procédés de liquéfaction et en dispose des unités pour cela. Tout le pôle Oranais est dédié à ce genre d'activité dont la première unité de liquéfaction (Camel) a été lancée en 1964. Elle s'est fortement expérimentée dans les différents modes de transport et en dispose de filiales spécialisées pour cela. Des sommes considérables ont été investies dans des infrastructures portuaires. Ces efforts ont fait d'elle et à travers, sa société nationale Sonatrach la première compagnie en Afrique, classée 12éme dans le monde. Elle est le 4éme exportateur mondial de GNL, 3éme en GPL et 5éme en gaz naturel. En plus, sa position géographique fait d'elle un carrefour privilégié pour le développement de l'industrie du GNL. L'Algérie se trouve en effet sur une ligne optimale entre le bassin atlantique et le bassin pacifique. De part sa position, l'Algérie est en mesure de saisir les opportunités de marché qui s'offrent à elle tant à l'Est qu'A l'Ouest de la planète. Avec son partenariat avec BP (d'Isle of Graine), l'Algérie va pouvoir retourner sur le marché britannique et renforcer sa position sur le bassin Atlantique. Elle est présente dans l'amont gazier de Camisea au Pérou. Ce palmarès devra l'encourager et l'inciter à fréquenter des forums à la recherche des voies et des moyens pour : monter des partenariats afin de vendre son savoir faire et lancer les jalons de l'après pétrole, transformer son gaz pour créer de la valeur ajoutée tenter de s'intégrer dans la distribution du gaz en Europe, vendre là où le prix est le plus haut pour valoriser son gaz et non le brader quitte à le laisser dans le sous sol. Il faut souligner par ailleurs que de nombreuses études ont annoncé le pic-oïl dans les dix années à venir. Il pourrait avoir pour effet de favoriser une utilisation de plus en plus concentrée du pétrole brut dans son débouché naturel c'est-à-dire le secteur de transport. Le gaz naturel au contraire « s'épanouit » dans l'ensemble des secteurs domestiques, industriel, production d'électricité et de façon certes plus modérée : le transport (Gas- to- liquid par la filière Fischer Tropsch), et ceci sans compter bien entendu sa rareté puisque les réserves vont en diminuant si l'on croit Hubbert. (02) . Le gaz naturel aura ainsi une certaine légitimité pour devenir la référence du marché. L'Algérie devra donc éviter de perdre son temps dans des réunions ambiguës de ce genre et tenir compte de ces nouvelles donnes pour asseoir une stratégie à même de lui permettre de garantir un avenir pour les générations futures et surtout de ne pas s'écarter de ses fondamentaux. Elle doit tout faire pour concrétiser l'accord avec l'UE en faisant valoir ses atouts de proximité * Consultant et Economiste Pétrolier Renvois (01)- MMBTU : 1 million de BTU= 1,054615 Giga joules et 1 G Joule= 26,8 m3 (02) : Marion King Hubbert : géophysicien qui a suggéré en 1940 que les réserves du pétrole arrive à un pic puis commence à diminuer |
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