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La quête de l'Etat de nouvelles rentrées financières se poursuit
inlassablement. Après l'amnistie fiscale, l'emprunt obligataire et l'appel du
pied aux binationaux d'ouvrir des comptes bancaires en devises en Algérie, le
pays se tourne vers la fiscalité ordinaire et le recouvrement «insuffisant»
d'impôts locaux. Le ministre de l'Intérieur a été suffisamment clair sur cette
question lors de sa rencontre régionale d'évaluation des activités des 13
wilayas de l'Ouest qui s'est tenue ce lundi à Oran.
Noureddine Bedoui n'y est pas allé par quatre chemins pour rappeler aux walis l'urgence de la situation et les attentes du gouvernement en termes de gestion locale, de rationalisation des dépenses et de développement économique. Les bases du nouveau modèle économique national prôné par Sellal. L'Algérie n'a plus d'argent à gaspiller, c'est en substance le message ferme du ministre, lorsqu'il évoque la fin de l'Etat providence qui payait de sa poche les déficits de gestion. En affirmant que c'est aux collectivités locales de se débrouiller pour trouver leurs propres sources de financement, le ministre dresse un constat d'échec de ces mêmes responsables conditionnés par la persistance «de l'esprit de la rente» et des transferts financiers de l'Etat. Bedoui ne pouvait que regretter la tendance dépensière des collectivités locales à l'encontre de toute rationalisation malgré les instructions et orientations du gouvernement. Pourtant, au-delà du constat et des réprimandes, l'Etat serait plus inspiré de dépêcher des commissions d'enquête à propos de projets communaux réalisés sans aucune logique que celle d'octroyer des marchés à des entrepreneurs amis. Il serait plus judicieux de contrôler ces dépenses et d'accompagner ces milliards jetés par les fenêtres au nom d'un budget communal à surveiller de plus près. Au cours de cette même rencontre, le ministre de l'Intérieur a également déploré la passivité des walis, loin du terrain de la gestion locale des finances et dans la priorisation des dépenses communales. En abordant cette question, Bedoui met le doigt sur un sujet tabou, celui du rôle du wali. Une omnipotence dénoncée par les élus locaux mais des objectifs en deçà des attentes du pouvoir central dont il est le représentant. Ce rappel à l'ordre concerne aussi les administrations publiques coupables d'une bureaucratisation indécrottable et d'un niveau de corruption inégalé. Le ministre, plus offensif que jamais, rappellera l'intransigeance de l'Etat devant le laxisme de certains responsables incompétents, prévenant même de les congédier. La piqûre de rappel de Bedoui renseigne sur le peu de résultats engrangés par l'action gouvernementale et son coup de gueule répond à des impératifs d'urgence dictés par la crise et l'apathie des responsables. |
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