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Réunion d'Alger: Caracas favorable à un gel de la production de pétrole

par Mahdi Boukhalfa

Le Venezuela, un des pays les plus durement touchés par la baisse drastique des prix de pétrole, depuis juin 2014, va tout faire pour qu'il y ait un accord sur le gel de la production lors du Forum international de l'Energie à Alger, fin septembre prochain, a affirmé, hier, mardi à Abou Dhabi le ministre du pétrole Eulogio Del Pino.

En tournée dans les pays du Golfe pour un gel de la production de brut et le soutien à toute solution favorable au redressement des cours, il a souligné que son pays va travailler pour qu'il y ait un accord à Alger pour un gel de la production de l'Organisation. Il a déjà rencontré le ministre du Pétrole omanais Mohammad Ben Al Rumhy, et son homologue iranien la semaine dernière, dans une initiative du Venezuela pour dégager un consensus des pays producteurs de l'Opep, à une réduction, sinon un gel de la production, qui serait officialisé, à Alger. Une réunion des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole est prévue à Alger, en marge du Forum international sur l'Energie, avait annoncé, la semaine dernière, le président en exercice de l'Opep. «Le Venezuela est l'un des membres les plus actifs de l'OPEP pour une réduction de la production de pétrole. Le pays est fortement tributaire des revenus du pétrole, et ils veulent des prix plus fermes pour soutenir leur économie», estime Edward Bell, analyste matières premières chez Emirates NBD. Mais, cet analyste relève que la proposition de Caracas «pourrait ne pas recevoir beaucoup de soutien des autres producteurs, à l'exception de pays comme l'Algérie.» «Même le Nigeria serait réticent à soutenir le Venezuela sur ce point, car la production du pays a baissé de 2 millions de barils par jour à 1,5 mbj, entre janvier et juillet du fait de la situation sécuritaire, dans le delta du Niger», relève le même analyste. Le groupe rebelle des «Vengeurs du Delta du Niger (NDA)» au Nigeria a indiqué qu'il comptait engager des pourparlers au sujet d'un cessez-le-feu avec le gouvernement, ce qui pourrait mettre fin aux attaques sur des installations pétrolières ayant, nettement perturbé la production du premier exportateur africain de brut, ces derniers mois, selon des analystes de marchés. En outre, les Etats-Unis, la Russie ou le Mexique, et même la Norvège, ne sont pas prêts également à baisser leur production, alors que des pays comme l'Arabie Saoudite, le Koweit ou l'Iran n'ont, pour le moment et à un peu plus d'un mois de la rencontre d'Alger, pas encore donné d'orientation sur leur position. Pour le Venezuela, le prix de 70 dollars/baril «est idéal pour soutenir la situation financière globale des pays producteurs», avait indiqué la semaine dernière le président Nicolas Maduro, qui multiplie les initiatives pour relancer les prix de pétrole, qui ont chuté de 60% depuis 2014. Mais, «nous ne sommes pas près d'atteindre les 70 dollars. Les prix de pétrole ont fortement rebondi au cours du mois d'août après les commentaires du ministre saoudien du pétrole. Je ne pense pas que cela va continuer pour longtemps», soutient, d'autre part, le même analyste. En fait, les experts pétroliers sont sceptiques quant à un accord sur le gel de la production Opep, lors de la réunion d'Alger, même si les marchés pétroliers réagissent positivement, au redressement des prix, qui ont remonté durant les dernières semaines. «Tout va dépendre de l'Arabie Saoudite qui veut aligner sa position sur celle des autres grands producteurs, comme la Russie, l'Iran et l'Irak. Sur le plan politique, je ne vois pas l'Arabie Saoudite et l'Iran parvenir à un accord de sitôt, et l'Iran ou le Nigeria acceptant de réduire leur production, étant donné leur besoin de devises», estime de son côté Adrian Nizzola, analyste pétrolier. Jeudi dernier, le ministre du Pétrole nigérian Emmanuel Ibe Kachikwu avait souligné, dans des déclarations à la presse, que même si «une réduction de la production de l'OPEP est peu probable, il y a un espoir que la réunion des pays producteurs d'Alger (le mois prochain) puisse aider à consolider les prix du brut.» Mais, il a douté de «la volonté des pays membres de l'Opep de réduire, volontairement, leur production, lors de la réunion» d'Alger, tout autant que les autres pays producteurs, comme la Russie ou les Etats-Unis. «Sommes-nous en train de réduire les volumes? Je ne le crois pas», a-t-il dit, avant d'ajouter que «toutes les options sont sur la table et d'autres mesures pourraient avoir un impact» sur les prix du brut. Le ministre nigérian a, en outre, estimé que la réunion «informelle» de l'Opep d'Alger, en marge du Forum international de l'Energie, «contribuera à faire progresser les prix, si nous parvenons à des discussions fructueuses avec la Russie, les Etats-Unis et le Mexique».

La semaine dernière, le président en exercice de l'Organisation, le ministre qatari Mohammed Ben Saleh Al-Sada avait annoncé qu'une réunion «informelle des (14) pays membres de l'Opep est prévue en marge du 15ème Forum international de l'Energie», qui se tiendra à Alger, du 26 au 28 septembre. L'Opep se préoccupe du «rétablissement de la stabilité et de l'ordre dans le marché pétrolier», a-t-il ajouté, avant de réaffirmer l'optimisme de l'Organisation concernant un prochain rééquilibrage de l'offre et de la demande, malgré la récente rechute des cours du brut. «Nous tablons sur une hausse de la demande de pétrole aux 3ème et 4ème trimestres», grâce à un rebond économique dans les «principaux pays consommateurs», relève-t-il. Hier mardi à mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord» pour livraison en octobre valait 48,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 44 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, perdait 45 cents à 46,96 dollars/baril. «Les prix ont chuté de plus de 1% des deux côtés de l'Atlantique après de lourdes pertes lundi. Les conséquences d'un accord sur un gel de la production ont été exagérées au cours des dernières semaines, faisant passer les prix d'un territoire baissier à un terrain haussier en l'espace de trois semaines,» commente Hussein Sayed, analyste. Quant au panier des 14 bruts de l'Opep, il avait clôturé en baisse, lundi, à 46,04 dollars contre 46,82 dollars, vendredi.