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Loin de la
politique et des problèmes de religion, de nationalité et d'intégration que vit
la France, quatre voix très différentes les unes des autres ont décidé de
dialoguer ensemble et donner leur vision de la société française telle qu'ils
la vivent.
Ces voix, celles d'un journaliste de renom, Rachid Arhab, un diplomate, ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt, un Algérien sans papiers, Nacer Safer, et un fonctionnaire ayant la double nationalité, Karim Bouhassoun, co-auteurs du livre «Quatre nuances en France», des éditions Salvator, ont essayé de véhiculer cette image d'une France tolérante avec toutes ses diversités. Rêve ou illusion ? Avec les idées xénophobes qui font leur chemin dans la société et l'affaire Benzéma, la France semble perdre le nord. C'est à travers des initiatives de petits groupes de personnalités connues ou associations que cette France qui a du mal à réconcilier les Français entre eux, tente de relever le défi. Venus à Oran, ce jeudi, à l'hôtel Royal pour la présentation de leur livre, les co-auteurs de «Quatre nuances de France», à l'exception de Nacer Safer, ont ouvert le débat sur des questions d'actualité qui font polémique dans l'Hexagone et essayer de parler de leur propre expérience. Pour l'ancien ambassadeur et actuel Inspecteur général au Quai d'Orsay, Xavier Driencourt, «le livre est le résumé de quatre visions de la société française, de ses difficultés, de ses problèmes et sur le débat qui tourne autour de l'immigration et l'intégration». En tant que haut fonctionnaire de l'Etat en activité, il a expliqué qu'avant de se lancer dans ce projet, «bien sûr, j'ai demandé l'autorisation à M. Fabius et M. Ayrault. Ce n'est ni un livre de mémoire, ni un livre sur ma vie. C'est un livre de réflexion en tant que citoyen». Bien que les auteurs de ce livre n'avaient rien en commun, ils sont devenus amis et ont pu dialoguer ensemble sans être influencés par les problèmes de religion, de nationalité ou d'identité. «Malgré les problèmes de la société française aujourd'hui, dira l'ex-ambassadeur, nous avons réussi à débattre, à dialoguer, à échanger de la nationalité, de la religion, de l'immigration, de la double nationalité et de la déchéance de la nationalité. Je crois que finalement ce que nous revendiquons est que nous avons fait un travail politique sur des sujets d'actualité sans les diaboliser. Nous avons écouté les uns et les autres». Lors des débats, l'inspecteur général du Quai d'Orsay n'a pas hésité à donner son avis sur l'union pour la Méditerranée en qualifiant cette initiative de «bêtise» ne représentant pas la bonne solution. Vue son expérience dans la diplomatie française, M. Xavier Driencourt estime que bien qu'il soit parmi les défenseurs de ce projet, cette union à trois ou six aurait été mieux du fait que certains pays européens ignorent complètement l'existence de l'Algérie ou autre pays méditerranéen. Projet d'une chaîne algéro-française ralenti après les attentats du 14 novembre 2015 Quant à Rachid Arhab, né en Algérie et qui a grandi en Lorraine, il considère que ce livre «est une déclaration d'amour à l'Algérie et à la France. C'est une réflexion démocratique». Il dira, «nous n'avons pas essayé de nous convaincre mais de dire voilà ce que je vis et non pas ce que je crois». «Nous avons la France en copropriété», dira-t-il à l'assistance. Ce journaliste qui a 30 ans de carrière n'a jamais eu la double nationalité. Il a préféré garder la nationalité algérienne. Son rêve est de créer une chaîne de télévision algéro-française, une «Arte franco-algérienne». Un projet qui est actuellement mis en veilleuse depuis les attentats du 14 novembre à Paris. «Je suis venu en Algérie pour convaincre les autorités de ce projet. Depuis un an, j'ai été reçu par un certain nombre de responsables et aussi par des responsables politiques bien qu'ils ne soient pas concernés directement par le projet. Je leur ai expliqué qu'il ne s'agit pas d'un projet politique mais audiovisuel». Cependant, avec les autorités françaises, il y a eu un freinage de ce projet. M. Rachid Arhab a expliqué sur ce point, «je dois dire à mon grand regret que les responsables français, après avoir été très favorables à ce projet et partants, ont fait montre d'une certaine réticence. Ce ralentissement date du 14 novembre 2015. On est bien d'accord que cette chaîne est plus qu'utile. Il y a encore des réticences qui sont lourdes à manipuler. Concernant chaîne tv, il a tenu à préciser, «Moi, je ne veux pas faire ce projet en pirate. Que ce projet arrive en satellite de n'importe d'où. C'est un projet autorisé, reconnu, libre, indépendant mais qui a toutes les chances de réussir. Moi, je ne veux pas faire ça dans mon petit coin. Sinon, j'aurai créé une boite télé et je me serai amusé à diffuser ce que je pense. Donc, c'est un processus long, je ne vous cache pas que je suis un peu découragé. Il y a des moments où quand les portes se ferment, c'est regrettable. Mais, chaque fois que j'en parle avec les journalistes algériens, je me rends compte à quel point c'est un projet qui pourrait représenter quelque chose pour les deux sociétés. Je pense que dans l'état d'incompréhension dans lequel on est en train de s'installer de nouveau, on pourrait dire, on a réussi quelque chose en commun. C'est de ça que moi je veux convaincre les deux autorités avant de commencer. Je ne veux pas que ce projet soit vécu comme un projet qui vient de France vers l'Algérie. Et je ne veux pas que ça soit un projet qui vient de l'Algérie vers la France. Je voudrai que tout le monde soit d'accord au même moment. Mais pour qu'ils soient d'accord au même moment, c'est compliqué. Il y a des temps politiques qui ne sont pas les mêmes». Sur la chaîne Public Sénat, il a expliqué, «j'ai postulé pour la chaîne Public Sénat. La course est terminée. La politique française est compliquée». Pour sa part, Karim Bouhassoun, a lancé en s'adressant à l'assistance, «on n'est pas là pour vous donner des leçons mais partager des expériences. Le produit de ce livre est une amitié». |
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