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Il a fallu
au Russe Sergueï Lavrov et à l'Américain John Kerry plusieurs rencontres dont
la dernière aura duré pas moins de quinze heures pour convenir d'un nouveau
plan de cessez-le-feu en Syrie. Il est à espérer que le temps mis par les deux
négociateurs à s'accorder sur cette initiative russo-américaine leur a permis
d'aplanir leurs divergences de vue dont la persistance a permis aux
protagonistes dans le conflit syrien d'en jouer pour ne pas respecter les
précédents cessez-le-feu décrétés après concertation par la Russie et les
Etats-Unis.
Il semble que cette fois Lavrov et Kerry se sont entendus pour qu'il y ait une réelle supervision russo-américaine de la mise en œuvre des clauses de leur plan de cessez-le-feu et de leur observation par les parties du conflit qui bénéficient de leur soutien respectif. Il va leur falloir user de leur influence sur ces derniers. John Kerry en a apparemment convenu comme l'indique l'appel lancé par lui à l'opposition prétendument « modérée » pour la prévenir que si elle veut « garder » sa légitimité, elle doit se séparer des organisations terroristes avec lesquelles elle coopère et qui ont fini par la « phagocyter » au point que ce sont celles-ci qui lui dictent son attitude sur le terrain. Il a fallu, par mauvaise foi et calcul cynique, du temps aux Américains pour convenir que les précédents cessez-le-feu ont été lettre morte à cause que les groupes terroristes ayant pris l'ascendant sur l'opposition armée « modérée » et siphonnent en grand ses rangs. Celle-ci a été de ce fait mise dans l'incapacité de respecter les engagements de trêve auxquels elle a pourtant souscrit à chaque fois. Il faut préciser que jusque-là les Américains ont été peu intéressés par l'instauration d'un véritable cessez-le-feu car misant sur le pari que la rébellion armée prétendument « modérée » bénéficiant de l'appui des groupes djihado-terroristes et de l'aide en armement qui lui parvenait de chez eux ou de ses alliés régionaux parviendrait à bousculer les forces armées fidèles au régime voire à provoquer la chute de celui-ci, ce qui est le but primordial américain en Syrie. La tournure prise par la bataille d'Alep leur a démontré que réduite à sa propre force la rébellion « modérée » n'a pas pesée lourd devant les forces du régime. Ce sont eux qui désormais ont intérêt à l'instauration d'un cessez-le-feu qui par le statu quo qu'il imposerait aux belligérants sauvegarderait la fiction que cette rébellion « modérée » demeurerait un acteur clef du conflit syrien avec laquelle le régime devrait composer. Mais pour qu'il en soit ainsi, cette rébellion « modérée » doit se démarquer des groupes djihado-terroristes et ne pas leur servir de paravent, et pas seulement par des déclarations n'engageant que ses prétendus responsables parlant en son nom à partir de Ryadh ou d'autres capitales étrangères « amies ». Mais par des actes sur le terrain consistant à refuser de servir de supplétifs aux groupes armés terroristes pour qui la poursuite des combats seule à même de perpétuer la confusion que font les Américains et les autres puissances anti-régime dans l'aide qu'ils sont censés n'octroyer qu'à la seule rébellion « modérée » anti-régime. Pour l'y contraindre, Russes et Américains ont convenu qu'il faut mettre un terme au mélange intervenu entre elle et les groupes terroristes en opérant conjointement des frappes aériennes contre les territoires contrôlés par ces derniers. Ce qui est une façon claire de faire comprendre à cette rébellion « modérée » qu'elle risque de payer le prix fort en ne changeant pas de stratégie à l'égard de ces groupes. Le récent bombardement aérien aux environs d'Alep qui a permis la neutralisation du commandant d'Al Nosra permet d'entrevoir que la coopération russo-américaine a déjà commencé. |
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