|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le
wali n'a pas livré un secret ni fait une confidence lorsqu'il déclarait, hier
lundi, qu'il a fallu faire le forcing pour éviter que la frange maritime d'Oran
soit la proie de la promotion immobilière. Avant de se vanter d'avoir pu mettre
en place une bande verte sur le prolongement de Front de mer, il faut d'abord
se réjouir d'avoir pu venir à bout des convoitises immobilières sur un foncier
de 42 ha, à haute valeur.
Car, il est évident -sauf pour un esprit naïf- que le détenteur de l'autorité de l'Etat ne se promène pas, dans les quatre coins de la cité, avec son bâton de pèlerin, avec lequel il porte une croix sur la terre, là où il veut qu'il y ait jardin citadin, aux lieu et place de buildings, par exemple. Derrière les 42 ha de verdure longeant désormais le balcon, vue sur mer, de la ville, répartis en 4 lots (Jardin méditerranéen, Esplanade de Sidi M'hamed, frange maritime Millénium, Espace vert méditerranéen) se cachent plusieurs actions discrètes d'expropriation et de «réappropriation», où il fallait pousser le courage jusqu'à assumer un « passif » d'anciens actes de concession à tout bout de champ, domiciliés dans ce périmètre qui attise toutes sortes d'appétits. Pour autant, la mission était loin d'être achevée, dès lors qu'on a pu délimiter le terrain à faire verdoyer. Au problème financier, résolu via plusieurs sources de financement (fonds du secteur de l'Environnement, amélioration urbaine à l'indicatif de la DUC, budget communal), est venu se greffer des problèmes de passation de marché, de gestion de travaux, de suivi de chantiers?Et c'est tout ce contexte complexe qui procure, à l'aboutissement du projet, davantage d'intérêt et de sentiments positifs. D'abord au sein de la société civile, dont des citoyens et des associatifs ont tenu à faire part, hier, lors de l'inauguration de la tranche dite ?Jardin de la frange maritime', opération d'un coût de 19 milliards confiée à 8 entreprises, de leur joie de voir du gazon, des plantes d'ornement, des arbres, du mobilier de jardin? pousser aux lieu et place du béton, rééquilibrant, un tant soit peu, le rapport construction / verdure et améliorant, de fait, le ratio espace vert par habitant à l'échelle de la ville. Frange maritime d'Oran : Une longue histoire de convoitises « On est ravi d'inaugurer, aujourd'hui, un autre petit pan d'espace vert qui s'ajoute au parc vert de la ville. Mais c'est comme si on avait rien fait si on n'assurerait pas une bonne gestion des lieux », a remarqué le wali. A cet effet, il a chargé l'Epic ?Oran vert' de gérer provisoirement ce jardin, en attendant un avis d'adjudication qui sera lancé sous dizaine. En effet, partant de l'approche qui veut que l'acte économique doive être omniprésent dans tous les actes de réalisation, segment social compris, le wali a placé, notamment le parking intégré au jardin, sous l'égide de l'entreprise ?Oran vert', qui en récoltera quelques recettes, minces mais toujours utiles. Il faut dire que tout le foncier, côtoyant la frange maritime d'Oran a été, de tout temps, à la croisée des convoitises, depuis l'histoire ancienne du fameux méga-projet d'investissement du groupe saoudien ?SNASCO', qui aurait voulu mettre un sacré paquet de 400 millions de dollars sur une assiette de 150.000 m², comprise entre le tribunal administratif (Es Seddikia) et le Méridien, jusqu'au dernier épisode du non moins fameux parc d'attraction, comprenant roue géante, montagnes russes et jeux aquatiques, qu'un privé aurait voulu réaliser, sur place, en partenariat avec des Portugais, en passant par bien d'autres projets promotionnels privés, à forte consonance oligarchique. Ainsi, il aura fallu résister à une série de tentatives de « privatiser » ce foncier, mais surtout mettre en place, depuis fin 2013, un bouclier «étatique » protecteur autour de ce domaine trop désiré, esplanade de Sidi Mhamed comprise, pour le sauvegarder au profit des citoyens sous forme d'un lieu de détente, sans passer via la formule de mise en concession intégrale. |
|