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Abdelaziz Belkhadem qui il y a deux
semaines a renoué avec l'activisme politique en s'en prenant à son successeur à
la tête du FLN contre lequel il a demandé à tous ses opposants au sein du parti
d'unir leurs rangs pour le renverser lui et la direction qu'il a imposée, n'est
pas téméraire au point de narguer le président Bouteflika qui pour rappel l'a
écarté de toute responsabilité étatique et lui a fait interdiction de se mêler
des affaires du FLN. Il faut par conséquent se garder d'interpréter sa « sortie
» contre Amar Saadani comme une « bravade » de sa
part.
S'il avait le courage d'un tel acte, Belkhadem aurait dû en faire la preuve aussitôt qu'il a subi l'humiliation que lui a infligée le président « honoraire » du FLN. Ce que s'étant gardé de faire il ne peut convaincre que son offensive contre Saadani a été une initiative personnelle. Pour beaucoup d'observateurs, il n'y a pas l'ombre d'un doute que l'ex-secrétaire général du FLN a agi à l'instigation sinon directe du président du moins de ceux qui parlent et ordonnent en son nom. Ils tiennent que c'est là une probabilité quasi certaine en donnant pour acquis que Amar Saadani que l'opinion commune donne pour appartenant au clan présidentiel a perdu la confiance des plus proches de Bouteflika qui veulent le lui manifester en lui démontrant qu'à la tête du FLN il est sur un siège éjectable. Pour que la démonstration n'apparaisse pas être le fait d'une ingérence extérieure des rangs du FLN, il fallait que l'attaque provienne d'une personnalité de premier plan de celui-ci ayant ses relais dans son appareil et sa base et dont l'allégeance à Bouteflika ne serait pas sujette à caution. Pourquoi Amar Saadani en qui tout le monde a fini par voir le porte-parole officieux du clan présidentiel en est à être devenu la cible d'une campagne de déstabilisation à laquelle celui-ci oppose un silence qui pour les connaisseurs des arcanes du système est parlant par ce qu'il sous-entend ? La raison en serait que dans la lutte de succession qui a lieu sourdement dans la haute sphère du pouvoir et entre postulants à celle-ci appartenant au clan présidentiel, Amar Saadani aurait opté de rouler pour le camp ayant pour chef de file le général de corps d'armée et vice-ministre de la Défense Gaïd Salah qui est perçu comme nourrissant une ambition présidentielle à laquelle n'acquiescent ni le président Bouteflika ni ceux qui lui sont irrévocablement fidèles. Dans les grandes manœuvres qui ont été échafaudées pour faire avorter cette perspective, le « dégommage » de Saadani de la direction du FLN, redoutable machine électorale, est un segment dans celle-ci et une opération indispensable à réaliser aux yeux des anti-Gaïd Salah. Pour sa réussite, ses inspirateurs ont opté pour la constitution d'un front de contestation du maintien de Saadani à la tête du FLN, qui par la diversité de sa composante ferait apparaître sa destitution comme une œuvre de salubrité publique voulue autant par les militants du FLN que par cette partie de l'opinion publique qui persiste à voir en celui-ci le toujours dépositaire des valeurs et promesses de la Révolution de Novembre 54. Il n'en résultera qu'une « enfumade » de plus de la part des tenants du système. Quel qu'en sera celui d'entre eux qui émergera au final son programme se résumera au maintien du système et à la préservation des acquis et privilèges qu'ils se sont octroyés en le servant. |
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