Les
Algériens continuent de truster les premières places des classements mondiaux
mais dans ses versions négatives. Ainsi, et selon des statistiques de la police
française aux frontières dévoilées par «Le Parisien», 831 Algériens ont été
expulsés, en 2015, de France métropolitaine sur les 10.471 expulsions de
ressortissants étrangers, européens ou non. Une fois n'est pas coutume, les
Algériens arrivent loin derrière les Roumains (2.422) et les Albanais (1.934)
mais devancent les Tunisiens (772) et les Marocains (731). A elles cinq, ces
nationalités totalisent 63 % de l'ensemble des expulsions, selon les chiffres
officiels. Pourtant, les reconduites à la frontière des Algériens sont moins
importantes que les années passées puisque pour les huit premiers mois de 2013,
on comptabilisait 1.015 Algériens, entrés illégalement sur le territoire
français, qui ont été reconduits à la frontière. Beaucoup moins que les 1.900
Tunisiens et 1.370 Marocains recensés. Comparé à 2012, le nombre d'expulsés
d'origine maghrébine est deux fois moins élevé. En effet, et sur les 36.800
personnes expulsées, cette année, 2.395 étaient des nationaux se classant
derrière les Marocains avec 2.896 et avant les Sénégalais avec 1.760
reconductions à la frontière. Pourtant ces expulsions, passées souvent sous
silence, par les autorités algériennes, ont été dénoncées par Houari Kaddour, secrétaire national chargé des dossiers
spécialisés de la LADDH qui avait condamné la façon «inhumaine» de la
déportation et des mauvais traitements subis par les 7.835 Algériens expulsés
d'Europe en 2015. Les expulsions se font sur la base d'accords de réadmission
signés par Alger avec six pays d'Europe, réputés avoir la préférence des
clandestins algériens. La France, en première, suivie de l'Allemagne,
l'Espagne, l'Italie, la Grande-Bretagne et la Suisse ont, en effet, signé entre
1994 et 2007, des accords de réadmission pour le rapatriement des
ressortissants algériens, en situation irrégulière. Cette diminution des
expulsions des ?sans papiers' algériens de France reste, pourtant
proportionnelle, à celle du nombre global des expulsés qui a chuté de 36.800,
en 2012, à 10.471, l'an dernier. Si les Roumains restent la première
nationalité à être expulsée de France, les Albanais suivent, ces dernières
années, de près. Surnommés les «nouveaux Roumains», ils ont, toutefois, le
droit de séjourner sans visa dans un pays de l'UE, jusqu'à 90 jours, sous
réserve d'être titulaires d'un passeport biométrique. A l'expiration de ce
délai, ils sont expulsables. En 2015, huit fois plus
d'Albanais sont passés en rétention, par rapport à 2010. Mais une fois chez
eux, ils reviennent de nouveau avant d'être expulsés derechef, trois mois plus
tard. Les associations dénoncent cette propension de certaines préfectures de
gonfler artificiellement le nombre d'expulsions. Elles dénoncent, également,
les expulsions de personnes dans leur pays d'origine, en guerre, comme le
Soudan ou l'Afghanistan. Cette diminution des chiffres répond-elle à des
impératifs économiques, sachant que chaque reconduite à la frontière coûte une
moyenne de 700 euros, ou à la fin du mythe de la course aux expulsions
quantitatives ?