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Rétablir
ou abolir la peine de mort? C'est la question qui a
été débattue, hier, à l'hôtel Sofitel par différents intervenants à la
conférence-débat organisée par Amnesty International à l'occasion de la journée
mondiale contre la peine de mort. Il faut admettre que les kidnappings et
assassinats d'enfants ces dernières années ont relancé le débat sur
l'application de la peine de mort. Faut-il le rappeler, même Ahmed Ouyahia s'est dit favorable au rétablissement de la peine
de mort, après la vague d'indignation qu'a suscitée la disparition et le décès
de la petite Nihal dans la wilaya de Tizi Ouzou.
Les avis divergent, certains conférenciers se sont dits pour l'application de la peine de mort uniquement à l'encontre des auteurs de crimes et kidnappings d'enfants, d'autres au contraire militent pour son abolition, se disant pour « la justice » et non pour la « vengeance ». Du côté des défenseurs de la peine de mort, l'on trouve Ammar Khababa, avocat et défenseur des droits de l'homme qui a estimé que l'abolition de la peine de mort en Algérie est en contradiction avec les valeurs du peuple algérien musulman et elle est en contradiction avec la demande du peuple, qui a exigé la réinstauration de la peine de mort après la série d'assassinats et kidnappings d'enfants . Khababa précise que dans la Constitution, l'islam est la religion de la de la République algérienne. Et d'ajouter que les auteurs de l'homicide volontaire sont passibles, selon le Coran et la charia, de la peine de mort, sauf dans le cas où la famille de la victime pardonne. Pour l'avocat, le texte coranique est clair, précisant que l'Algérie a appliqué, depuis 1993, un moratoire sur les exécutions, en raison de la situation sécuritaire qui a prévalu à cette époque, « mais cela ne veut pas dire qu'aujourd'hui l'Algérie est obligée d'abolir la peine de mort ». Il souligne que depuis quelques années des campagnes mondiales animées par des ONG et des associations internationales militent pour que notre pays abolisse la peine de mort. Et d'ajouter « ils dénoncent l'application de la peine de mort contre des criminels, mais ils évoquent timidement les tortures et les crimes que subissent les Palestiniens au quotidien ». Du côté des abolitionnistes, on retrouve Saïd Djabelkhir, islamologue et chercheur en soufisme qui a plaidé pour une juste lecture du verset coranique concernant le quissas et l'application de la peine de mort, en affirmant que le texte coranique lui-même a évolué et « tel qu'on le lit maintenant, il n'a pas été toujours comme ça », a-t-il souligné. « Il y a des versets qui ont été supprimés, selon Sahih El Boukhari, des versets qui n'ont pas été inscrits dans le livre El Lokman ». Il affirme qu'un verset de sourate El Baqara dit que « si en abrogeant un verset quelconque, ou que nous le fassions oublier, nous apportons un meilleur ». Pour le conférencier, le Coran ne peut être lu et interprété que dans son contexte. « Dieu a écrit le Coran dans son histoire, pas avant son histoire et non pas après », d'où la nécessité d'El Idjtihad dans la religion musulmane. Pour le conférencier, si on n'arrive pas à accepter que le Coran soit temporel, on restera toujours en déphasage par rapport à la réalité et par rapport au monde. Et d'insister « le juriste musulman a le droit, dans le cadre d'El Idjtihad, de suspendre des textes même du Coran qui ne répondent plus aux besoins et aux questionnements de la société, en l'occurrence le verset relative à l'application de la peine de mort. » Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie, a pour sa part plaidé pour l'abolition de la peine de mort en précisant que son application dans certains pays n'a pas dissuadé les criminels. Elle a également précisé qu'une justice qui tue n'est pas une justice. Elle se dit pour « une justice et non pour la vengeance ». En réponse aux accusations de l'avocat Khebaba, elle précise que « l'idée de militer contre la peine de mort m'est venue à l'esprit dès mon jeune âge, depuis que j'ai commencé à me documenter sur la révolution algérienne et le nombre élevé d'exécutions appliquées sur des jeunes Algériens par le pouvoir colonial ». Et de poursuivre « je ne suis pas manipulée par des instances étrangères ». Elle est allée s'interroger «est-ce qu'on peut garantir un procès équitable et en respectant les procédures pour tout le monde, c'est-à-dire pour les riches et les pauvres ? », là est la question, selon Oussedik Hassina. Un intervenant dans la salle affirme qu'en fait, si on applique la peine de mort sur l'auteur d'un crime, on rend justice à la famille de la victime et non pas à Dieu. Et d'ajouter que dans le Coran, Dieu précise qu'on peut renoncer à l'application de la peine de mort si la famille pardonne. Autrement dit, on doit en principe cultiver le principe du pardon au lieu de s'obstiner à appliquer la peine de mort, a-t-il conclu. |
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