
Jamais de mémoire de citoyens, notamment ceux
habitant la côte chélifienne, le prix du kilo de sardine n'a atteint les 700
dinars. Et pourtant en cette matinée du jeudi 19 mai, les poissonniers de la
ville de Ténès ont bel et bien proposé à la vente la sardine à ?700 da le kilo.
Du jamais vu pour une ville côtière ou la sardine fait partie du patrimoine
culinaire de la région. Déjà à 200 Da le kilo, la sardine était considérée
assez chère notamment pour les modestes bourses. Quant à 700 dinars, il faut
reconnaitre que peu de gens sont enclins d'en acheter. Autant diront certains
«acheter un poulet de deux kilos pour 420 dinars ». Il faut dire que ce don de
la mer qui de coutume, à un prix raisonnable était à la portée de la couche
défavorisée de la société par la place qu'il occupait dans la liste des menus,
car on le nomme le plat des pauvres. Il est devenu au fil du temps inabordable.
A ce rythme-là, le prix de la sardine risque de s'aligner sur les autres
espèces de poissons telles que le rouget, le merlan ou la dorade, feront
remarquer les consommateurs. Bien entendu, cette flambée des prix de la sardine
trouve son origine dans la rareté du produit. « L'offre et la demande jouent
pleinement leur rôle dans ce cas de figure », note un restaurateur rencontré à
la place de « la Marina » à Ténès. La caisse (de sardine de 20 kilos) est cédée
à 13 000 dinars aux revendeurs qui sont astreints à leur tour de porter à 700
dinars le kilo, voire plus, pour trouver leur compte. Toutefois, il faut
reconnaitre que la sardine nous a, par le passé, habitué à ces surprenantes
fluctuations des prix même si elle n'a jamais atteint les cimes de ces derniers
jours. A certains moments, n'est-elle pas redescendue à 50 DA le kilo? Aucune raison donc de désespérer parce que la sardine
reviendra à coup sûr à de meilleurs sentiments. Elle se lassera vite des
assiettes en porcelaine pour échouer dans les plats de ceux qui l'ont toujours
aimée, c'est-à-dire les pauvres.