Est-on
en train de souffler le chaud et le froid dans l'affaire d'El Khabar ? Après avoir invalidé la transaction commerciale,
l'avocat du ministère de la Communication, Me Nadjib Bitam, a déclaré, ce jeudi, que le journal El Khabar est tenu de régulariser sa situation juridique. «Dès
la notification de la grosse de la décision d'annulation de la transaction par
voie d'huissier aux actionnaires du groupe El Khabar
et de la société Ness-Prod et au notaire qui a établi
le contrat, le journal El Khabar se trouvera dans une
situation de vide juridique et ne pourra paraître avant sa régularisation
juridique», a averti Me Bitam, lors d'une conférence
de presse. Pour le ministère, El Khabar n'aura plus
de gestionnaire une fois la décision appliquée. Le quotidien n'aura plus le
droit de paraître et la chaîne KBC devra cesser d'émettre. «Si la décision est
appliquée, aujourd'hui, El Khabar ne peut pas
paraître demain», a-t-il affirmé. Il indiquera, par ailleurs, qu'en cas de non respect de cette obligation juridique et judiciaire,
faisant, certainement, référence à l'agrément du titre, «les responsables du
journal assumeront les conséquences», lesquelles, selon lui, peuvent les
conduire «à des poursuites pénales car toutes les clauses du contrat sont
nulles». Cette déclaration de Me Bitam fait écho à
celle, tenue la veille, au sortir du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs de l'autre avocat du département de Grine,
Brahim Benhadid, qui a indiqué que le journal
travaille, sans agrément, depuis la publication de la loi organique sur
l'information de 2012.
Me Benhadid avait déjà eu ce raisonnement, en mai dernier,
lorsqu'il déclarait à TSA que l'État peut, d'ores et déjà, fermer El Khabar puisqu'il n'a pas d'agrément. «L'activité
commerciale est réglementée. Quand vous avez un agrément sur lequel il y a des
réserves, on peut recourir à une fermeture à titre conservatoire. Si vous
n'avez pas d'agrément, on peut recourir à la fermeture, sans passer par le
tribunal», expliquera-t-il. Pourtant, et devant ces menaces, le ministre de la
Communication a affirmé, jeudi après-midi, à partir d'Oran, que «l'Etat n'a pas
l'intention de fermer le groupe El Khabar».
Réagissant aux questions de journalistes sur la décision de la justice
d'annuler la transaction de cession d'actifs du groupe, le ministre a déclaré
que «l'Etat n'a pas l'intention de fermer le groupe El Khabar,
contrairement à ce qu'a véhiculé la presse au lendemain de la prononciation de
la décision de la justice». Faisait-il allusion aux menaces des avocats de son
département, il n'en dira pas plus se contentant de saluer, au passage, la
décision «souveraine» de la justice. Une justice qui pourrait s'auto-saisir si on décrypte les propos de Me Bitam qui estime que «le ministère de la Communication ne
demande pas la fermeture d'El Khabar, mais c'est aux
avocats de trouver les moyens pour éviter cette situation». Comprendre, par là, que c'est au groupe de se conformer à la
législation pour éviter la fermeture. Quant aux conséquences de cette
annulation, elles concernent, en premier lieu, le remboursement du montant de
la transaction par les actionnaires d'El Khabar. Me Bitam a indiqué que le ministère de la Communication ne
peut pas intervenir, estimant que le remboursement aura lieu soit à l'amiable,
soit par voir de justice. Par ailleurs, l'avocat a défendu son client expliquant
que le ministère a agi lorsque «des violations sont commises», soulignant
l'existence du décret n°11-216 fixant les attributions du ministre de la
Communication et qui stipule qu'il veille à la régularisation des activités de
communication.