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L'Algérie
compte à peu près 100.000 migrants subsahariens qui vivent, selon Leila Berratto, journaliste à RFI et qui travaille depuis 2 ans
sur la situation des migrants en Algérie, dans des conditions déplorables,
voire inhumaines. Invitée hier, par ?Amnesty International' à témoigner, la
journaliste a affirmé que les migrants subsahariens ont fui leur pays
d'origine, notamment le Mali , le Niger, le Cameroun
et la Guinée, parfois pour des raisons économiques, d'autres pour des raisons
politiques. Et d'autres, encore, fuient leur pays en raison des conflits armés.
Mais, pour la journaliste « peu importe les raisons, c'est la situation
d'accueil des migrants qui doit nous interpeller, en tant que responsables
politiques et en tant que société civile ».
La conférencière a relevé, dit-elle, selon les déclarations recueillies auprès des migrants qu'en l'absence d'un statut de réfugiés, tant réclamé par Amnesty International, les migrants subsahariens vivent dans des conditions très pénibles. Ils vivent, régulièrement, aux rythmes des insultes, de la violence, des viols à l'encontre des femmes. Les conditions de vie sont déplorables à plus d'une titre, selon la journaliste. «Certains migrants, vivant dans le sud du pays, à Tamanrasset, Ouargla et Béchar sont en fait regroupés dans des chantiers, là où ils travaillent ». Ce sont selon la conférencière, des hommes et des jeunes venus des régions subsahariennes à la recherche d'emploi. A Oran, affirme-t-elle, les migrants vivent dans des bidonvilles ou l'insalubrité est très pesante. A Alger, ils occupent des constructions non achevées situées dans la périphérie, dont les propriétaires n'arrivent pas à louer à des Algériens, ils les louent à des migrants. Elle résume en précisant que les migrants occupent des maisons de fortune dépourvues des commodités si nécessaire pour l'être humain. «Des endroits où il y a peu d'eau, peu d'évacuations et peu de lumière». Elle fait remarquer, en outre, que les migrants subsahariens sont contraints d'accepter de travailler dans l'illégalité, par le fait qu'ils sont, vis-à-vis des autorités algériennes, en situation irrégulière. Ils sont embauchés généralement, dans des projets de construction et pour l'agriculture, sur la base d'un accord informel, conclu entre l'entreprise qui embauche, les entrepreneurs et les services de sécurité. Un accord informel qui les prive de leurs droits, en tant que travailleur, que ce soit pour le salaire ou pour la sécurité sociale. Mais, précise Leila Berrato, l'Algérie demeure le pays de destination idéale pour ces migrants par rapports aux pays voisins, notamment en matière d'emploi. Elle a également précisé qu'il y a eu, ces deux dernières années, une certaine prise de conscience que ce soit de la part des autorités et de la société civile. «On remarque qu'il y a une certaine tolérance dans la société, aujourd'hui, on ne renvoie plus des femmes subsahariennes qui viennent accoucher dans les structures de santé, la prise en charge des migrants subsahariens se fait sans problème dans les hôpitaux, contrairement aux années précédentes», atteste-t-elle. Et de préciser qu'en matière de scolarité, la loi algérienne permet la scolarisation des migrants et des réfugiés, sans aucun problème, même pour ceux qui sont en situation irrégulière. «Mais, s'il n'y a pas un engouement sur les écoles, c'est parce que les familles de migrants subsahariens ont peur des clichés au sein de l'école, et parfois ils ont peur que leurs enfants n'arrivent pas à s'adapter par le fait que l'enseignement se fait en arabe». Elle appelle à la mobilisation de la société civile pour aider les migrants subsahariens, et l'ensemble des réfugiés à avoir des conditions de vie acceptables et les aider à inscrire leurs enfants dans les écoles algériennes. Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie, a plaidé pour plus de protection à l'égard des migrants et des réfugiés, tout en réprimant précise-t-elle, tout migrant qui tente de sortir de l'Algérie avec des faux papiers pour Europe ou vers d'autres pays. Elle exhorte, les autorités algériennes à adopter une législation nationale pour l'application de la Convention internationale de 1951, relative au statut de réfugiés et de son protocole de 1961. Amnesty international plaide, en outre, pour une législation algérienne d'Asile. Sachant qu'en l'état actuel des choses, et selon Amnesty International, seul le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), affilié à l'ONU, délivre le statut de réfugiés, exclusivement aux migrants fuyant les zones de conflits. Appel à un soutien financier aux pays d'accueil Au plan international, Amnesty appelle les Etats, notamment les pays riches à augmenter leur contribution financière au profit des pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés en citant la Jordanie, la Turquie et le Liban. Amnesty international dénonce dans son rapport, l'égoïsme des pays riches qui ne fait qu'aggraver la crise des réfugiés, au lieu de la résoudre. Les membres d'Amnesty précisent que les pays riches font preuve d'une totale absence de volonté politique et de responsabilité en laissant seulement 10 pays, qui représentent moins de 2,5 % du PIB mondial, accueillir 56 % des réfugiés de la planète. Un désengagement flagrant, au moment où, précise le rapport, qu'une grande partie des 21 millions de réfugiés, à travers le monde, vivent dans des conditions insupportables. Amnesty plaide, aussi, pour l'augmentation du nombre de places de réinstallation, appelant les Etats qui mènent actuellement des programmes de réinstallation à augmenter leur nombre des places qu'ils offrent chaque année. |
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