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Livres
Un maure dans la Sierra. Roman de Rénia Aouadène. El Kalima Editions, Alger 2016 (www.elkalima-editions.com), 165 pages, 500 dinars Les années 20 en Algérie. Précisement en Kabylie. L'occupation coloniale (par Madame la France) et son poids de misères. Au village de Darna, petit village perché à 1000m d'altitude, le petit Rabah a pris, petit à petit, conscience de la misère qui oblige son père, Brahim, à partir bien souvent loin de la maison pour ramener quelques sous pour (sur-) vivre. Il est allé à l'école. Il a appris et compris. Il va se former aux armes et à la lutte (en s'engageant dans l'armée, taisant toutes ses colères)... Les années 20 en Espagne, années de misère, de disette. Un pays divisé, car c'est aussi la lutte pour le pouvoir. L'Eglise catholique est là, toujours debout, avec ses alliés les conservateurs rétrogrades face aux paysans et aux ouvriers qui (sur-) vivent. La petite Dolorès a vécu dans un petit village. Le père, ayant perdu ses terres, part souvent loin de la maison familaile pour louer ses bras. Elle a été «élevée» et éduquée par une femme, amante «libre» d'un descendant «moro», Amalia, qui lui a appris la fierté et la lutte pour aider les autres. Le début des années 30. Inscrit au Parti communiste, Rabah va partir en Espagne pour lutter aux côtés des révolutionnaires contre le fascisme franquiste. Il sera à la tête d'une brigade où l'on retrouve d'autres Algériens, des Palestiniens, des Libanais... beaucoup d' «Arabes». Amalia va s'engager, aux côtés des Républicains, en tant qu'infirmière. Le camp de la révolte, de la justice. Ils lutteront ensemble contre les troupes fascistes de Franco, ils s'aimeront... et la guerre les séparera. Rabah mourra en combattant le 25 mars 1938 sur le plateau de Miraflorès...en pensant à Yamina, sa douce maman, à Amalia l'indomptable, à la Kabylie... et aux luttes futures de ses frères en Algérie contre l'occupation coloniale. Aujourd'hui, une rue de Barcelone porte le nom de Oussidhoum. L'Auteure : Poétesse, nouvelliste et dramaturge algérienne. Est née et vit à Marseille où elle enseigne . Extraits : «Anerez wala neknu», «Plutôt rompre que se plier !», telle est la devise de Brahim et des siens, de tous ceux qui n'ont cessé de lutter contre les milliers d'envahisseurs, ne laissant à cette terre aucun répit au cours des siècles» (p 11), «Il (Rabah) avait saisi la politique coloniale qui consistait à diviser les différentes ethnies, et ce qui le gênait, c'était ce mépris envers les arabophones. Les réflexions méprisantes fusaient et les colons avaient tendance à différencier les Kabyles des Arabes comme s'il ne s'agissait pas d'un même peuple» (p 71) «Les politiciens qui gouvernent ne sauront jamais que des afro-arabo-musulmans ou chrétiens se sont battus et qu'ils deviendront des soldats de l'ombre car l'histoire ne retiendra que ce qui l'arrangera» (p 164) Avis: Roman réaliste, simple dans sa construction, et «naïf» (au sens noble et littéraire du terme) dans son articulation. Excellent sujet de film ! Citations : «Nul être ne devrait être obligé de quitter les siens, de se couper de ses racines sous la contrainte de la faim. Il n'y a pas de blessures plus graves que celles de l'exil» (p.103), «L'on ne peut humilier une population entière sous prétexte de civiliser et de développer son propre pays avec des richesses pillées à l'étranger » (p 138), Allah au pays des enfants perdus. Roman de Karim Akouche. Editions Frantz Fanon (Editions Dialogue Nord-Sud, Montréal, 2012), Tizi Ouzou 2016, 157 pages, 550 dinars Ath Wadhou, minuscule village «égaré» aux confins du Djurdjura. Un village banal. Tranquille mais pauvre. Une vie toute simple.Y vivent