Jeudi
dernier aura été une très triste journée pour les Oranais, en général, et les
sportifs, en particulier. Car ils ont accompagné à sa dernière demeure celui
qui était un modèle à tous points de vue, un père affectueux et surtout un
coéquipier exemplaire. Benhamou Mohamed, dit Fenoun,
a tiré sa révérence jeudi matin à l'âge de 88 ans. Certes, il existe parmi nous
des gens remarquables à tous égards, mais dans notre for intérieur, Fenoun occupe une place particulière par sa bonhomie et son
extrême gentillesse. Jamais, au grand jamais, il n'a froissé personne.
Comment
donc ne pas adorer cet homme exceptionnel ? Beaucoup de personnes n'ont appris
cette disparition qu'après l'enterrement, mais il n'empêche qu'une foule
nombreuse l'a accompagné au cimetière où on a reconnu d'anciens dirigeants et
de nombreux anciens footballeurs, entre autres, les Serradj,
Abdelhamid et Omar, Hadj Bouzidi, Boughrassa,
Chabni, Bendjahene Lahouari, Hachemi, Sadou, Benbassal, Bennat, Moussa, Loumi, Raïs, Bouzidi Mohamed, Bouhadda Hasni, Embarek Khelifa, docteur Laoufi. Nous
savons que de nombreux sportifs et dirigeants ont des excuses en raison de leur
état de santé et à qui nous souhaitons une prompte guérison. On se gardera
d'oublier les voisins du populeux quartier Derb,
venus en nombre pour rendre un dernier hommage à cet homme pas comme les
autres. Tout ceci fait que les enfants Fenoun se sont
rendus compte en quelle estime était tenu leur père. Un père irremplaçable qui
a parfaitement rempli sa mission comme tout un chacun pourra en témoigner. « Little Big Man » est le vocable
qui résume le mieux le parcours de Fenoun qui a dû se
battre pour vaincre les préjugés en vogue à cette époque. Il était petit de
taille mais grand par le talent, à tel point qu'il fut un rouage essentiel au
sein de la grande USMO 1948-1956, aux côtés d'authentiques vedettes, la
sélection étant la plus grande distinction lors de ces décennies de braise où
ceux que l'on dénommait « indigènes » devaient cravacher dur pour s'imposer. Et
précisément, en sélection d'Oranie où les places
étaient très chères, Fenoun a vaincu toutes les
réticences et fut un pion majeur sur l'échiquier du duo Gustave Dubus-Louis Dossat, face aux fortes sélections du Maroc, de Tunisie,
d'Alger et de Constantine, qui faisaient partie de l'élite d'Afrique du Nord en
ces temps-là. Les anciens se souviennent encore de la remarquable prestation de
Fenoun lors du match Oranie-Entracht
Braunshweig (Allemagne) où il fut ovationné en
compagnie de l'inoubliable Larbi Ben Barek. Tous les
entraîneurs ont loué l'état d'esprit de Fenoun, mais
également la régularité de ses performances, le propre des grands joueurs, tant
au milieu qu'en attaque, avant que les systèmes défensifs ne viennent
empoisonner le football. Pour ses coaches El-Andalousi,
Dossat, Gnaoui et Ouaddah, il fut un véritable « homme-système » par son
intense activité, son placement et la puissance de ses tirs. Pas mal pour un
petit gabarit, on en conviendra ! Par ailleurs, il faut rappeler qu'il fut,
avec le gardien Arroumia, le seul joueur à rendosser
sans problème le maillot « noir et blanc » de l'USMO après 1962. Il nous est
agréable de souligner aussi la sollicitude de Chabni
et du professeur El-Hassar à chaque occasion. Le 28
avril 2016, il a soufflé sa 88e bougie sans que personne d'autre que ses
affectueux enfants se manifeste, ne serait-ce que par
un coup de fil. Nous sommes persuadés que Fenoun, magnanime
qu'il était, ne s'est pas offusqué de cette indifférence. Tout au long de son
existence, il a encaissé des coups sans broncher en aucune façon. Au mois de
février 2007, à l'occasion d'un entretien, il a dit textuellement : « Si
quelque chose doit arriver, ça arrivera, car c'est Dieu qui décide ! ». Durant
53 ans, Fenoun en a bavé avec cette broche sur sa
jambe brisée lors d'une simple rencontre « Sport et Travail » et a subi,
stoïquement, les opérations chirurgicales sous les mains expertes du professeur
Serradj Abdelhamid. Il y a quelques années, il a
réalisé son vœu le plus cher, le « hadj » aux Lieux saints de l'islam. C'est
cet homme admirable qu'une nombreuse foule a accompagné à sa dernière demeure.
Il rejoint pour un monde meilleur ses coéquipiers Si Kouider
Bendjahene, Arroumia,
Moussa, Lasni, Ouzaïd,
Mustapha Bendjahene, Boudjellal,
Nekkache, Yahia, Soualmia, Aoumeur, Kadou et Zrego.