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Saïda: Les handicapés tiennent leur session extraordinaire

par Tahar Diab

Ils étaient plus de 63 handicapés à occuper majestueusement les sièges des membres de l'APW pour assister à une session extraordinaire de leur assemblée démocratiquement élue à la base. Représentant une population scolarisée de 137 handicapés issus des quatre centres spécialisés relevant de la D.A.S (Direction de l'action sociale), l'auguste assemblée juvénile a forcé le respect dans les règles protocolaires. Après la lecture de la «Fatiha» psalmodiée par la plus jeune handicapée visuelle, l'écoute solennelle de l'hymne national a été suivie par une minute de silence observée à la mémoire du défunt Président de la R.A.S.D. Suite à l'appel des membres élus qui manifestent leur présence en se levant par respect à l'assistance, le président de cette nouvelle assemblée, Mr Bouzidi Yacine, élève de 4éme A.E.M, donna lecture de l'ordre du jour. Encadré de deux de ses adjoints et entouré à la tribune officielle par les présences hautement symboliques du wali accompagné des deux colonels de l'ANP et des coordonnateurs de wilaya de la gendarmerie et de la sûreté, le nouveau président rappela que cette initiative, la première du genre, est consacrée à la Journée internationale de l'enfant, conformément à la directive du 25 mai émanant du ministère de la Solidarité. Cette seule session extraordinaire sera dorénavant commémorée annuellement et cette première rencontre a été exceptionnellement réservée à débattre des problèmes socio-éducatifs de leur secteur complètement pris en charge par l'Etat qui ne lésine pas sur les moyens appropriés.

Les intervenants du jour étant plus motivés démocratiquement que les élus politiques ordinaires, c'est avec un pragmatisme instructif que leurs débats s'avèrent constructifs car ils proposent des solutions réalisables aux problèmes posés à la base. Tout en reconnaissant à l'unanimité les efforts considérables consentis par l'Etat, ils proposent néanmoins une évolution dans le cursus de scolarité avec l'apport de collèges et de lycées régionaux, dotés de bibliothèques spécifiques à leurs besoins d'apprentissage, des infrastructures sportives adaptées dont la piscine surtout, l'intégration de créneaux de la formation professionnelle. Tout en observant les visites espacées de leurs parents, les élèves handicapés souhaitent également la multiplication d'échanges culturels et sportifs et de foires régulières d'expositions de leurs produits artistiques et travaux manuels. Un cas personnel d'un jeune mineur, se déclarant repenti, a trait à la proposition de débaptisation de « rééducation » car il se considère issu d'une bonne famille et que sa présence punitive n'est qu'un accident de parcours d'une erreur d'adolescence ». Ils sollicitent l'encouragement occasionnel et la prise en charge des jeunes talents. Répondant à sa collègue de l'exécutif, c'est avec ironie qu'un directeur avisé lui déclarait que sa réponse à son invitation n'était pas liée à « ses beaux yeux » (interpréter ses jolis cheveux) mais que cette frange sensible de la jeunesse mérite la mobilisation de toute la société, où son intégration s'avère profondément délicate s'ils n'arrivent pas à s'imposer par des métiers ou des apprentissages appréciés dans le monde du travail.