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Apparemment
la reprise de la ville de Syrte par les forces loyales au gouvernement d'union
nationale (GNA) que préside Fayez El Serradj devrait asseoir l'autorité de ce dernier sur le
pays. Il est vrai que le GNA est parvenu peu à peu à rallier à lui des acteurs
politiques des groupes et milices armées et ce faisant il est apparu avoir
justifié qu'il est l'émanation d'un rassemblement en train de refaire l'unité
nationale ayant volé en éclats dans le sillage de la révolte anti-Kadhafi.
L'offensive que ses forces ont lancée contre Daech dans Syrte et sa région est pour ce GNA une opération devant faire la preuve qu'il dispose désormais de la force armée en capacité de chasser du pays cette organisation terroriste et de restaurer l'autorité de l'Etat auquel il préside. Reste à savoir si l'union ainsi ébauchée à Syrte par le GNA et les groupes armés qui lui ont accordé leur soutien va s'inscrire dans la durée ou voler à nouveau en éclats au terme de l'offensive destinée à chasser Daech de Syrte. L'interrogation s'impose au constat que les parties prenantes à la coalition que le GNA est parvenu à constituer autour de lui n'apparaissent avoir d'autre objectif que de mettre en échec l'ennemi commun qu'est pour elles l'organisation djihado-terroriste l'Etat islamique. Au-delà, il ne semble pas que l'union des forces libyennes réalisée par le GNA l'a été sur la base d'un agenda et d'un programme politique auxquels toutes ses composantes souscrivent. Il est par conséquent à craindre que dès que Daech sera défaite et contrainte d'évacuer la portion du territoire libyen tombée sous sa coupe, l'on verra cette union se défaire et reprendre les affrontements libyo-libyens. Le succès dont elle pourrait se prévaloir par la reprise de Syrte aux combattants de l'Etat islamique risque de devenir la pomme de discorde entre le GNA et les groupes et milices armées qui y concourront. Officiellement le GNA a constitué sous son autorité un état-major militaire qui coordonne les opérations de l'offensive en cours pour reprendre Syrte et sa région. Mais s'il y a coordination entre les éléments composant la force gouvernementale montée à l'assaut des positions de Daech, il n'en demeure pas moins que les uns et les autres font le calcul de s'approprier les dividendes de la victoire. Le GNA a le soutien de la communauté internationale mais reste affaibli par le fait que n'ayant pas à disposition et sous son autorité une armée nationale efficiente, il est à la merci des ambitions de ses alliés de circonstance. C'est dire qu'en Libye il y a toujours nécessité de faire pression sur tous les acteurs agissant dans la crise libyenne pour qu'ils conviennent d'un accord politique qui mette fin à la division du pays sur la base d'un programme aux objectifs acceptés par tous. L'ONU et les Etats du voisinage ont parfaitement compris que c'est dans ce sens que la communauté internationale doit agir auprès de ces acteurs. Faute de quoi la défaite de Daech dans ce pays ne sonnera pas la fin du chaos dans lequel l'ont plongé les luttes fratricides pour le pouvoir et le contrôle de ses richesses qui en est le but. Malheureusement et malgré l'apparente union amorcée en Libye contre la présence de l'Etat islamique, les dissensions qui ont conduit le pays au chaos sont loin d'avoir été surmontées. Leurs protagonistes continuent à les entretenir, motivés par des ambitions que l'unité retrouvée du pays contrecarrerait et entretenus dans leur détermination par les milieux étrangers qui leur fournissent des soutiens intéressés. |
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