Qui se souvient de la bataille
d'El Djorf ? Une bataille à propos de laquelle disait
le chahid Larbi Ben M'Hidi
en s'adressant aux colonisateurs pendant son procès «on vous a donné une leçon
à El Djorf». On vient de commémorer cette bataille
décisive 61 ans plus tard pour rendre hommage aux nombreux chahids
tombés au champ d'honneur. Après la bataille d'Oum Kmakem,
deux mois auparavant et celle du Nord-Constantinois le 20 août 1955, menée par
le stratège Youcef Zighoud, vint donc la bataille
d'El Djorf, dans l'Aurès- N'mmancha,
une bataille féroce d'une semaine (22-29 septembre 1955), opposant d'un côté
l'armée française suréquipée, une armada, avec des renforts venus de partout,
de Khenchela et El Oued, notamment, et de l'autre un
groupe de moudjahidines peu armés, mais très convaincus de la justesse de leur
cause. Des hommes qui allaient ébranler l'ennemi par leur résistance sous la
conduite du chahid Bachir Chihani.
Et le moudjahid Si Louardi Gattel,
aujourd'hui encore vivant témoigna à la revue de l'Armée «El Djeich», il y a quelques années sur l'encerclement d'un
groupe de djounoud dans un oued d'El Djorf, à une centaine de km, au sud-ouest de Tébessa. Lui
qui connaissait bien la région, au moment où un autre groupe de moudjahidine
arriva des frontières tunisiennes avec armes, munitions et nourritures,
permettant au groupe encerclé de tenir, malgré le harcèlement continu des
bombardements de l'armée française, utilisant artillerie lourde et aviation.
D'autant plus que l'armée coloniale usa de gaz de combat interdit. Et à ce
moment débuta le long siège d'une semaine. Bachir Chihani
et ses compagnons opposèrent à l'adversaire une héroïque résistance qui allait
augmenter leur détermination. Aujourd'hui, en évoquant cette bataille, à
travers une commémoration, les différents intervenants au cours d'une
conférence nationale qui s'est déroulée à l'université Cheikh Larbi Tébessi de Tébessa ont voulu redonner à cet événement sa
portée et sa dimension nationale. Le secrétaire national de l'Organisation
nationale des Moudjahidine et ex-ministre Said Abadou parla dans son récapitulatif des faits marquants de
la révolution nationale, de toutes ces étapes aussi importantes les unes que
les autres et qui allaient aboutir à la brisure du joug colonial. «La bataille
d'El Djorf faisait partie de ce processus révolutionnaire,
les jeunes doivent le savoir, car de ce sacrifice et d'autres est née l'Algérie
indépendante».