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RND: Les opposants à Ouyahia reviennent à la charge

par Ghania Oukazi



Le secrétaire général du RND animera, aujourd'hui, une conférence de presse, au moment où ses dissidents s'apprêtent à reprendre leurs actions pour lui tenir tête, notamment en prévision des législatives de 2017.

C'est, certainement, un choix de calendrier bien arrêté pour que les deux clans croisent le fer. Il faut avouer que les législatives emballent tout le monde et ouvrent les voies à tous les appétits y compris les plus rassasiés. Les avantages du «mandat» sont tellement importants que ces joutes ont toujours mis en évidence les oppositions les plus féroces. Les défis sont lancés et les arènes ouvertes.

Si Ahmed Ouyahia s'apprête à animer, aujourd'hui, une conférence de presse pour, en évidence, répondre comme à son habitude, à toutes les questions qui se posent sur la scène, ses dissidents ont pris, quelque peu, les devants et se sont réunis jeudi dernier, pour coordonner leurs positions, leurs propos et leurs actions, en vue de «lui montrer qu'il n'est pas le seul à appartenir au RND. » Le mot d'ordre des actions de contestation à venir ne visent, cependant, pas, pour cette fois du moins, sa destitution mais bien la préparation des élections législatives, avec en prime le choix des candidats.

Le secrétaire général du RND vient de lancer, pour un avant-goût, son premier tir contre un ministre de son propre parti. Il a chargé son porte-parole, Seddik Chihab, pour viser le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, sur «la nullité» de sa déclaration à propos d'un éventuel retour de l'importation des véhicules de moins de trois ans. Déclaration qui -pour des raisons qui restent inconnues à ce jour- n'a pas énervé que le RND mais tout le gouvernement, si l'on se réfère aux «recadrages» faits à ce sujet par le ministre de l'Industrie et des Mines. Mais que ce soit Belaïb ou Bouchouareb, tous les deux veulent prendre leur revanche sur un Ouyahia qui n'a jamais été en odeur de sainteté avec eux.

«Un RND contre un RND»

Cependant, si Bouchouareb reste tapis dans l'ombre de la dissidence, Belaïb lui, s'est déclaré, il y a longtemps, comme étant un «farouche» adversaire du SG du RND.

Pour cette fois, la dissidence contre Ouyahia veut s'élargir à tout le territoire national. C'est « le comité national des dissidents » qui la dirige et qui, en principe, rendra public un communiqué, incessamment, pour rappeler à son existence et à sa volonté de se repositionner, au sein du RND. Le Comité est composé de 17 personnes, toutes issues du RND, dont les plus en vue, le Pr Moustapha Yahi (directeur du Centre de recherche), Kamel Zoghbi, président du Syndicat national des chercheurs, Yahia Guidoum, ancien ministre de la Santé, membre du Conseil de la Nation, Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'UNFA. «Nous allons prendre contact avec tous les membres du RND dissidents à Ouyahia, à travers les 48 wilayas et ils sont bien nombreux, » nous dit-on au Comité. « Ouyahia a mis dehors tous les membres fondateurs du RND et tous les militants de bonne foi, il s'est arrangé pour éliminer des rangs du parti, toute voix discordante pour n'agir qu'à sa guise, » nous disent des dissidents. Ils précisent, alors, que leurs actions sont, désormais, celles d'«un RND contre un RND. » Leur objectif premier : «nous voulons mobiliser nos militants, en prévision des législatives, pour éviter qu'Ouyahia ne recourt aux exclusions et marginalisations qu'il veut, comme il l'a fait, lors de la préparation du dernier congrès. » Les membres du Comité veulent, cependant, faire preuve de «sagesse» et comptent tenter de rassembler « tout le monde ». Ils affirment ainsi que « nous voulons ramener Ouyahia à de meilleurs sentiments, nous voulons ouvrir les voies du dialogue et s'entendre sur la préparation des locales et des législatives à venir, parce qu'il n'a aucun droit de mener le parti en rangs dispersés à ces RDV. »

Les dissidents tiennent, par ailleurs à « répondre à Ouyahia sur ce qu'il a dit sur Bakhti Belaïb. » Ils estiment que « nous nous devons de défendre le ministre du Commerce parce que c'est un ministre RND, Ouyahia se doit de s'exiger un minimum de discipline partisane, quand il s'agit de défendre les responsables RND, en poste dans les institutions, qu'ils lui soient dissidents ou pas. »

Ouyahia «un excellent exécutant du FMI»

Les membres du Comité national des dissidents pensent qu'au « lieu d'accuser qui que ce soit, Ouyahia doit se rappeler que c'est lui qui a mis à genoux l'économie. » Ils ne se privent pas de noter qu'il était chef du gouvernement quand le Fonds monétaire international avait imposé à l'Algérie la fermeture d'un nombre effarant d'entreprises publiques et le renvoi de milliers de travailleurs pour «raison économique» disait-on, dans les années 90. Ils qualifient le SG du RND d'«excellent exécutant du FMI» parce qu'à l'époque, rappellent-ils, «il exigeait de ses collaborateurs de lui remettre, à chaque fin de journée, la liste des EPL (entreprises publiques locales) et EPE (entreprises publiques économiques) qui devaient être fermées sur injonction du FMI, il éprouvait un malin plaisir à en voir le nombre grossir, de jour en jour. » Ils estiment que «jamais gouvernement n'avait procédé aux fermetures des entreprises publiques et aux licenciements des travailleurs comme l'a fait celui dirigé par Ouyahia, sous le prétexte fallacieux des conditionnalités du FMI, mais les gouvernants de l'époque ne se sont pas cassés la tête pour en repêcher les plus importantes, ils ont choisi la facilité pour arriver jusqu'à la ponction sur les salaires.» Il est vrai que le cas de la CNEP est édifiant à cet effet. Ouyahia avait demandé le lancement du processus du solde de cette caisse sur demande du FMI alors que ses responsables avaient, très vite, proposé un plan de repêchage qui a permis à la CNEP de fonctionner à ce jour. Mais ceci est une autre histoire, celle d'une gestion d'un pays qui ne concerne pas que le SG du RND et qui n'a pas fini de dévoiler ses frasques...