L'annonce
brutale de la mort de la petite Nihal Si Mohand (4
ans) jeudi par le procureur près le tribunal d'Ouacifs
(Tizi Ouzou), a plongé sa
famille et les Algériens dans une profonde douleur. Les espoirs longtemps
entretenus depuis sa disparition le 21 juillet dernier se sont subitement
estompés avec les résultats des analyses ADN effectuées par la Gendarmerie
nationale. « Il faut rétablir l'application de la peine de mort. Il faut que le
monstre qui a fait cela soit arrêté et guillotiné publiquement », s'écria un
des habitants du village d'Ait Abdelouahab rassemblés
devant la maison des grands parents de l'enfant assassinée. Sur les réseaux
sociaux, c'est le déchainement : un appel presque unanime pour l'«application
de la peine de mort dans le cas des enlèvements d'enfants ». Nihal avait disparu le 21 juillet dernier lors d'une visite
aux grands-parents au village d'Ait Abdelouahab, dans
la daïra d'Ouacifs (40 km au sud-est de Tizi-Ouzou).
Au bout de 15 jours d'intenses recherches, ratissage des forêts avoisinantes,
l'enfant était introuvable. Seule une tête calcinée et une robe tâchée de sang
avaient été trouvées dans une forêt proche du domicile des grands-parents. Les
conclusions du laboratoire de criminalistique de la Gendarmerie nationale ont
malheureusement confirmé qu'il s'agissait des restes de la petite Nihal. Une confirmation annoncée par le procureur du
tribunal de la même localité. Le Pr Khiati, pédiatre
et président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le
développement de la recherche (FOREM), est catégorique : il faut appliquer la
peine de mort dans le cas des violences, dont le kidnapping, contre les
enfants. Sur cet assassinat qui a révolté les Algériens, il estime, dans un
entretien au Quotidien d'Oran, que «dans ces situations malheureuses, chaque cas
est un cas à part ». «S'agit-il d'un règlement de compte ou le fait d'un
sadique ?», s'est-il interrogé. « On aurait pensé que dans un village de Grande
Kabylie les enfants seraient mieux protégés, mais n'anticipons pas sur
l'enquête ». Pour le président de la FOREM, « le constat qui revient à l'esprit
à chaque triste occasion est de dire que la violence gagne du terrain de jour
en jour. Bien que de nombreuses lois ont été votées, elles restent inappliquées
», avant de constater que « les libérations opérées par la grâce présidentielle
donnent le sentiment au grand public que les criminels sont toujours pardonnés
». Pour lui, « ce laxisme explique en partie que la population veut des mesures
concrètes et radicales». Il a rappelé en outre que « de nombreuses mesures ont
été proposées pour lutter contre les kidnappings d'enfants, peu ont été
appliquées. Le cas de Nihal nous interpelle une
nouvelle fois, il faut faire quelque chose ». Le Pr Khiati
a en outre rappelé que « la Forem a mené une lutte
farouche contre les enlèvements d'enfants depuis plusieurs années », et «
considère le kidnapping comme un crime abject». Mieux, « des propositions ont
été faites pour l'institutionnalisation du plan -alerte enlèvement-, la
création d'une base de données nationales où figureront les désaxés sexuels
dépistés condamnés ou non, le placement obligatoire du bracelet électronique
sur les condamnés pour crimes sexuels, l'exécution des personnes ayant commis
le triple crime d'enlèvement, viol et assassinat d'enfants». Il ajoute que «
les pouvoirs publics ont réagi aux enlèvements des deux enfants de Constantine
(Brahim et Haroun), lesquels ont soulevé une immense émotion en durcissant le
code pénal en 2014 », et « la peine capitale a été maintenue mais non
appliquée». «C'est vrai aussi que l'Algérie est soumise à une pression
internationale de l'Europe pour abolir la peine de mort qu'elle n'a pas
appliquée depuis fin 1992. Cependant, de nombreux pays dont les USA
l'appliquent». Comme solution au phénomène des enlèvements d'enfants, suivis
par leur assassinat dans moins 50% des cas, le Pr Khiati
estime qu' « il faut que le problème des enlèvements d'enfants soit entièrement
repris par le gouvernement et qu'une série de mesures soit rapidement prise
pour rassurer la population».
Et, préconise-t-il, « au besoin, et pour échapper à la pression
internationale, les autorités devraient envisager la possibilité d'un
référendum populaire pour savoir si la population est pour ou contre la peine
de mort pour les criminels cités plus haut » En Algérie, la peine de mort, si
elle existe dans les textes et est prononcée par les tribunaux, n'est cependant
pas appliquée dans les faits depuis 1993, date de la dernière exécution, celle
des auteurs de l'attentat à la bombe de l'aéroport international d'Alger, le 26
août 1992.