Comme
il fallait s'y attendre, les premiers à avoir réagi au retour de l'importation des
voitures d'occasion ont été les concessionnaires. Dans un communiqué publié
hier, leur représentant, l'Association des concessionnaires automobiles
algériens (AC2A), dresse un tableau peu reluisant de la situation du marché
automobile en énumérant les risques de déstabilisation entre paramètres
économiques et techniques.
En
effet, pour l'AC2A, qui regroupe une quarantaine de concessionnaires, la levée
de l'interdiction de l'importation des véhicules de moins de trois ans sans
concertation avec les professionnels du secteur et sans cadre règlementaire
précis, risque de déstructurer un marché sérieusement entamé par les quotas
d'importation imposés par le gouvernement. L'Association cite, entre autres
menaces, l'absence de traçabilité technique du véhicule assurant une conformité
totale et sans faille avec les normes algériennes. Elle met en garde également
sur l'absence de garantie technique du véhicule et les risques sécuritaires et
de santé publique qui peuvent en découler. Les concessionnaires soulignent
aussi l'absence de traçabilité des flux financiers assurant un contrôle des
masses monétaires mais aussi une bancarisation évitant ainsi les écueils de
l'informel et se désolent de l'absence de collection de taxe au profit de
l'Etat. A propos des dangers de cette mesure, l'Association cite le risque sur
la préservation de l'emploi expliquant que le secteur de l'automobile organisé
et structuré représente plusieurs dizaines de milliers d'emplois directs et
plus de cent mille emplois indirects. L'industrie automobile risque aussi
d'être fragilisée, affirme le communiqué qui évoque aussi les dérives attendues
en opposition à la politique de quotas, nécessaire dans l'environnement actuel,
laissant se développer un marché parallèle incontrôlable. Les points
d'interrogation des concessionnaires ne manquent pas. Et de s'interroger sur le
contrôle des sources d'approvisionnement et de leurs prix de référence,
laissant apparaître le risque de dérives multiples et nombreuses, en opposition
à un secteur structuré et contrôlé assurant son rôle de créateur d'emplois et
de richesse. Rappelons que dans le cadre de la loi de finances 2017, le
gouvernement a décidé de lever l'interdiction sur l'importation des voitures de
moins de trois ans décidée en 2005 par le chef de l'Etat. Le ministre du
Commerce, Bakhti Belaïb, a
déclaré au forum d'El Moujahid que le gouvernement
prépare un nouveau cahier des charges pour réglementer le marché de l'occasion
et éviter toute importation de véhicules représentant un danger. Par ailleurs,
l'Etat veut organiser le marché des véhicules d'occasion alors que
l'avant-projet de la loi de finances 2017 comporte une disposition relative à
l'institution d'un régime fiscal sur la marge pour les opérations de vente et
de livraison de biens meubles d'occasion et assimilés, et notamment les
véhicules d'occasion. Officiellement, l'objectif recherché par la mise en place
de la taxation sur la marge, est-il expliqué dans l'exposé des motifs, est de
«contribuer à l'organisation du marché de l'occasion, notamment celui concernant
les véhicules automobiles et permettre également aux entreprises concernées de
développer ce segment d'activité afin de réduire progressivement le marché
particulier des ventes de biens d'occasion et d'assurer à l'Etat des recettes
supplémentaires tout en protégeant le consommateur».