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L'idée, ou
la proposition, paraît par les temps actuels où la violence contre les enfants
ne connaît plus de limites parfaitement censée : il faut organiser, si besoin
est, un référendum pour appliquer la peine de mort contre les assassins et les
violeurs d'enfants. Le débat nous revient à la figure, avec vent debout, sur
l'application de la peine de mort contre les kidnappeurs d'enfants avec cette
triste nouvelle qui endeuille les Algériens, l'assassinat de la jeune Nihal. Le Pr. Khiati, connu pour
ses positions franches en faveur de la protection de l'enfance, est allé
jusqu'à accuser ouvertement les pouvoirs publics de laxisme en accordant la
grâce aux bandits de tous bords. Il réclame l'application de la peine de mort
et, s'il le faut, l'organisation d'un référendum national pour demander aux
Algériens s'ils sont pour ou contre l'application de la peine de mort dans le
cas d'enlèvements ou d'assassinats d'enfants. Le moment est grave, car les
enlèvements d'enfants suivis de leur assassinat sont devenus trop nombreux pour
ne pas provoquer un débat national sur les mesures qu'il y a lieu de prendre en
urgence, et surtout sur l'inefficacité d'un arsenal juridique non dissuasif.
Autant contre la violence, quelle qu'elle soit, en particulier contre les
enfants, que pour mettre en place une batterie de textes de lois qui
sanctionnent durement de tels actes monstrueux, sans pour autant tenir compte
des réactions internationales. L'Algérie observe depuis 1993 le moratoire
contre la peine de mort, et des ONG des droits de l'homme locales réclament
toujours son abolition, estimant cette peine ?'infamante''. Ces ONG, dont des
organisations des droits de l'homme se sont piégées dans ce débat pas encore
tranché, car à partir de ce moment, elles se placent comme des lignes de
défenses de tous les violeurs et de tous les tueurs d'enfants. De ce point de
vue, ces ONG algériennes privilégient la perspective d'une bonne note des ONG
internationales qui militent contre l'abolition de la peine de mort, comme
Amnesty, ACAT ou ECPM, pour ne citer que celles-là. Mieux, la section
algérienne d'Amnesty International a même tancé en 2015 l'Etat algérien pour ne
pas abolir la peine de mort, même s'il a signé le moratoire, en estimant cette
peine ?'inhumaine''. L'Algérie, dans ses réponses aux appels des ONG
internationales, a rétorqué que « le peuple n'est pas prêt », pour défendre sa
position de ne pas abolir dans la précipitation la peine de mort. Le président
de la CNDPPH et avocat Farouk Ksentini, coupe la
poire en deux: selon lui, il faut prononcer de façon «
exceptionnelle » la peine de mort à l'encontre des kidnappeurs et tueurs
d'enfants. La position de M. Ksentini qui exprime en
fait le point de vue des autorités, a le mérite d'être claire et précise: ne pas abolir, mais exécuter les sentences de la
peine capitale dans le cas des rapts et assassinats d'enfants. L'autre voie qui
est proposée, pour prémunir l'Algérie des fourches caudines des ONG des droits
de l'homme et leur lobbying auprès des grandes institutions internationales,
est celle intelligente proposée par le Pr. Khiati: un référendum
populaire sur l'application effective de la peine de mort. Pour concilier
justice sociale et démocratie, pour donner une profondeur sociétale à un
phénomène qui devient préoccupant et qui nargue les principes fondamentaux du
droit à la vie tout court. Pour les défenseurs de l'abolition de la peine de
mort, il suffit peut-être de rappeler qu'en France et dans les pays
occidentaux, hormis les Etats-Unis, cette peine a été abolie au bout de deux
cents ans. La société algérienne est-elle prête à cette extrémité dans le cas
de l'assassinat souvent dans d'atroces conditions d'enfants ? Le débat se
poursuit, la question fondamentale reste plus que jamais pendante. La peine
capitale continue d'être appliquée dans certains pays à travers le monde. En
2015, il y a eu plus de 1634 exécutions dans 25 pays, en hausse de 54% par
rapport à 2014, selon Amnesty.