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Sit-in des souscripteurs LPP: «Nous ne sommes pas des milliardaires»

par M. Mehdi

Entre 250 et 300 personnes ont répondu à l'appel de la coordination nationale des souscripteurs de logements promotionnels publics (LPP) pour le sit-in qui s'est déroulé dans la matinée d'hier devant le ministère de l'Habitat.

Individuellement, en couple, ou avec leurs enfants, les participants manifestent pour la deuxième fois en deux semaines devant département de Abdelmadjid Tebboune. Et comme à chaque fois, personne ne les a reçus. Si la majorité des participants sont d'Alger, plusieurs souscripteurs sont venus d'Oran, selon les organisateurs.

Les premiers participants au sit-in commencent à arriver vers 9h30. Ils étaient dispersés par petits groupes pour éviter d'être pris en étau par les éléments des services de sécurité.

Une fois le nombre des manifestants devenu plus important, les animateurs du mouvement les invitent à se rapprocher en rangs serrés du siège du ministère de l'Habitat. Les quelque 300 personnes étaient vite bloquées à une centaine de mètres du département de Tebboune. Habitués à ce scénario, déjà vécu par le passé par les souscripteurs AADL 2001-2002, ils tiennent quand même leur sit-in, brandissant leurs pancartes : «LPP, le droit au logement à un prix raisonnable», «Nous réclamons le même mode de paiement que la formule AADL». Les participants scandant également : «LPP en colère, on n'est pas des milliardaires», ou encore (en arabe) «Quelle honte qu'un cadre n'ait pas de logement».

Vers 10h30 les policiers invitent les protestataires à changer de trottoir. Une étape intermédiaire avant de commencer à les pousser plus bas sur la rue Didouche Mourad. Les premières tentatives de la police de canaliser les manifestants ne se sont pas faites sans heurts. Des cris de femmes fusent de la foule et de légères anicroches sont enregistrées. Changement de tactique. Deux camions de la police balisent la chaussée, alors que des policiers canalisent les manifestants vers le bas. Le mouvement ralenti au niveau du Parc de la Liberté. Vers 11h20 le sit-in commence à s'effriter. Aucun représentant des souscripteurs n'est reçu au ministère de l'Habitat. «Nous avons l'habitude qu'on nous demande de désigner deux de nos représentants pour les faire poiroter pendant deux heures, à la réception du ministère, avant qu'ils ne ressortent bredouilles», affirme Hakim Grib, un des animateurs du mouvement des souscripteurs LPP.

Anomalies et mépris envers les souscripteurs LPP

Le 2e rassemblement en l'espace de deux semaines a été organisé hier pour rappeler les revendications des souscripteurs LPP. Il s'agit, explique M. Grib, de réclamer aux autorités le «retour au prix initial du mètre carré annoncé à 45.000 DA/m² au lancement de la formule LPP», de «refuser le paiement via un crédit bancaire», et de demander un «mode de paiement identique à la formule AADL avec des mensualités sur une durée de 20 à 30 ans». A propos du prix du mètre carré, les souscripteurs LPP dénoncent «l'importante augmentation» le faisant passer «à 101.000 DA TTC». «C'est une augmentation abusive et inexpliquée, ni techniquement, ni administrativement», affirme encore M. Grib.

Ces revendications et tous les arguments des souscripteurs ont été consignés dans une «lettre ouverte» et un «mémorandum» adressé au chef du gouvernement et au président de la République.

Les souscripteurs LPP ne comprennent pas cette effrénée du prix du mètre carré de cette catégorie de logements «passé de 45.000 DA à 55.000 DA».

«D'ailleurs, nous considérons qu'il y a eu publicité mensongère de l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) qui annonce le prix de 45.000 DA/m2 pour nous inviter à payer les deux tranches de 500.000 DA et 1.000.000 DA. Par la suite, le prix est arrivé à 55.000 DA, puis 75.000 DA et (enfin) 101.000 DA», dénonce notre interlocuteur qui fait état d'une déclaration du ministre de l'Habitat évoquant un prix du logement F4 (LPP) variant entre 7,5 et 8 millions de dinars».

Cette hausse est d'autant incompréhensible que «la qualité du logement LPP est quasiment similaire à celle du logement AADL dont le prix est trois fois moins cher. Si les souscripteurs LPP ont de meilleurs salaires, cela ne veut pas dire qu'ils sont prêts à payer les mêmes logements à des prix abusifs». Les souscripteurs LPP réclament «des études approfondies du prix du mètre carré». «Qu'est-ce qui peut expliquer qu'il a plus que doublé par rapport au prix annoncé au départ ?», interroge Hakim Grib. «Pour une qualité de logement similaire à l'AADL, nous payons trois fois le prix, nous sommes obligés de passer par un crédit bancaire, en plus auprès d'un seul établissement (CPA), pour arriver à des mensualités atteignant jusqu'à 37.000 et 40.000 DA», ajoute-t-il.

Cela étant dit : «les souscripteurs LPP ne demandent pas un alignement des prix sur ceux de l'AADL, mais exigent des explications détaillées sur cette hausse qui fait plus que doubler le prix du mètre carré».