
La décision
de la DGSN de se retirer des stades et de responsabiliser les dirigeants des
clubs de football pour prendre en charge eux-mêmes la sécurité des rencontres
est-elle sage ? N'a-t-elle pas été prise dans la précipitation ? En fait, la
décision de la police nationale de ne sécuriser que les abords des stades,
c'est-à-dire les endroits publics, laissant aux clubs le soin de sécuriser
l'intérieur des enceintes sportives est une décision à double tranchant. Nous
l'avons dit ici même dans cette même chronique, il est temps que les clubs de
football algériens fassent comme le reste des clubs dans le monde, en recrutant
des stadiers, en gérant eux-mêmes leurs stades,
puisque sur le plan financier, ils ont les recettes des matchs et les sponsors
pour couvrir le volet dépenses. Mais au vu de ce qui s'est passé vendredi au
stade Omar-Hamadi, on pencherait pour la seconde
hypothèse, celle qui voudrait que la DGSN s'est désengagée trop vite et sans
calculer les risques et la menace sur la sécurité publique dans et en dehors
des enceintes sportives que représentent les supporters «ultras» de tous les
clubs algériens. Car chez nous, il n'y a pas de bons et de mauvais supporters,
il y a juste des jeunes complètement abandonnés sur le volet prise en charge,
non encadrés et, surtout, qui viennent au stade pour se «défouler». L'équipe
adverse, quand elle perd et joue mal, rend un grand service à sa galerie, mais
lorsqu'elle résiste, joue bien et gagne, tous les policiers du pays ne peuvent
venir en aide aux malheureux supporters de l'équipe visiteuse. Il est ainsi
depuis les années 1990, depuis que les clubs de football ont été «professionnalisés»,
avec de gros budgets pour recruter les meilleurs joueurs du cru, mais sans
avoir mis en place des structures d'encadrement et de «socialisation» des
supporters. Les hooligans britanniques ont été matés et amadoués par des
mesures parfois draconiennes comme les interdictions de stades ou
l'emprisonnement le temps d'un match de football. Mais chez nous, ce n'est pas
possible, trop de rancœur, de frustrations, de mal vivre sont l'apanage des
jeunes qui, souvent, n'ont que le football comme exutoire à leur déception.
Devant cette rage de vivre, que peuvent faire des stadiers
? Sûrement pas faire la Police à la place de la
police, car tout simplement, le supporter algérien n'est pas encore mûr pour
aller au stade en sifflotant. La preuve, la LNF a usé et abusé même des huis
clos parfois pour un petit incident en tribune, pour un simple fumigène pour un
but marqué depuis l'arrivée de Kerbadj. Le huis clos
a-t-il résolu cette violence dans les stades ? Bien sûr que non. Ces
questionnements à l'aube d'une saison footballistique de tous les dangers ne
sont pas de trop, et il est fortement conseillé aux instances du football
national de trouver en urgence un sacerdoce à cette violence, qui gangrène de
plus en plus le sport, et dont le coût de prise en charge est tout simplement
lourd. Les hooligans d'aujourd'hui sont autrement plus dangereux que toutes les
solutions de rafistolage de la LNF. Pourquoi ne pas interrompre le championnat
quelques années, le temps de faire ses comptes et trouver une solution civilisée
à un problème de «barbares».