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L'Algérie
fait face à de sourdes menaces de sectes et pays du Moyen-Orient qui veulent «re-islamiser»' les Algériens. C'est ce qu'a affirmé, hier,
à la radio Chaîne 3, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa.
L'extrémisme religieux, constaté depuis quelque temps, en Algérie, dirigé
contre les jeunes, est considéré par le ministre comme étant «des dérives
sectaires.» «L'Algérie a connu l'Islam depuis des siècles et a cohabité avec
d'autres religions, a contribué à la construction de la civilisation andalouse
et en est le dépositaire légal après l'inquisition», a-t-il rappelé.
Pour le ministre des Affaires religieuses, «les jalons de notre religiosité sont le juste milieu mais ont été bafoués par une invasion produite, en trois phases de notre histoire: la présence ottomane qui a généré l'existence du rite hanéfite et coutumes de vie différents de l'appartenance africaine de l'Algérie, le colonialisme qui a imposé le clergé qui formait les imams selon le concept laïque, pour perdurer en Algérie, et la troisième est le choix des Algériens à l'option socialiste qui a poussé des pays orientaux à croire que nous sommes un pays à re-islamiser, et c'est comme cela que l'invasion sectaire s'est produite, par la formation, dans ces pays, de jeunes Algériens pour qu'ils reviennent en instituteurs et parfois comme imams.» Mohamed Aïssa enchaîne, en déclarant, que «notre démarche est d'outrepasser ces trois phases pour un référent algérien, qui est le nôtre, c'est l'esprit de Cordoue, qui était la dernière phase après l'invasion ottomane et le colonialisme, et nous croyons qu'il s'agit de l'Islam tel qu'il a été révélé à Medine, au service de la société et modéré. C'est notre démarche et notre feuille de route, qui sont un programme du gouvernement.» Il poursuit en affirmant que «les jalons de l'Islam, en Algérie, ont été bafoués. Donc, il faut dépoussiérer et convaincre les Algériens, il ne faut pas jeter ce riche héritage du référent de l'esprit de Cordoue, il ne faut ni le jeter, ni le dénigrer», a-t-il dit, estimant qu'il s'agit «d'une réforme profonde et intellectuelle, il faut que l'élite savante participe à ce travail laborieux.» Défense du référent national Pour défendre le référent religieux national, «notre histoire, notre existence», Mohamed Aïssa a souligné la mise en place «d'approches, qui concernent trois jalons: la jurisprudence (Fiqh) du rite malékite, l'interprétation (l'Ijtihad) pour s'ouvrir sur la modernité, puis l'approche soufie, la spiritualité.» Mais, il relativise car «ces jalons ne peuvent être contenus que par des institutions, des publications pour défendre ces référents religieux et les rappeler. «Nous avons engagé, en 2015, la publication de 86 oeuvres, dont des oeuvres religieuses. Il nous faut des hommes qui incarnent le référent national», a-t-il indiqué, avant de souligner que «nous visons Dar El Itaa, pour tous les exégèses algériens, pour orienter la société algérienne et qu'elle revienne vers ses référents religieux.» Pour «'immuniser cette construction, on envisage un observatoire pour défendre, contre les dérives sectaires et l'extrémisme religieux. Ces institutions sont engagées auprès du gouvernement et on attend les avis des ministères. On a déjà reçu un feed back positif, sur les dérives sectaires», et cet «observatoire sera le premier, dans le monde musulman, pour débattre de ces questions. On aura ces deux institutions vers la rentrée prochaine». Cet observatoire «est très attendu au niveau international, dont les institutions onusiennes, et c'est le salut du combat contre l'extrémisme, car l'Algérie a excellé en matière de dé-radicalisation, et la charte pour la paix et la réconciliation nationale a apaisé les tensions et permis aux imams, les plus formés, de dé-radicaliser les jeunes, ceux tombés sous le charme de l'extrémisme, en montrant que les versets utilisés sont sortis de leur concept et instrumentalisés à des fins politiques». «Ce travail, a dit le ministre, est un référent international et l'Algérie est considérée comme capitale de la dé-radicalisation.» Par ailleurs, M. Mohamed Aïssa a indiqué qu'il y aura également l'institutionnalisation d'un observatoire de veille contre le prosélytisme: «ce sont des institutions complémentaires, c'est la commission nationale, qui siège au ministère, qui va réguler les cultes autres que l'Islam pour défendre la liberté du culte, défendue par la loi fondamentale algérienne.» Pour autant, le ministre des Affaires religieuses confirme que «l'Algérie fait face aux menaces de l'extrémisme religieux», indiquant que «les services de sécurité font face à ce genre de menaces, dont le combat contre les dérives sectaires, et nous remarquons qu'il y a chaque fois une tentative d'intrusion.» Sourdes menaces et tentatives d'intrusion «L'Algérie ne veut pas devenir le terrain d'une guerre sectaire qui ne la concerne pas, comme le Ahmadisme, le wahahbisme, etc. .. ce n'est pas le produit algérien, né en Algérie.» Le ministre affirme que «nous croyons que c'est une invasion et c'est un colonialisme d'un autre niveau», soulignant que «nous avons détecté deux wilayas, dans l'extrême est du pays, qui sont la visée de toutes les sectes qui existent au Moyen-Orient, qui veulent prendre pied dans ces deux wilayas». Il a refusé, cependant, d'en révéler les noms, précisant qu' «il s'agit de deux wilayas au niveau des frontières algériennes, nous sentons qu'il y a des intrusions étrangères qui veulent frapper l'Algérie, qui les a fragilisés sur le plan sécuritaire.» Pour M. Mohamed Aïssa, la solution contre ces intrusions sectaires est qu'il faut «immuniser l'Algérie, en revenant à notre référent national, nous avons un héritage très riche convoité par les pays voisins.» Les attaques, selon le ministre, sont orchestrées, à travers les réseaux sociaux, notamment des «blasphèmes contre le prophète et les services de sécurité ont montré qu'il s'agit d'une intrusion étrangère.» Il a, d'autre part, souligné que dans le cadre de l'assainissement du paysage audiovisuel, par le ministère de l'Information que le ministère va intervenir pour déterminer le discours religieux sur les médias. «En vérité, nous combattons les dérives sectaires, mais pas les sectes, c'est un problème moral, la préoccupation de l'institution officielle algérienne est que ces personnages n'ont pas à faire du prosélytisme et profiter du besoin des uns et des autres pour leur imposer leur secte», explique le ministre qui ajoute que «nous combattons les agissements des uns et des autres, qui nuiraient à l'Algérie.» Et puis, «nous avons des contrôleurs et des inspecteurs pour contrôler les prêches et chaque fois qu'il y a une dérive, on interpelle l'imam.» «Nous sommes attaqués sur la religiosité des Algériens, cela a réussi, dans les années 1990, pour contrer cela, on fait la formation des imams, qui sont assez outillés pour sécuriser leur lieu de culte.» Enfin le ministre des Affaires religieuses a prévenu que «la liberté de culte non musulman (en Algérie, Ndlr) n'impose pas de violer les lois de la République.» |
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