|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Porter un grand
projet pour la collectivité peut-il dédouaner son investisseur des conséquences
de ses bugs, comme l'invitation d'officiels à une pose de première pierre sans
chantier avec ? « Vous m'invitez sous l'ombre d'un chapiteau. Des affiches, une
table basse, un parapheur.
Mais où est donc le chantier dans ce beau décor ? (?) Rendez-vous lundi, où je devrai voir le chantier installé ». En face d'eux, avant-hier jeudi à El-Kerma, les cadres de l'EPE Frigomedit, propriétaire d'un projet de réalisation du plus grand complexe frigorifique à l'échelle régionale (30.000 m3), il y'avait le wali « intraitable » sur la question délai. Autant il était jusque-là très coopérant pour lever toutes les contraintes et déblayer le terrain devant cet investisseur public, autant il s'est montré irréconciliable après avoir remarqué sur site qu'il n'y avait ni travaux ni base de vie. Affirmer depuis l'hémicycle qu'une méga-plateforme logistique de froid, étendue sur 50.000 m², pour un montant d'investissement de 147 milliards, est projetée à court terme au pôle agroalimentaire El-Kerma-Tafraoui, aurait suffi pour un gouverneur local qui promeut sa ville, son bilan aussi, par effets d'annonces. Et personne n'aurait, dans ce cas, osé écorner l'authenticité de cette annonce tant il s'agit bel et bien d'un fait avéré. Or, bien loin du marketing territorial et des canaux de la consommation interne et externe, le chef de l'exécutif préfère montrer les choses telles qu'elles sont, quitte à essayer un retour de flamme. L'évènement de la pose de la pierre angulaire -ce qui était sensé être le cas, du moins- pour le complexe de froid de la Société des entrepôts de la Méditerranée Frigomédit, relevant de la SGP de l'Etat-Proda, sur un site mitoyen au marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma, n'a pas dérogé à cette règle, qui veut qu'on prenne à témoin la presse, à charge et à décharge, sans soigner les apparences ni mettre un écran de fumée sur place. Un chapiteau, une pancarte, un parapheur? Et le chantier ? Ainsi, aux responsables du projet, le wali n'a pas exprimé, en aparté, à l'écart de la foule, son insatisfaction, plutôt sa désapprobation, de voir que les travaux n'ont pas été lancés. La conversation wali-directeur technique Frigomedit était en direct. Point d'« entre nous » lorsqu'il s'agit d'affaires publiques. Qu'est-ce qui a donc gâché cette solennité officielle et en a reporté la signature de l'acte de naissance d'une chaîne du froid de grande capacité et à portée économique nationale, avec option « export » ? « Nous avons convenu qu'aujourd'hui je viens pour procéder à la pose de la première pierre et superviser le coup d'envoi des travaux. Au lieu et à la place de quoi, vous m'offrez un bout d'ombre et une pancarte. Non, désolé, cette mise en scène sera sans moi», a réagi, d'entrée de jeu, M. Zâalane. «L'acte de concession du foncier vous l'avez obtenu depuis deux ans. Vous avez eu votre permis de construire. L'ODS de démarrage également. Nous avons mis à plat toutes les difficultés et les contraintes auxquelles vous buttiez, dont l'opposition d'agriculteurs, avec qui nous avons négocié sur place et fini par les convaincre. Coup d'envoi du complexe frigorifique : partie remise Entre-temps, de votre côté, vous n'avez pas fait en sorte que le chantier soit mis en place. Vous avez failli. Je vous donne jusqu'à lundi prochain, ou mardi au plus tard, pour vous rattraper. Je reviendrai donc dans trois ou quatre jours. Si je trouve un chantier, tant mieux pour tous, mais dans le cas contraire, je vous laisserais livrés à vous-mêmes contre les fellahs (opposants)», a averti le wali? Destination El-Hamoul, à quelques kilomètres seulement d'El-Kerma. Là, c'est l'entière satisfaction, puisque l'état du site rime avec le projet annoncé. Pas de