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Les
vacances se sont ancrées au fil des ans dans les habitudes des Algériens.
Chaque été, particulièrement lors des mois de juillet et d'août, c'est le départ massif vers différents horizons, selon la culture de tout un chacun ou selon la catégorie sociale de laquelle on fait partie, car les vacances c'est avant tout une affaire de moyens financiers. C'est ce qui pèse le plus, d'ailleurs, dans le choix des touristes algériens, et qui fait garder à la Tunisie sa place de destination «Star». «La Tunisie accueille durant les deux mois de juillet et août près de 800.000 touristes algériens», affirme M. Raouf Bourbia, gérant de l'agence de voyages «Le Rocher». Ce dernier qui s'est taillé une réputation dans ce créneau, nous apprendra que la demande reste très forte pour la Tunisie malgré les changements prévisionnels de quelques paramètres, qui devaient doper ce choix des Algériens et qu'on a supprimé du côté tunisien. Plus explicite, M. Raouf Bourbia nous confiera que « les voyagistes s'attendaient à une multiplication des offres promotionnelles avec des réductions conséquentes des prix pour la destination Tunisie, mais le voisin de l'Est n'a pas mis à la disposition des touristes algériens des formules attractives. Mieux, il y a une hausse de 10 à 15% comparativement à l'année passée, faisant que la facture s'élève à 46.000 dinars pour un séjour familial d'une semaine ». Notre interlocuteur imputera cette tendance à plusieurs facteurs, dont « la dépréciation du dinar, l'envolée de l'euro qui s'échangeait en 2015 aux alentours de 160 dinars et qui atteint cette année les 180 dinars et aussi, et surtout, la banqueroute de la destination Turquie qui a incité les Tunisiens à ne pas verser dans le séjour promotionnel et garder des tarifs relativement élevés ». La Turquie, 2e destination de choix des Algériens, a été déclassée en 3e position après les derniers évènements qui ont ébranlé ce pays, multiplication des attentats terroristes et particulièrement le coup d'Etat avorté et qui a un peu défavorisé cette destination touristique par excellence, et pas seulement pour les Algériens. C'est cette nouvelle donne, la « chute » de la destination Turquie, qui a poussé les Tunisiens à réduire, voire à annuler leurs offres promotionnelles. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », rappellera notre interlocuteur cet adage impitoyable dans le monde du tourisme. La destination Tunisie devrait ainsi dépasser les prévisions ou statistiques établies avant le détournement de bon nombre de touristes algériens qui avaient programmé des vacances en Turquie, même si ces vacanciers sont en majorité et prioritairement orientés par les voyagistes vers la destination « Charm El Cheikh » en Egypte (séjour touristique de 10 jours à 13 millions de centimes dans un hôtel 5 étoiles), et qui, dès lors, améliore son classement sur la liste des destinations prisées par les touristes algériens, en sautant au 2e rang, juste après la Tunisie. Le Maroc arrive en quatrième position dans le choix des touristes algériens et où le séjour de 8 jours revient à 14,7 millions de centimes dans un hôtel 4 étoiles en demi-pension), suivi par Dubaï, et ce, malgré les exigences de la billetterie dont les prix font augmenter le coût des vacances. Et il y a, bien sûr, d'autres destinations pour les mieux nantis, exigeant généralement l'établissement préalable (et pas toujours évident) des visas d'entrée, comme l'Espagne, ainsi que les pays asiatiques, Indonésie et Malaisie, où le coût des vacances est très cher, jusqu'à 30 millions le séjour d'une semaine par personne. Enfin, il y a le tourisme local qui, malgré une forte demande, n'arrive toujours pas à trouver ses marques. Le directeur de l'EGT ?Est', Saïd Boudraa, nous affirmera que les infrastructures hôtelières gérées par ses soins, pas toujours abordables par les classes moyennes (jusqu'à 5000 dinars par nuitée et par personne), affichent complet pour la saison. Mais, il ne manquera pas de lancer une remarque très importante au sujet du tourisme local, estimant que le secteur souffre du manque d'une diversification des formules car, dira-t-il, l'Algérien a tout juste besoin d'un hôtel propre, au prix abordable, pour y passer la nuit. A défaut, le tourisme local reste à l'état sauvage, non structuré et livré à la voracité des propriétaires immobiliers privés. Ce qui marche sur le plan local c'est la formule « location chez l'habitant », et le prix n'est pas du tout bradé. Des familles qui privilégient la formule des vacances au pays consacrent entre 5 et 10 millions juste pour s'acquitter de la location d'un appartement ou un étage dans une villa. Alors, finissent toujours par admettre les vacanciers, « mieux vaut partir à l'étranger », en Tunisie notamment, cela revient moins cher et l'on est assuré de passer de véritables vacances. |
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