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Elle
enfle tellement, cette polémique sur le burkini,
jugée ridicule par les milieux intellectuels français, que le danger d'une
violente marginalisation des musulmans de France devient une vraie menace pour
les valeurs «républicaines» de ce pays. Un débat inutile et dangereux qui
alimente les milieux islamophobes en France et assimile ce mouvement à
l'antisémitisme des années 1920 que beaucoup tentent aujourd'hui de récupérer, sinon
d'effacer. Devant la lente et inexorable montée d'une vague anti-musulmans
et anti-islam, sur le sillage des attentats de Nice, où le nouveau syndrome du burkini sert d'alibi, le Conseil français du culte musulman
(CFCM) a demandé une audience en urgence au ministre français de l'Intérieur.
Le CFCM, dans un communiqué, s'est dit «inquiet de la tournure prise par le débat public» autour du burkini, selon son président Anouar Kbibech. Pour cette instance des musulmans de France, il s'agit d'une «stigmatisation des musulmans de France». Devant cette névrose du burkini, des milieux racistes, antimusulmans et anti-émigrés, ont même amené des mairies à pondre des arrêtés antiburkini sur les plages françaises. Plusieurs mairies l'ont fait, alors que d'autres se sont abstenues. La France otage de ses peurs, de ses fantasmes ou l'islamophobie est-elle devenue un créneau porteur, comme une sorte de porte-flambeau pour les prochaines élections présidentielles ? L'intrusion du burkini dans le débat politique en France n'est pas, au-delà des peurs et du puritanisme primaire des Français, sans calculs, sans nourrir des appétits politiques que beaucoup à gauche comme à droite et au centre feignent de cacher sur l'autel du respect de la sacrosainte laïcité. Quand le politologue Olivier Roy, également «spécialiste» de l'Islam dit que le burkini est un «compromis entre la modernité et la foi», Daniel Cohn-Bendit s'insurge de son côté en lançant que «la polémique est incroyablement bête». Olivier Roy rappelle en fait que «les arguments utilisés par les antisémites dans les années 1920 sont aujourd'hui repris à propos de l'islam : incompatibilité culturelle et une loyauté plus grande accordée à la religion qu'à la nation». La grande effronterie de la gauche qui alimente le feu de ce débat alors que beaucoup, au sein même de la gauche, condamnent, c'est que l'émigration n'a pas répondu aux attentes : elle a enfanté une génération de «croyants», explique Olivier Roy pour qui «ce que la gauche ne pardonne pas aux immigrés maghrébins, c'est d'avoir fait des enfants musulmans. Elle s'attendait à ce que la deuxième et la troisième génération soient sécularisées et a été très surprise de découvrir une génération de croyants». Concocté à la menace terroriste, aux dangers qui planent sur la sécurité, le débat sur le burkini est devenu tout simplement un alibi idéal pour une gauche aux abois, à quelques encablures des présidentielles de 2017. Tous les thèmes liés aux prochaines échéances électorales ont été, comme par magie, éclipsés avec cette résurgence d'une dangereuse campagne xénophobe contre les immigrés de confession musulmane. Jusqu'où cette campagne islamophobe et malsaine ira-t-elle ? |
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