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Comment
interpréter la décision du gouvernement de donner un sursis d'un peu plus de
quatre mois aux travailleurs désireux de sortir en retraite anticipée ? Sellal, en indiquant que la loi fixant l'âge de départ à la
retraite à 60 ans n'entrera en vigueur que l'année prochaine, a certainement
fait preuve d'une flexibilité qui lui permet de gagner un peu de temps et de
tempérer les ardeurs des syndicats autonomes au moins pour un temps T. Cette
manœuvre laisse aussi un peu de champ à l'UGTA pour dresser la nomenclature de
ces fameux métiers pénibles que tout le monde du travail attend avec
impatience. Un court répit mais pas de gel de la révision de l'ordonnance 97-13
du 13 mai 1997.
Tout le monde l'aura compris, cette décision de Sellal, lue comme une simple diversion, ne règlera en rien le problème posé par la dernière tripartite et les promesses des syndicats autonomes de durcir le mouvement de protestation. Le Premier ministre, en indiquant également que ceux qui souhaitent bénéficier d'un départ volontaire ont jusqu'à fin décembre prochain pour déposer leurs dossiers, sait pertinemment que la cohésion des syndicats sera mise à mal, au moins momentanément, par ce sursis. Affirmant aussi que la retraite anticipée est toujours maintenue pour les femmes et les métiers pénibles, sans donner plus d'indications à ce sujet, Sellal joue le temps sans pour autant fermer le dossier. En effet, et en absence de précisions sur ces métiers pénibles, la porte est ouverte à toutes les spéculations. Qui en bénéficiera et qui sera lésé ? La question reste posée alors que la Centrale syndicale se fait prier pour rendre son audit. En tout cas, le gouvernement se réserve un été plus clément dispersant la mobilisation syndicale entre congé et démarches administratives. Pourtant, le gouvernement aurait pu faire l'économie de cette situation, sauf si c'est fait sciemment en guise de diversion, en élargissant les consultations auprès des syndicats autonomes les plus représentatifs du monde du travail. Sellal ne peut que défendre son action estimant que la suppression de la retraite anticipée participe à «la consécration des principes de justice et de solidarité intergénérationnelle», en sauvant la Caisse nationale des retraites. Mais le plus judicieux aurait été de faire un audit complet de cette Caisse et de mettre le doigt sur ses dysfonctionnements, quels qu'ils soient, et d'avoir le courage de mener les réformes qui s'imposent. |
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