José de la Mata, le juge anti-corruption de l'Audience nationale a cité à
comparaitre, pour le 14 septembre prochain, Salvador Tordera,
le DG du groupe espagnol de construction Rover Alcisa
et Adolfo Lopez, le directeur du groupe Assignia,
spécialisé dans les infrastructures, les services et les énergies
renouvelables, pour leur implication dans le dossier de corruption où ont été
cités nommément Gustavo de Arístegui, ancien
ambassadeur d'Espagne en Inde, qui a démissionné après l'éclatement du scandale
et Pedro Gomez de la Serna, l'ex-député du Parti
Populaire espagnol, au pouvoir, soupçonnés d'avoir touché plusieurs millions
d'euros de commission via leur société Voltar Lassen, suite à l'obtention de contrats publics par des
sociétés espagnoles en Amérique Latine, en Moldavie et en Afrique, plus
précisément en Algérie.
En
principe, le juge accuse les deux directeurs de délits de corruption dans les
transactions commerciales internationales, corruption, blanchiment d'argent
dans le cadre d'une organisation criminelle. Salvador Tordera
et Adolfo Lopez auraient eu recours aux bons auspices de l'ancien diplomate et
de Pedro Gomez de la Serna en échange de commissions
de 3%. Les sociétés ont payé au moins 2,4 millions de pots de vin en seulement
neuf mois. Dans cette affaire qui remonte à fin juillet dernier, et révélée
aujourd'hui, le juge constate l'existence de dizaines de contrats paraphés par
les deux sociétés avec Voltar Lassen
pour obtenir divers contrats dont la réalisation du tramway d'Ouargla. Ainsi,
le parquet de Madrid soupçonne que sur les 230 millions d'euros, montant du
projet, au moins 3% (7 millions d'euros) auraient été versés à de hauts
responsables algériens par l'entremise d'une société de consulting «Unies Consultancy Services», dirigée par les autres responsables
du PP, également dans le banc des accusés dans cette affaire, Lopetegui Suarez et Suarez Hermoso
de Mendoza. Le rapport de José de la Mata indique également qu'une société
néerlandaise, BV Castelino, aurait été utilisée pour
payer des responsables gouvernementaux algériens. En outre, la presse ibérique
indique que des sommes d'argent allant de 5.000 à 10.000 euros auraient été
transférées à travers Western Union, par les entreprises espagnoles Elecnor, Assignia et Rover Alcisa à des proches de responsables algériens impliqués
dans ce scandale et résidant en France. Selon le juge anti-corruption, les deux
sociétés espagnoles ont versé à l'entreprise de Arístegui presque trois millions d'euros sur un
compte bancaire en Espagne puis transférés vers un autre à Dubaï. Les paiements
ont eu lieu entre juin 2014 et mars à 2015. Rappelons que cette affaire a
éclaté au grand jour après des révélations faites sur un scandale de corruption
impliquant des responsables de l'Algérienne des eaux (ADE) et des politiciens espagnols.
Cristobal Tomé, intermédiaire espagnol présent en Algérie depuis 30 ans est
l'homme par qui le scandale est arrivé, reconnaissant avoir effectué des
transferts d'argent à travers Western Union aux proches de dirigeants de
l'entreprise nationale. Deux lettres adressées aux services
anticorruption espagnoles par cet ancien associé de Voltar
Lassen ont révélé l'affaire impliquant des cadres de
l'ADE. On apprend que Cristobal Tomé indique avoir versé de l'argent aux
membres de la famille de responsables de l'Algérienne des Eaux pour l'obtention
d'un contrat de construction et de montage d'une canalisation dans le cadre du
projet de station de dessalement d'eau de mer à Souk Tleta,
dans la wilaya de Tlemcen. Le contrat d'un montant de 250 millions d'euros
permettait à Arístegui et De la Serna
de toucher une commission de 1% via leur société Voltar
Lassen. Dans ses écrits datant de mars 2012,
l'intermédiaire espagnol indique explicitement avoir procédé à des versements,
la plupart effectués par Western Union vers la France et «destinés aux familles
des dirigeants de l'entreprise publique». Il explique pouvoir remettre les
justificatifs des avances qu'il a lui-même versées pour faciliter l'obtention
du contrat et demande ainsi que les sommes promises soient complétées par Elecnor. L'homme aurait d'abord payé avec son propre argent
avant de réclamer à son entreprise 575 000 euros pour compléter les versements.
Il a admis auprès des journalistes espagnols avoir payé «pour faciliter le
succès de l'opération». D'après le journal, pas moins de 2,5 millions d'euros
de commission ont été versés aux proches de dirigeants algériens pour remporter
le contrat d'un montant de 250 millions d'euros desquels 1% était prélevé par
les deux politiciens.