Le
Plan anti-cancer 2015-2019, qui devait entrer en vigueur en 2015, est «activé»
et sa mise en oeuvre a commencé, a annoncé, hier,
mercredi, le Professeur Messaoud Zitouni, chargé par
le Président Bouteflika de le piloter. Le Pr Zitouni
a précisé, dans une intervention à la radio nationale, à l'occasion du «Mois du
cancer» qui correspond au mois d'octobre, que «le Plan (national) anti-cancer
2015-2019 entre dans sa mise en œuvre», et cette phase « est la plus cruciale»,
car c'est celle de «son application, et elle est en très bonne voie, vu
l'engagement des plus hautes autorités de l'Etat et leur intérêt pour la lutte
contre le cancer.»
Ce
plan, a t-il rappelé, a été adopté en Conseil des
ministres, le 24 mai 2015, « ce qui a donné un nouvel élan à la mise en oeuvre de ce plan. « Plus concrètement, la première phase
de ce plan de lutte anti-cancer a démarré, selon le Pr Zitouni,
« il y a six mois, à travers trois types de réalisations:
mise en place d'une organisation générale multidisciplinaire, avec la mise en
place de la Commission nationale de mise en oeuvre et
celle d'évaluation, constituées d'experts pour juger des réalisations. » Et,
déjà, il estime qu' « il y a un certain nombre de réalisations très
encourageantes, comme la radiothérapie, ou la formation » des spécialistes pour
la prise en charge des malades. Pour le Pr Zitouni,
l'incidence du cancer ne fait qu'augmenter » (depuis 50 ans, dans le monde,
pour 3 raisons essentielles: le vieillissement des
populations, leur changement de comportement et notamment la consommation du
tabac et une mauvaise alimentation, et enfin, il y a la complexité de cette
maladie, qui implique sa prise en charge et donc son traitement. » En Algérie,
il estime que le nombre de cas de cancer est en augmentation, et va au-delà des
48.000 nouveaux cas, chaque année. Avec une prévalence du cancer du sein
(10.000) suivi par le cancer du colon (4.000) et
celui du poumon (3.500). « Il y en a même qui disent qu'on peut aller jusqu'à
50.000 nouveaux cas, annuellement », a-t-il indiqué, avant de souligner que les
chiffres exacts sur le cancer, en Algérie, seront connus dans une semaine, dont
les nouveaux cas. « C'est une réalité qui doit être prise en compte pour sa
prise en charge», a-t-il rappelé, relevant que les cancers les plus répandus,
en Algérie, correspondaient, il y a 20 ans à ceux dépistés dans les pays en
développement. Mais, depuis quelques années, précise-t-il, il y a une
prédominance de quatre types de maladies comme le cancer du sein, de la
prostate, du poumon et du colon, «ce sont quatre types, qui correspondent à
ceux des pays développés, comme celui de l'intestin qui se développe,
rapidement avec le changement d'alimentation, de manière malsaine, des
Algériens, qui favorise cette pathologie. » Pour le cancer du sein, il a
indiqué qu'il y a 12.000 nouveaux cas chaque année. Il précise, en outre,
l'installation d'une Commission nationale de dépistage du cancer du sein. « Il
y aura des zones pilotes pour cela dans les prochaines semaines », a t-il expliqué, avant de relever que le budget alloué au
plan anti-cancer est de 200 milliards de dinars, soit environ 40 à 50 mds de
dinars par an. «L'Etat a mis en place un fonds spécial pour la lutte contre le
cancer, et les bonnes volontés sont appelées à contribuer à cet effort
financier », a appelé le Pr Zitouni. Si « on est bien
loin de la crise de 2011, en termes de prise en charge, en matière de
radiothérapie », le Pr Zitouni reste lucide en
déclarant qu'il y a, là encore, « beaucoup de retard à rattraper dans la prise
en charge des cancéreux. » Pour autant, « nous avons programmé 20 nouveaux
centres anti-cancer, mais ils ne sont pas ouverts. En 2016, on aurait du ouvrir 5, dont ceux de Tlemcen, Sidi Bel- Abbes, Béchar,
Adrar. » « Ce retard va avoir un effet sur les malades, et on est encore loin
des standards internationaux en matière d'équipements, comme les accélérateurs
pour la radiothérapie », estime t-il. Car pour lui, «
le vrai problème concerne la radiothérapie, en Algérie, et depuis 2013 on
plaide pour l'installation de services de radiothérapie dans les grands CHU ou
hôpitaux. Il sera plus facile et plus rentable d'installer des services de
radiothérapie, plutôt que des centres anti-cancer multidisciplinaires, plus coûteux
et lourds en termes d'équipements », affirme le Pr Zitouni
qui précise que « c'est ce que nous sommes en train de préconiser. »