Zof (Sofiane), le berger. Rapidement dans les nuages dès qu'une de ses brebis met bas. Il n'a jamais mis les pieds à l'école, sinon celle de la vie. A peine trente ans, mais se sentant «responsable», car aîné d'une fratrie de quatre filles et de deux garçons. Il y a son ami, Ahwawi, l'artiste, au banjo lumineux (et à sa chanson fétiche, «Allah au pays des enfants perdus»)... et au caractère truculent, avec, toujours, de l' «herbe magique» dans ses poches. Ayant grandi à Alger, il a été obligé de revenir au village natal pour s'occuper de sa mère et de ses deux sœurs. Il y a, aussi, Zar, l'étudiant aux idées technologiques en avance sur son temps mais toujours incomprises et rejetées (par l'«establishment») Ils vivent simplement leur quotidien, avec son lot de critiques, d'espoirs et de projets contrariés et de difficultés. Ils construisent même, pour les jeunes du village, une «Maison de la culture». Ça marche ! Une œuvre «impie» pour les terroristes qui détruisent tout et qui menacent même la vie, entre autres, de Ahwawi. Rester ou partir, telle est la question, chacun ayant sa réponse. De plus, le monde de la «harga» est sans pitié. L'Auteur : Poète, romancier et dramaturge, il vit à Montréal depuis 2008. Auteur, déjà, de deux ouvrages édités en 2013 et 2014 à Montréal. Journaliste chroniqueur au Huff Post Québec . Extraits : «Réaliser son rêve se fait en douceur, c'est comme dans la forêt : quand un arbre tombe il se fait entendre de loin. Mais quand tous les arbres poussent, ils ne font point de bruit» (p 25), «Etrange. C'est à se demander pourquoi le fruit le plus amer du monde, l'olive, est le plus répandu dans notre pays... Ne penses-tu pas que chaque peuple s'identifie à ses végétaux» (p 32), «Alger ne sait plus à quel saint se vouer, ni quel dieu implorer... Perdue dans ses idéologies multiples, elle court à sa perte. Elle se dit parfois occidentale quand elle veut briller et souvent orientale quand elle a un excès d'orgueil et de fierté» (p 88) . Avis: Un livre engagé dans le désespoir ... et la démission. Sorte d' «excuse» à une «harga» impossible, mais aussi, un appel à la résistance Citations : «L'Algérie est une partie de dominos. Le peuple en est le double blanc : quand bien même il participe au jeu, sa voix n'est jamais prise en compte» (p 23), «La haine est la consolation de l'homme quand l'intelligence lui fait défaut» (p 64), «La reconnaissance des poètes dépend de la profondeur de leurs rides. Plus leur visage est ravagé, plus ils sont sages» (p 70), «La bouche et le cul, ça chie tous les deux : le cul, la merde ; la bouche, les sottises» (p 111), «Ce pays est grand par son histoire, mais tristement petit par sa mémoire. Il cherche sa voie et risque de mettre des siècles à la trouver» (p 127) Amenokal. Moussa le Taitok, roman de Mohamed-Larbi Madaci, Anep Editions, Alger 2015, 402 pages, 1 200 dinars Le Sahara est grand. Le Sahara est beau. Sa population est éparpillée. Sa population est grande. Parmi elle, la plus ancienne, la plus insondable, c'est celle des Touaregs. Des groupes, des tribus, des clans, des familles... qui, à travers le temps et l'espace, survivent, s'aiment et se détestent, se combattent (les Kel Azdjer, Oraghen, Igoghas, Imanghasaten, Kel Ahaggaren, Kel Ghela, Taitoq, Tegehe Mellet, les Ouimelliden, les Kel Oulli, les Iklan, les Tegehe n'Mellet, les...) mais, aussi, s'alliant contre l'ennemi commun : les Turcs et/ou les Français. Voilà donc le narrateur parti, brusquement, de la ville, à la recherche de lui-même. Au départ, il rencontre son futur compagnon de voyage, Moussa, le Touareg, instruit plus qu'il n'en faut (il étudie la médecine à l'étranger, ancien moudjahid... mais n'en parlant pas ) mais toujours attaché à sa