décalage entre les copies du maître d'ouvrage et la réalité du terrain. A la parole, l'acte est joint. Il s'agit du projet de réalisation d'un port sec à El-Hamoul, localité relevant de la commune de Tafraoui au sud d'Oran, un investissement de l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) doté d'une enveloppe financière de 251 milliards. Situé dans la nouvelle zone d'activité (ZA) de cette localité, à 15 minutes de l'aéroport et à 25 minutes du port d'Oran, à proximité de l'autoroute Est-Ouest, ce projet confié, par gré à gré simple, au groupe Cosider via sa filiale de travaux publics, ce port sec sera réalisé sur 15 ha dans un délai de 10 mois. Le chantier a été déjà installé, base de vie avec. Mieux, demande a été faite sur place au wali pour permettre une petite extension à partir du terrain de l'ancienne décharge publique d'à-côté. « Vous en faites une demande avec dossier formalisé et on verra », répond le wali aux responsables du projet. On a d'autant de chances de voir les pouvoirs publics accéder à ses demandes qu'on leur fait la démonstration grandeur nature du sérieux de son projet. Mettre en bonne humeur le wali, cela est possible d'abord par un démarrage à l'américaine du chantier. Port sec de Tafraoui : plus de 5.000 conteneurs/jour à traiter A l'inverse, un démarrage en côte raté met toujours le commis de l'Etat en mauvaise humeur. Du premier cas comme du second, on a eu droit à des exemples en live, à cinq minutes d'intervalle, durant la journée de jeudi. Implanté sur une superficie globale de 15 ha, doté d'une zone d'entreposage de 5.000 conteneurs EVP (Equivalent vingt pieds) sur trois niveau et de 500 conteneurs « reefer » (20 pieds, 40 pieds high-cube?), d'une aire de dépôt (bois, RAD?) de 4 ha, d'aire de visite-livraison, dépôt-douane, parc à engins, entre autres, ce port sec devra être réceptionné, selon le délai prévisionnel, en avril 2017. Il génèrera 250 emplois directs, selon les explications du directeur général de l'EPO. Ce projet aura pour impact notamment de désengorger le port d'Oran et d'améliorer les conditions de traitement et de transit des marchandises, en plus de contribuer au développement économique de la région. Un pôle agroalimentaire se profile à l'horizon Pour le moment, le périmètre El-Kerma ?Tafraoui ?El-Hamoul renvoie plutôt cette image de puzzle en pleine constitution, fait de pièces, certes éparpillées dans l'espace mais (qui seront) interconnectés en termes de segments d'activités. Il s'agit de plusieurs unités de production, de traitement-transit ou de commercialisation implantées ça et là dans secteur sud du territoire de la wilaya, à l'instar des halles centrales de fruits et légumes, le marché aux bestiaux, le futur abattoir régional, les futures halles à poisson, le projet du complexe frigorifique, le port sec en chantier, les unités d'élevage et d'abattage de volaille, de production laitière, céréalière, oléiculture, périmètre d'irrigation de Mleta (dans la commune voisine d'Oued Tlélat), etc. A ces entités, directement ou indirectement liées à l'agroalimentaire, il faut ajouter d'autres projets économiques et d'investissement local ou étranger, dont la future usine Peugeot d'El-Hamoul, la future zone d'activité dans cette même localité. « C'est tout un pôle agroalimentaire qui est en train de se développer et de prendre de l'essor dans le sud de la wilaya. Question transport, on y a pensé, notamment à travers le projet de modernisation et dédoublement du chemin de wilaya qui part de l'autoroute Est-Ouest en bifurquant vers Tafraoui pour aboutir jusqu'à la wilaya d'Aïn-Témouchent. Reste à développer également le transport ferroviaire, indispensable pour la fonctionnalité de ce pôle, qui reste tout à fait en marge pour l'heure, en dépit de la proximité du chemin de fer, qui passe certes par le coin mais sans y prêter ses services. |
|