La
rencontre informelle des pays exportateurs de pétrole membres de l'OPEP fin
septembre à Alger, en marge du 15e Forum international de l'énergie (IEF15) où
seront présents les majors du pétrole et du gaz, activement préparée par
l'Algérie, est considérée comme un moment crucial. Car l'objectif essentiel est
d'organiser cette rencontre ?'informelle'' de manière à ce qu'elle débouche sur
quelque chose de concret, un accord ou du moins des promesses fermes de gel de
la production, sinon une réduction de la production pour rassurer les marchés,
même s'il n'est pas permis de rêver face aux circonstances désastreuses dans
lesquelles évolue actuellement le marché pétrolier. Ensuite,
il s'agit pour l'Algérie de préparer cette rencontre sur le plan
technico-politique, c'est-à-dire déployer une sorte de packaging politique
minimal pour que ni Téhéran ni Ryad ne soient amenés à faire capoter cette
réunion et qu'ils mettent, durant la rencontre, de côté leurs profondes
divergences politiques pour se consacrer à l'esprit de la rencontre: des
solutions urgentes pour stabiliser les prix du brut, réduire la production et
ouvrir la voie à une relance des prix de pétrole dans un contexte international
stressé par les effets d'une trop longue période de décroissance économique.
Troisième objectif de l'Algérie, la recherche d'un prix d'équilibre du brut qui
surviendrait de cette réunion, elle-même considérée par les experts comme la
dernière chance pour que les pays producteurs se mettent d'accord sur un deal,
qui arrangerait tout le monde: mettre sur le marché
moins de brut. Oui, mais, le problème, ce sera d'ailleurs un des gros morceaux
de la rencontre d'Alger, c'est que chaque pays producteur, membre ou pas de
l'OPEP, se dit dans ses bons droits de pomper comme il voudra pour compenser
les pertes induites par un prix du baril trop bas. Et sur ce point précis, il y
a toute la tragédie de la crise politico-religieuse par guerres interposées en
Syrie et au Yémen, entre les deux poids lourds de l'OPEP:
l'Arabie Saoudite et l'Iran. Comment concilier dès lors ces deux positions
politiquement opposées et inconciliables, lorsque Ryad fait du pompage de brut
une guerre contre le pétrole de schiste américain, et Téhéran estimant avoir le
droit de recouvrer son quota d'avant les sanctions internationales? La Russie,
touchée également de plein fouet par la baisse des recettes pétrolières et la
chute du rouble, et objet de sanctions économiques de l'UE, a elle aussi toutes
les raisons pour inonder le marché.
Pour
l'Algérie, et au-delà de cette réunion, il s'agit de trouver les ressorts
nécessaires pour terminer l'année fiscale sans trop de dommages, mais avec des
déficits énormes induits par des recettes pétrolières pour 2016 de moins de 35
milliards de dollars, un tarissement du Fonds de régulation des recettes (FRR),
le bas de laine de l'Algérie, un fort déficit budgétaire et des clignotants au
rouge, même si le matelas de devises garantit un peu plus de deux années
d'importations.