|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les
élèves ont repris, en ce début de semaine, le chemin de l'école. Le rituel de la rentrée des classes, avec ses retrouvailles et des
bambins arborant, fièrement leurs habits neufs ne devrait pas cacher le
véritable enjeu de cette rentrée qui s'annonce difficile, sur plusieurs
registres : primo, il y aura la mise en place de la 2ème génération de la
réforme du système éducatif qui fait face à une résistance de milieux «conservateurs»,
secundo, les organisations syndicales brandissent le retour à la contestation
et tertio, le déficit en encadrement pédagogique et administratif demeure une
réalité dans nos écoles. Si pour les élèves, le retour à l'école suscite
souvent de l'enthousiasme, chez les parents et les enseignants cette rentrée ne
sera pas de tout repos. Les parents appréhendent ce retour à l'école synonyme
pour eux de dépenses et de craintes de l'avenir. La scène se passe devant une
école primaire à Oran. Des parents d'élèves accompagnent leurs enfants jusqu'à
la porte de l'école. Ils sont aux aguets et ne quittent pas les lieux qu'après
s'être rassurés que le gardien a bien fermé le portail. «Le retour à l'école
des enfants est une épreuve pour les parents. Entre les habits, les cartables
et les fournitures scolaires, il faut débourser, au minimum, 15.000 dinars,
pour chaque enfant. Ces frais ruinent le budget des ménages, déjà malmené par
les dépenses du Ramadhan, de l'Aïd el Fitr, des
vacances et de l'Aïd el Adha. Il ne faut pas oublier
les cours supplémentaires, dont les prix dépassent l'entendement. Nombreux
parents dépensent une fortune sur les cours ?sup' devenus une nécessité, vu la
dégradation de la qualité de l?enseignement. Etre parent d'élève, aujourd'hui,
est une tâche ardue. Regardez devant cette école, il y a des dizaines de
parents qui font le pied de grue devant le portail. Le souvenir de la petite Nihal est encore vivace dans les esprits. Les gens
craignent, de plus en plus, pour leurs enfants. J'accompagne, quotidiennement,
mes bambins à l'école et parfois je déserte mon travail l'après-midi», témoigne
ce père de famille. La présence d'une brigade de police devant le portail de
cette école primaire ne semble pas rassurer les parents d'élèves. «C'est bien de
voir des policiers en faction devant les écoles, mais? ! Quand je vois
cependant ces agents de l'ordre, je me rappelle, subitement, toutes les
atrocités commises contre l'enfance», raconte amèrement ce père de famille.
Des parents d'élève se perdent dans les méandres administratifs La rentrée des classes est pour certains parents d'élèves, dont les enfants veulent changer d'école ou en ont été exclus, un moment de supplice. Ils se perdent dans les méandres administratifs et bureaucratiques et passent leurs temps dans les couloirs sombres de l'Académie, dans l'espoir de «recaser» leurs enfants. Ils sont prêts, tout même, à recourir à des moyens détournés pour inscrire ou réinscrire leurs enfants à l'école. Dimanche, première journée de la rentrée : l'Académie est assiégée par des dizaines de personnes. Des parents d'élèves, des enseignants, des retraités, des contractuels? campent, dès les premières heures de la matinée devant la porte principale. C'est le grand jour pour les agents de sécurité de cette administration qui peinent à contenir la foule. A l'intérieur c'est une véritable fourmilière : des va-et-vient incessants des personnes qui s'agitent dans tous les sens, du brouhaha, des cris et des injures. Au deuxième étage de cette administration, la foule s'agglutine devant le service de l'Organisation pédagogique (OP). La tension est palpable sur les visages. Un homme en colère profère des invectives : «je suis ballotté, depuis une semaine, entre l'Académie et l'école de ma fille pour un simple document. J'ai le ras-le-bol ! A qui se plaindre ? Aucun responsable ne prête l'oreille». Ce parent d'élève, hors de ces gonds, ne cesse de dénoncer le diktat du directeur de l'école où il veut inscrire sa fille. «Il refuse de me donner son accord (mouafaqa)», lance en colère ce parent d'élève. L'histoire de cet homme n'est pas une exception. La plupart des parents d'élèves sont obligés de se rendre à l'Académie, dans l'espoir d'avoir l'accord pour transférer ou réintégrer leurs enfants, dans un établissement scolaire. Il faut savoir que les exclus de l'école sont, de plus en plus, nombreux. Dans les seules classes Terminales, plus de 16.700 malheureux élèves qui n'ont pas obtenu leur baccalauréat, cette année, à Oran. Parmi ces recalés, nombreux n'ont plus le droit de réintégrer leurs lycées en raison de la surcharge des classes. Ils devront soit repasser le bac en tant que candidat libre soit recourir à des moyens détournés pour revenir au lycée. Les chefs d'établissement ont un «droit de vie et de mort» sur ces exclus. Un enseignant que nous avons interrogé regrette le manque de transparence dans la réintégration des exclus. Il prône la numérisation des effectifs des élèves pour en finir avec le diktat de certains chefs d'établissements. |
|