Simple
coïncidence du calendrier judiciaire ou volonté de lier les deux dossiers, le
verdict concernant l'appel introduit par les avocats des deux responsables de
KBC et du cadre supérieur du ministère de la Culture pour leur libération sera
prononcé, mercredi prochain, par le tribunal de Sidi M'hamed,
soit le même jour que celui de l'affaire de cession d'actifs du groupe El Khabar, au profit de Ness-Prod,
une filiale de Cevital, le fleuron industriel de
l'homme d'affaires Issad Rebrab.
Le juge de la Chambre d'accusation de la Cour d'Alger a, ainsi, renvoyé, à
mercredi prochain, l'appel interjeté par la défense qui a indiqué que le
dossier concerne une affaire d'opinion et de liberté d'expression et que
l'emprisonnement de leurs clients relève d'une décision répressive. Les avocats
du directeur de la chaîne de télévision privée, Mehdi Benaïssa,
de son directeur de production, Riad Hartouf, et de
Mounia Nedjaï, directrice au ministère de la Culture
qui a signé les autorisations de tournage, ont, rappelons-le, fait appel de
l'ordonnance du juge d'instruction portant sur la mise sous mandat de dépôt de
leurs mandants, le 26 juin dernier. Ils ont été incarcérés pour «fausses
déclarations» et «mauvaise utilisation de la fonction» dans le cadre de
l'affaire des autorisations de deux émissions de la chaîne de télévision «Ki hna ki
nass» et «Nass stah». Des manifestations de soutien aux trois accusés ont
eu lieu un peu partout, dans les grandes villes du pays et dans la capitale
française, demandant leur libération. Le même jour donc, sera connu le verdict
concernant la cession d'actifs du groupe El Khabar,
au profit de Ness-Prod. Pour rappel, le ministère de
la Communication avait introduit une action en référé auprès du Tribunal
administratif de Bir Mourad Raïs, sur la conformité
du rachat du groupe de presse El Khabar, par le
groupe agroalimentaire Cevital, en se basant sur les
dispositions de l'article 25, du Code de l'Information. Cet article stipule
qu'«une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou
diriger qu'une seule publication périodique d'information générale, de même
périodicité éditée en Algérie». Pour sa part, le collectif de la défense avait
annoncé son retrait, le 22 juin dernier, pour protester contre un «simulacre de
procès».
Les
avocats avaient expliqué, lors d'une conférence de presse, au forum du journal
«Liberté», qu'il était vain de continuer à travailler sur une affaire
«politique par excellence». Les avocats d?El Khabar
avaient rendu publique leur intention de se retirer de l'audience prévue le 22
juin dernier, pour l'examen au fond de l'affaire du rachat du groupe de presse
par Ness Prod, après que le Tribunal administratif de
Bir Mourad Raïs ait gelé, une semaine plus tôt, le
rachat du groupe. Me Chamma avait déclaré que le
collectif de la défense ne voulait pas cautionner «une injustice qu'on sent
arriver». Pour lui, il s'agit d'un acte «éminemment politique» et affirme ne
plus rien attendre d'une juridiction «qui ne donne pas des assurances». De son côté, Me Nadjib
Bitam, l'un des deux avocats du département de Grine
a relevé qu'il «s'agissait bien d'une affaire juridique, loin de toute
politisation».