Le
général à la retraite Hocine Benhadid, 71 ans, a été
hier remis en liberté pour des raisons de santé après avoir été arrêté le 30
septembre 2015 par la Gendarmerie nationale suite à une plainte du ministère de
la Défense nationale.
Ainsi,
après plus de dix mois d'incarcération à la prison d'El Harrach et moins de 72
heures après la conférence de presse alarmante de ses avocats, le général est
rentré chez lui. Contacté au téléphone par Le Quotidien d'Oran, Me Khaled Bourayou s'est dit très heureux de cette décision,
remerciant au passage la presse qui s'est mobilisée pour le cas de Benhadid. L'avocat qui n'a pas encore rencontré son client
à sa sortie de prison, puisqu'il se trouve actuellement en France, a tenu à
souligner l'humanisme de la justice à propos de la libération du général. Me Bourayou a également indiqué qu'il existe d'autres moyens
de préserver les intérêts de la justice autrement que par l'utilisation de la
détention provisoire. Il aura aussi une pensée émue pour le général Hassan qui
«vit une situation très pénible» et pour les trois accusés dans l'affaire KBC.
Le dossier du général Benhadid sera renvoyé en
correctionnelle à une date ultérieure. Samedi dernier, ses avocats, Bourayou, Bachir Mecheri et
Mostefa Bouchachi ont mis en garde contre la «mort
programmée» de leur client atteint d'un cancer de la prostate. Le collectif de
défense a dénoncé par ailleurs l'absence d'acte de procédures durant les dix
mois de détention provisoire de leur mandant. «M. Benhadid
fait l'objet d'un projet de mort programmé. Comment se fait-il qu'aucune
disposition n'ait été prise durant les dix mois de détention ?», s'est alarmé
Me Bachir Mecheri qui évoque une opération
«d'homicide volontaire». Il avait prévenu de poursuivre le ministre de la
Justice «parce qu'il est le responsable», si quelque chose arrivait au général.
Le général à la retraite qui devrait commencer des séances de chimiothérapie à
partir de la semaine prochaine est actuellement «en danger», selon Me Khaled Bourayou. «On ne peut que faire porter la responsabilité à
la justice», estimait Me Mostefa Bouchachi qui pense
que son client se trouvait en prison «non pour l'instruction mais pour être
puni». Ex-commandant de la IIIe Région militaire, commandant
de la 8e division blindée, une unité des forces spéciales réputée pour
son engagement dans la lutte antiterroriste, Hocine Benhadid
a été arrêté dans la soirée du mercredi 30 septembre alors qu'il se rendait à
un rendez-vous médical sur les hauteurs d'Alger avant d'être placé sous mandat
de dépôt. Il était poursuivi pour «des propos portant atteinte à l'institution
militaire et incitation à la rébellion». Le 21 septembre 2015, à la webradio Radio M, il s'en était pris violemment à Saïd
Bouteflika, Gaïd Salah et Ali Haddad.