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L'Algérie
ambitionne de réduire de près d'un milliard de dollars sa facture de
médicaments dans le moyen terme, a annoncé, hier mardi, sur les ondes de la
radio nationale, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines
(SNAPO), Messaoud Belambri. «On peut réduire la
facture des importations de médicaments (actuellement de deux milliards de
dollars, Ndlr) à un milliard de dollars à moyen terme», «c'est un objectif
qu'on peut atteindre, si on fait le bilan de tout ce qui a été fait avec les
nouvelles unités de fabrication et celles à venir». Le ministère de la Santé a
donné 120 autorisations pour la réalisation d'unités de production de
médicaments et 140 unités sont en instance de finalisation. «Même les unités de
fabrication améliorent leur production et la diversifient», estime
t-il.
Pour autant, le retard reste important entre la valeur des médicaments produits localement et la production nationale. «Nous sommes en valeur à un taux de 45% de la production nationale. Si dans trois ans on atteint les 70%, on pourra économiser la moitié de la facture d'importation actuelle », affirme M. Belambri. Même en cas de hausse des unités de fabrication de médicaments sur le territoire national, « il n'y aura pas de saturation du marché avec l'émergence de nouveaux producteurs de médicaments, et l'industrie pharmaceutique ne doit pas profiter au marché local, mais aussi à l'exportation », fait remarquer le président du Snapo pour qui « il faut être plus ambitieux en investissant dans la matière première ». Mais, pour réaliser cet objectif, « il faut lever des barrières et trouver des solutions, dont la formation, puisque la filière n'existe pas à l'université, outre un partenariat entre université et industrie pharmaceutique et recherche développement ». Pour M. Belambri, « il faut mettre en place maintenant ces mécanismes, sinon on ne peut atteindre les objectifs de réduction de la facture des importations ». Par ailleurs, il estime qu'il faut décloisonner les importations de certains médicaments, car « 50 ans d'indépendance, c'est 50 ans d'importation. Cette culture, il faut travailler pour l'inverser et imposer de nouvelles habitudes. Il faut changer de mentalité dans l'importation de médicaments », préconise-t-il. Il revient cependant sur le fait que le taux de production de médicaments localement de 45% en valeur et 55% en volume « est satisfaisant, mais pas suffisant par rapport à des pays arabes voisins ou comme la Jordanie et la Syrie, avant la guerre civile ». Il ajoute, dépité: « c'est malheureux d'être à un taux de 45% en valeur dans la production localement de médicaments car nous sommes loin des objectifs et du niveau dans lequel doit être notre pays ». Déès lors, il appelle de ses vœux à ce que « les opérateurs soient encouragés et il faut aller vers l'épanouissement de la production nationale, qui doit être accompagnée de mesures spécifiques ». Sur le problème des marges bénéficiaires pour les pharmaciens d'officine, il estime qu'il faut « adopter de nouveaux dispositifs pour encourager le générique et la production nationale, qui sont menacés par la politique de rationalisation opérée par la CNAS dans le cadre du tiers payant ». « Car s'il y a des problèmes, il faut aller vers des solutions globales et multisectorielles, et ne pas adopter des décisions hâtives, qui peuvent avoir des conséquences lourdes sur les investissements dans l'industrie pharmaceutique ». Pour lui, par ailleurs, le cabas pharmaceutique « existe, mais reste un phénomène minime et limité dans un pays qui a une facture de deux milliards de dollars et 55% en volume, et des outils de contrôle. Il n'y a pas de place pour les produits cabas ». Sur la question des 10.000 tonnes de médicaments périmés stockés dans les officines et les hôpitaux, M. Belambri indique que le problème est en voie d'être réglé après la signature d'un partenariat avec des investisseurs nationaux et un opérateur étranger pour la destruction de ces stocks. Pour autant, il relativise le problème en estimant que « le phénomène des médicaments périmés est normal, il existe partout, c'est inévitable, on ne peut gérer du médicament sans avoir du périmé, et puis il y a des lois, qui interdisent l'incinération des produits périmés depuis 4 ans pour respecter l'environnement ». Les officines de l'ANDIMED au rebut ? C'est également une question de sous, puisque le coût de l'incinération a été ramené pour les pharmaciens d'officine à 75 DA/kg en TTC contre 250 DA/kg en TTC. « Il y a un accord pour incinérer à grande échelle, on est arrivé à la vitesse de croisière, 140 tonnes sur les 10.000 ont été déjà éliminées, le problème aujourd'hui est en voie d'être réglé». D'autre part, sur le cas des pharmacies publiques détenues par l'Andimed et qui devaient être cédées aux professionnels depuis 2007, et qui sont au nombre de 960, il a confirmé que seulement 450 ont été effectivement mises en vente et l'opération a été ensuite stoppée. « Tout récemment, le PM a même ordonné de céder ces officines aux professionnels, mais cela stagne. Ce n'est pas crédible que 1.000 pharmacies fonctionnent sans pharmaciens, alors qu'il y a un programme du gouvernement pour que ces agences soient affectées aux professionnels. Continuer comme cela, c'est mettre en danger la santé des citoyens », estime Belambri qui s'interroge sur les raisons de ce blocage, puisque la décision de liquidation de ces officines a été prise en 2007. « Le processus est mis aux oubliettes à chaque fois », est le commentaire du président du Snapo. Actuellement, il y a en Algérie 9600 pharmacies privées et 960 de l'Andimed, soit une officine pour 5.000 habitants, et près de 3500 officines ont été créées depuis quatre ans dans les zones enclavées du pays. Enfin, il estime que les périodes d'indisponibilité du médicament sont moins longues qu'avant, ainsi que les listes de médicaments, et sur les « 500 à 600 grossistes sur le marché, 20 seulement sont opérationnels ». |
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