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Nuit
d'horreur jeudi soir à Nice, sur le célèbre boulevard du front de mer «La
promenade des Anglais». Un camion de 19 tonnes conduit par Mohamed Lahouaeij Bouhlal, un français
d'origine tunisienne âgé de 31 ans a foncé sur les promeneurs, qui venaient
d'assister au traditionnel feu d'artifice du 14 juillet.
Bilan provisoire du carnage: 84 morts et plus de 120 autres blessés, dont cinquante personnes entre la vie et la mort. L'attaque s'est produite juste après la fin du feu d'artifice, vers 22h45 (heure française), organisé traditionnellement sur «La promenade des Anglais», un boulevard du front de mer de la ville de plusieurs kilomètres. En ce jeudi 14 juillet, il y avait comme d'habitude des milliers de personnes venues fêter l'événement, entre français et étrangers. C'est juste après la fin du feu d'artifice qu'un camion a surgi et a commencé à faucher les promeneurs, faisant de grands «zigzag», selon des témoins cités par les chaînes TV, pour happer le plus grand nombre de personnes. Le conducteur du camion, connu des services de police pour des délits de droit commun, aurait également tiré sur la foule. Des images TV montraient jeudi soir des dizaines de personnes courant dans tous les sens, alors que hurlaient les sirènes des véhicules des secouristes. Le conducteur du camion «fou» a été ensuite abattu par des policiers, selon la préfecture de Nice. Vendredi, les chaînes TV montraient le camion avec plusieurs impacts de balles sur son parebrise, et des traces de chocs externes sur sa calandre avant. Des grenades, des armes factices et des grenades inopérantes avaient été trouvées à l'intérieur du camion. Vendredi, peu avant midi, le bilan communiqué par le ministère de l'Intérieur français est d'au moins 84 morts, 50 personnes «en état d'urgence absolue». Dans la matinée d'hier, au lendemain de ce crime effroyable, qualifié par les autorités françaises d»'acte terroriste», une perquisition a eu lieu au domicile de Lahouaeidj Bouhlal. La perquisition s'est déroulée vers 9h30 en présence de membres du Raid lourdement armés. Vers 11h, des membres de la police technique et scientifique étaient toujours présents dans l'appartement du chauffeur du camion, situé dans un immeuble du quartier populaire des Abattoirs, à l'est de la ville. Lahouaiej-Bouhlel était chauffeur livreur à Nice, et connu des services de police pour des faits de droit commun, mais il n'était pas fiché «S» sur le département, et inconnu des services de renseignement. Il avait loué le camion. Par ailleurs, un conseil de sécurité et de défense restreint avait été tenu vendredi matin à Paris par le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls pour examiner la situation. A la fin du Conseil, dans la cour de l'Elysée, Manuel Valls a indiqué que «le terrorisme est une menace qui pèse lourdement sur la France et qui pèsera encore longtemps.» Il a également estimé que «nous faisons face à une guerre que le terrorisme nous livre et le but des terroristes c'est d'installer la peur et la panique. Mais la France est un grand pays et une grande démocratie qui ne se laissera pas déstabiliser.» L'état d'urgence, instauré en novembre dernier après les attaques de Paris, devait être levé, avait annoncé dans la journée le président Hollande. Mais, durant le conseil restreint de sécurité et de défense, il a été décidé de le reconduire. Selon Valls, le texte prolongeant l'état d'urgence sera examiné la semaine prochaine au Parlement. «Un projet de loi permettant la prolongation de l'état d'urgence pour une durée de trois mois supplémentaire sera présenté en Conseil des ministres mardi prochain pour que le Parlement puisse examiner ce texte mercredi et jeudi prochain», a-t-il dit. Il a également annoncé le maintien de l'opération Sentinelle à son niveau maximal, ainsi que le recours à la réserve opérationnelle, c'est à dire le rappel de plusieurs milliers de soldats. «C'est «une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié», a déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi le président François Hollande. «C'est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste», a-t-il affirmé. Le président français a décidé un deuil national pour les 16, 17 et 18 juillet en hommage aux victimes. «Plan Blanc» Les différentes structures sanitaires de la ville étaient déjà préparées avec des simulations pour la prise en charge d'une attaque terroriste. «Mais pas une attaque au camion», estime le professeur Nicolas Venissac, chirurgien thoracique au CHU de Nice, à propos du «plan blanc» qui a été mis en place puis levé dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans une déclaration au quotidien Le Monde, il a indiqué qu»'il y a un nombre de morts monstrueux avec un afflux de blessés en comparaison anormalement bas». «La gestion n'a rien à voir. On n'a pas, comme à Paris (attaque du Bataclan en novembre 2015, NDLR), de très nombreux blessés par arme à feu dont l'état va s'aggraver très vite et qui doivent passer au bloc de manière extrêmement urgente. Cette fois, les blessures étaient soit très graves d'emblée, soit des polyfractures qui pouvaient attendre un peu, mais aucun cas évolutif. On a donc pu gérer les flux de patients, sans trop-plein», a-t-il ajouté. Il poursuit: «treize personnes passeront au bloc, jusqu'à 4 heures du matin. Ont été traités en priorité les traumatismes crâniens, les hémothorax (épanchement de sang dans la cavité pleurale), les hémopéritoines (lésion viscérale ou vasculaire) et les fractures ouvertes de membres. Ensuite, le personnel médical a pris en charge les autres blessures : des écrasements, des chocs directs, des lésions des membres, du bassin et du crâne.» Le 13 novembre dernier à Paris, plusieurs attentats terroristes avaient fait 130 morts, dont un au cinéma Le Bataclan, qui a fait plusieurs morts par balles. Le quotidien niçois «Nice-Matin» fait état d'au moins 54 enfants blessés, admis à l'hôpital depuis jeudi soir. Beaucoup d'enfants ont été victimes de cet attentat. Deux d'entre eux y sont morts vendredi matin au cours d'interventions chirurgicales, selon la responsable de la communication de l'hôpital. D'autres sont encore entre la vie et la mort. Plusieurs étrangers ont été tués. Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé la mort d'une ressortissante russe lors de l'attaque, une autre Russe a été blessée, et il n'y a pas de nouvelles de trois autres ressortissants russes, selon un communiqué. Une Suissesse de 54 ans figure également parmi les 84 victimes de l'attaque, alors que son époux n'a pas été blessé. Deux Américains ont été tués et 18 autres sont dans un état critique, a confirmé le Département d'Etat américain. En outre, les autorités allemandes ont confirmé le décès dans l'attentat d'une professeure et de deux élèves. Trois classes berlinoises en voyage scolaire à Nice étaient présentes sur les lieux, selon la chaîne de télévision régionale de Berlin (RBB). Un Britannique y a été blessé, selon le nouveau ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni Boris Johnson. Un citoyen ukrainien a été tué et un autre blessé à Nice, a annoncé sur son compte Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavel Klimkine. Après le carnage, plusieurs personnes, dont des étrangers, n'ont pas donné de leurs nouvelles. Ainsi, le ministère belge des Affaires étrangères est toujours sans nouvelles d'une vingtaine de ressortissants du pays, a fait savoir le ministre Didier Reynders sur son compte Twitter. Aucune revendication de cette attaque n'a été faite vendredi en milieu d'après midi. Une source policière a indiqué hier à l'afp que l'ex-femme de Lahouaiej-Bouhlel avait été placée en garde à vue par les enquêteurs français. Les enquêteurs cherchent à établir les motivations de l'auteur de l'attentat en auditionnant ses proches, mais ils cherchent également à savoir si cet homme, domicilié à Nice, a pu bénéficier de l'aide d'un complice. |
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