race, à sa terre, à ses valeurs, à sa religion . Un peu trop peut-être. Tout au long du voyage à travers les sables et les villes du grand Sud, c'est l'histoire des hommes et des femmes de la région qui nous est présentée comme dans un conte. Force détails. Il y a de la foi, de la résistance, de l'Amour et des chagrins (Moussa, l'amenokal, qui aime Dassine qui aime Aflan, le guerrier, qui aime la liberté...), des armes (la Takouba), de la femme, de la musique (l'Imzad et l'Ahinea), de la fête (l'ahal) et de la poésie, des traditions... et, toujours cette recherche du divin. Un peu trop peut-être. Mystère ? Le drame d'un homme déchiré, habité, toturé par un drame personnel vécu durant la guerre de libération nationale. Une hystérie qui «attirait» Il y a, aussi, à travers le récit, assez chaotique, il est vrai, l'histoire et l'ordre social des Touaregs et leur système de vie (s), compréhensible seulement par eux... et qui doit être strictement respecté, loin du tumulte des villes... Alors, il y a la sécurité, la paix et un certain bien-être économique. Gare à celui qui le (l'ordre social) transgresse. L'Amenokal lui-même peut le payer assez cher. Moussa finira mal ! Mais dans la paix de l'âme retrouvée. L'Auteur : Médecin de formation, l'auteur est né à Oran et est originaire des Aurès. Il a, très tôt, à 16 ans, rejoint les rangs de la Révolution. Il fut emprisonné en 1957, puis expulsé, au cours de la même année, vers la France. Il obtient en 1961, un diplôme de biologie après des études effectuées aux Etats-Unis, puis poursuit, après l´Indépendance, des études de médecine. Déjà auteur de plusieurs ouvrages dont «Les Tamiseurs de sable» Extraits : « Grâce à l'Islam, le désert est devenu une tombe pour les Infidèles. Dans une phase d'autodéfense, la religion a empêché que le pays soit avalé, comme cela s'est passé ailleurs. Même les Turcs n'ont pas réussi à y prendre pied» (p 75), «Les joutes poétiques de l'ahal ne sont pas sacrilèges. Elles ont pour but d'atteindre la perfection du langage. Qu'y a-t-il de plus beau qu'un poème ? Dieu qui est beauté ne peut qu'aimer un poème bien tourné» (p 103) Avis: Désert ou forêt vierge d'informations. On s'y perd (un peu ? beaucoup ?) dans les détails et dans les cultures multiples. On a, cependant, droit à un avertissement de l'auteur. Citations : «Il faut aimer Dieu sans le craindre» (p 195), «Il vaut mieux passer la nuit avec la colère qu'avec le repentir !» (p 215) «Dans la société des Touaregs, chacun connaît sa place et doit s'y tenir. La loi repose sur un ordre traditionnel» (p 247), «Dieu est en chacun de nous. Comme le jaune de l'œuf ! L 'essentiel est de le découvrir sans casser l'œuf» (p 265), PS : On passe souvent bien du temps à ronchonner sur les difficultés à exporter nos produits... alors que, bien souvent, même s'ils sont de bonne qualité, ils sont refoulés ou inacceptés, tout simplement parce qu'il manque certaines indications permettant la traçabilité du produit. Ceci est valable chez nous, tout particulièrement au niveau de la recherche universitaire qui a besoin de tous les éléments réglementraires pour pouvoir entreprendre des travaux compréhensibles. Ainsi, on a vu, dans la presse, des journaux (la plupart) qui ne comportent pas (encore) le tirage de la veille, obligatoire... et certains «oublient» même leur «Ours» qui permet de situer le journal. Voir des maisons d'édition (et les imprimeurs) omettre (est-ce la faute à l'imprimeur ?) d'indiquer la ville du siège social de l'entreprise est, à mon sens, soit le mépris du lecteur-acheteur, soit un manque de «contrôle de qualité» ; deux défauts, peut-être impardonnables, et on l'espère, involontaires . |
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