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La loi du talion

par Moncef Wafi

Aucun mot au monde ne pourra atténuer de la douleur des parents de la petite Nihal Si Mohand dont la mort a été confirmée officiellement ce jeudi par le procureur de la République des Ouacifs, après les analyses ADN réalisées sur le crâne et des vêtements retrouvés quelques jours plus tôt dans le périmètre des recherches.

Que dire ? Que penser ? Le verbe est inutile, futile et tellement aphone devant le deuil de la famille, ne reste alors qu'à prier que le ou les auteurs de cette ignominie meurent dans de terribles souffrances. Nihal n'avait que quatre ans et des mains criminelles l'ont enlevée en plein jour. Le monde continuera de tourner, l'enquête suivra son cours, mais le drame de Nihal ne doit pas passer par la case des faits divers. Il doit devenir une affaire d'opinion publique comme auraient dû l'être tous les cas de kidnapping, viol et meurtre d'enfants. Tout comme cet espace, les réseaux sociaux, et à l'annonce de la mort de la petite, ont demandé expressément la levée du moratoire sur la peine de mort concernant ces crimes.

Interpellé en 2014 par un député sur les motifs de la non-application de la peine de mort en Algérie, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait répondu que la question est sociétale et nécessite un débat dépassionné, «ouvert et objectif». Le ministre, qui avait souligné la sensibilité du dossier, a précisé que la question revêt des considérations politiques, sociales et morales. Pourtant aucune invitation au débat n'a été lancée et le peuple algérien aurait pu être saisi par référendum pour se prononcer sur un sujet qui divise profondément au sein d'une société tiraillée entre abolitionnistes et adeptes de la loi du talion. Attendre maintenant que le sujet soit convoqué à chaque fait divers sordide qui touche plus particulièrement les enfants, c'est mépriser le peuple algérien.

Le moment n'est plus à la réflexion stérile ni aux exigences de l'Europe des droits de l'homme mais à une décision forte du président. Que Bouteflika annonce le rétablissement de la peine de mort contre ces bourreaux d'enfants, un minimum syndical que ne rejetteront certainement pas les familles des victimes. Mais aujourd'hui toutes les pensées des Algériens sont tournées du côté des Ouacifs accompagnant le martyre des Si Mohand. Et tous les Algériens n'ont qu'une prière : que soit pendu haut et court son ou ses ravisseurs. Repose en paix Nihal !